Dairine était sur le point de crier au cocher de rebrousser chemin. Quelque chose n'allait pas, elle ne savait quoi. L'agréable demeure qu'on lui avait promise s'apparentait à un château qui n'avait rien d'accueillant dans la tombée du jour en vérité, il lui paraissait aussi sinistre que des ruines.
Comme nous, ils [nos ancêtres] arpentaient la même terre, affrontaient de grands drames ou de menus bonheurs, pratiquaient des métiers quelquefois disparus. Plus que nous cependant, ils prenaient le temps d'exister, savourant le sourire d'une femme, d'un enfant; la splendeur d'une promesse tenue; la subtile fragilité d'un oiseau qui passe, d'un champ de blé ondoyant sous le souffle du vent.
Les femmes de son monde ne travaillaient pas, elles se contentaient de veiller sur leur maison, leur domesticité et leurs enfants, et épaulaient leur mari quand les circonstances l'exigeaient. Que Sophie désirât se démarquer l'indisposait. Les gens allaient imaginer que le domaine connaissait des difficultés et que l'épouse du propriétaire se voyait forcée de développer une activité complémentaire afin de subvenir aux besoins de la famille Le Guen. Cette pensée était inadmissible pour Bertrand. (p 90-91)
Ohé, ohé,
Sardinières gentilles
Pour ne pas rester filles,
Allez au bord de l'eau
Choisissez votre matelot.
Tout en l'allaitant, Manon examina Gwen: teint pâle, yeux verts, duvet roux, elle était son portrait et celui de sa grand-mère, une consolation pour elles trois.
Diverses expressions passaient sur le visage attentif de Manon que Nicolette contemplait avec ressentiment, tout en convenant que Gwen était bien jolie pour un nouveau-né: de l'étonnement à l'amertume, de la tristesse à l'affection. La contradiction s'y lisait sans détour: elle regrettait son statut de fille-mère tout en éprouvant de la tendresse pour son enfant.
D'accord avec Beacha , la fin est décevante et tourne court après les rebondissements successifs .
- Je m'en doutais.... Hier soir, une pie a frappé au carreau et j'ai aperçu des feux follets dans la nuit.... L'Ankou est aussi passé avec sa charrette....
NOUS SOMMES PERDUS...
Dairine releva la tête de son ouvrage avec un mouvement agacé. La remarque de son père, loin de l'abattre, la remplissait d'un sentiment d'injustice et d'orgueil. Certes, la situation était grave. Mais ici, en Irlande, dans ce pays conquis et humilié par les Anglais, rien n'avait jamais été facile. Si elle ne réagissait pas avec la même peur et le même désespoir que Braden O'Shea en sachant que le mildiou, il n'y avait plus aucun doute, se propageait à une vitesse effrayante sur les cultures. C'est que, sous le halo pâle de la chandelle, ses doigts en or restituaient à la dentelle sa splendeur d'antan. L'adolescente était en train de restaurer un col en dentelle orné de motifs floraux en fil de lin écru qui parerait le cou d'une des filles du château. Assurément, celle à qui était destinée cette œuvre d'art ne souffrirait pas de la faim comme la plupart des gens du village.
Un livre plutôt bien écrit et qui tient en haleine tout le long mais quelle fin décevante!
Il y a une vraie intrique, du suspens et un dénouement qu'on attend vraiment surprenant et rien... du moins presque...
C'est vraiment dommage!