J'ai d'abord pensé que le personnage principal de
la Mort du Taxidermiste était Marianne, une jeune femme que l'on suit quand elle se réinstalle en Corse, le pays de sa mère, celui des vacances d'été. Ce n'est que vers la page 40, au cours du deuxième chapitre titré (il y en a treize) que j'ai compris que ce beau roman se construit autour de Bernard, son père. On découvrira petit à petit toute la famille : Bernard et son épouse Louise ; Marianne et Antoine, leurs enfants, aux caractères si différents ; Pauline et Lisandre, les parents de Louise, Corses exilés sur le continent, propriétaires d'un café dans un petit village du Sud de la France ; Thomas, le fils d'Antoine, heureux de vivre, et Agnès, la compagne d'Antoine, qui n'est pas la mère de Thomas, douée pour mettre les gens en confiance et pour, momentanément, apaiser la colère qui habite Marianne. C'est à elle que Bernard, 75 ans, se sachant malade d'un cancer, conscient que ses jours sont comptés, remettra un précieux document confié, dit-il, par un de ses amis. Et Bernard, d'où vient-il ? de Bretagne, comme son nom l'indique (il s'appelle Caradec), que sa mère de 17 ans, célibataire, a dû fuir pour se protéger des brimades infligées « aux filles-mères », comme on disait à l'époque…
Il est vraiment très difficile de résumer ce magnifique roman sans dévoiler un ou des éléments importants, ce qui reviendrait à gâcher le plaisir de suivre le jeu de piste que nous a préparé
Guillaume le Touze, avec embûches et faux indices. Des éléments sans rapport entre eux se révèlent posséder des liens étroits, un personnage anodin devient important, des événements finissent par s'emboîter ou se compléter… Autour des thèmes des origines, de la filiation, des liens générationnels, l'histoire se construit et nous révèle bien des surprises. L'Histoire, la grande Histoire, aussi, d'ailleurs ! Je mets un temps fou à écrire cette critique parce que, en même temps, je suis en train de relire des passages entiers et que je me retrouve aussi émue que lors de ma première lecture. Voilà l'effet qu'il produit sur moi, ce bref roman : l'urgence de le relire, tout de suite, sans attendre !
Challenge Multi-défis # 6