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Citations sur À l'ombre de nos larmes (13)

Il n’aimait rien ni personne, excepté peut-être l’argent. Tout, sur la ferme, lui appartenait : Luce, Antoine, Baptiste, ses bêtes, ses outils agricoles, et Jeanne aussi. Il ne faisait entre eux aucune différence. Il ne jouissait que de ce sentiment de puissance à régner sans partage sur quelques arpents de terre. Et même s’il savait se montrer aimable à l’occasion, son affabilité n’était qu’hypocrisie. À ses yeux, la vie de sa femme valait sans doute moins que celle d’une bête vendue sur le marché, moins que celle des outils qu’il réparait l’hiver assis au coin de la cheminée en buvant du cidre de ses grosses lèvres asymétriques.
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En matière d’énigmes policières ou de crimes, il en allait comme des découvertes scientifiques : l’intuition jouait parfois un rôle plus fondamental que les simples spéculations.
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En son fort intérieur, elle s'était alors découvert une force étrange, une sorte d'instinct de survie qui la défendait contre l'adversité. Une volonté farouche de ne pas se laisser dominer. Lorsque venait le découragement, lorsqu'il se glissait en elle et commençait à lui ronger l'âme de l'intérieur, elle trouvait au fond de son être des ressources insoupçonnées pour tenir son mal à distance.
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La vie n’obéissait qu’à sa propre logique, si tant est qu’elle en eût une. La vie avait décidé de sauver Jeanne Marek et de lui donner une seconde chance. Quant à son « idiotie congénitale », on pouvait en douter, et douter également que la médecine ne fît pas de progrès assez fulgurants pour l’en guérir un jour.
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Il savait très bien pourquoi Élise appréciait Chateaubriand. Ce n’était pas seulement pour la beauté de son style. Toute sa vie, Chateaubriand avait traîné une sorte de neurasthénie latente. Il s’ennuyait. De Paris à Jérusalem, de Vérone à Prague, quels que fussent les détours de sa fortune, il lui avait fallu vivre avec une sorte d’implacable mélancolie qui rendait ses humeurs variables et son caractère incertain. Les ombres de son passé n’avaient jamais cessé de l’habiter, de hanter ses nuits à la manière de la sylphide de son enfance et Élise lui ressemblait.
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Élise, elle, s’efforçait de le rassurer, de le convaincre qu’elle prenait toutes les précautions nécessaires, mais il se défiait de ses propos trop insistants, de sa voix trop calme, tout en se reprochant secrètement de douter de sa femme. Il l’avait déjà surprise plusieurs fois en flagrant délit de mensonges. Oh ! De petits mensonges bien ordinaires, mais qui étaient comme les signes avant-coureurs de trahisons plus grandes et de dangers plus imminents. Elle basculait lentement dans un univers onirique où les rêves se mêlaient à la réalité.
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Dans ses rêves éveillés lui revenaient alors des images d’une autre vie, plus douce, mais elle savait déjà que les rêves ne consolent pas de la réalité. Ce n’étaient que des images, belles ou terribles, qui défilaient devant ses yeux clos, toujours les mêmes : des rivages arides, une mer à l’étendue lointaine et infiniment grise, une maison petite mais confortable, une poupée aux yeux noirs, un minuscule cheval de bois, quelquefois même l’écho de voix entremêlées qui l’appelaient par son prénom : « Jeanne, ma petite Jeanne !… Rentre, tu vas prendre froid. »
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En êtes-vous si sûr? Il est souvent plus facile de s'en tenir à des principes rigides que de s'adapter constamment à des situations où la vie menace à chaque instant de vous engager dans une voie sans issue. Et d'ailleurs où voyez-vous que la morale gouverne cette société? Les politiciens, les hommes d'affaires, les ecclésiastiques, les écrivains, les directeurs de presse, les magistrats, nous autres avocats... Que croyez-vous que nous servons? La morale républicaine, celle de l'Eglise? Non, nous obéissons à tout ce qui est susceptible de protéger nos intérêts particuliers ou collectifs tant que nous y trouvons notre compte. Pour le reste, nous nous arrangeons tous avec nos petits problèmes de conscience.
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Des petites gens... C'était leur mot entre eux. Ils vivaient en vase clos, toujours geignant, toujours le fiel à la bouche pour insulter le ciel ou le prix du blé, ricaner du curé ou des infirmes qu'ils croisaient le dimanche en allant à la messe. Et c'était comme si le Seigneur, les ayants faits "petits", leur avait octroyé la permission d'en vouloir à la terre entière.
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Nous obéissons à tout ce qui est susceptible de protéger nos intérêts particuliers ou collectifs tant que nous y trouvons notre compte. Pour le reste, nous nous arrangeons tous avec nos petits problèmes de conscience.
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