S’il méprisait les sœurs, il ne les dépouillait pas. Et si quelque chose le débectait encore plus que les sœurs, c’étaient les maqs. Il ne comprenait pas qu’on puisse s’abaisser à se faire entretenir. Se mouiller en homme, oui ! Risquer sa vie, sa liberté, oui ! Mais encaisser le pognon des nanas ? Dépendre d’elles ? Plus souvent. Cependant, s’il l’avait voulu… Pas les occasions qui lui avaient manqué. Il aurait pu en mettre, des gonzesses, sur le ruban ! Des débutantes ! Elles ne demandaient que ça pour le garder !
Ne plus quitter Hélène ? Coucher près d’elle toutes les nuits ? Ne plus souffrir de cet éloignement qui lui rongeait le cerveau ? Ne plus sentir dans sa chair ces pointes douloureuses, cet incendie que seule Hélène pouvait éteindre ? C’était trop beau. Ça ne pouvait pas arriver.
Chacun vivait comme ça devant tout le monde. Ça bectait, ça se cuitait, ça se bagarrait, ça se niquait sans se soucier du voisin.
Sur le boulevard de Clichy, des passants flânaient, la bouche entrouverte. Ils manquaient d’air. Les mâles étaient en corps de chemise, veston sous le bras. Les nanas en robe légère, jambes nues.
À risque égal, part égale, non ? Et dans leur vie, ça ne se passe pas tout à fait comme au ciné ou dans les bouquins. Le caïd ne distribue pas des baffes à ses équipiers comme s’il en pleuvait. Sans blague ! Pourquoi ne pas les faire marcher au pas cadencé, pendant qu’on y est ? Les rouleurs d’épaules ne font pas de vieux os, dans le milieu.