Comme la marche, le vélo est un pied de nez aux valeurs ultraliberales de nos sociétés contemporaines... Il rappelle à la sensation du monde, à la lenteur, à la nonchalance, au sentiment d'être vivant. Il immerge en permanence dans la sensorialité du monde, parmi les odeurs, les paysages, les sons environnants. Il alimente le réenchantement de la durée et de l'espace. Il mène là où le cycliste souhaite aller, à son rythme et dans le temps qu'il s'est donné, sans avoir à se garer au loin et sans craindre les retards.
Dans les années 1936, 1937 et 1938....les classes populaires sortent leurs vélos ou leurs tandems tirant une petite remorque emplie de bagages pour partir en vacances et camper.... Le vélo devient un instrument de libération, d'affranchissement des contraintes du quotidien.
Son usage implique une humilité heureuse devant le monde, une indifférence à la technique et aux moyens modernes de déplacement ou, du moins, un sens de la relativité des choses. (p.13)