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Critique de Mary47


J'ai bien failli abandonner ce livre à plusieurs reprises, mais j'ai tenu bon et heureusement la deuxième moitié s'est révélée plus intéressante et plus captivante que la première. Malgré cela, je ne suis pas sûre que mes efforts aient valu la peine. Je crois que si j'ai tenu jusqu'au bout, c'était uniquement pour voir si cette histoire trainante et alambiquée allait s'éclaircir à la fin, mais je n'ai été que déçue (et bien peu éclairée).

En fait, ce livre m'a donné l'impression d'être en présence de très bons ingrédients qui auraient pu en faire un chef d'oeuvre de SF, mais qui sont arrangés de manière trop hâtive et trop peu inventive, de sorte que le plat final manque franchement de saveur.

Les idées de départ sont excellentes. Un empire intergalactique expansionniste et autoritaire, avec une manière particulière d'envisager le genre, la spiritualité. Des planètes subordonnées aux cultures multiples, la présence d'espèces extraterrestres... on a envie d'en savoir plus !

Et cette idée fascinante, une I.A. qui s'incarne à la fois dans un vaisseau et dans des dizaines de corps reliés entre eux et présents en divers endroits : voilà une image saisissante, qu'on a envie de voir déployée dans tous ses aspects et conséquences.

Malheureusement, Leckie ne s'aventure vraiment pas loin dans ces questions et fait de Breq, l'héroïne de l'histoire, un personnage tellement lisse et peu développé que je me suis demandée à quoi servait d'avoir fait d'elle une I.A.

Autre exemple, Leckie (et son traducteur en français) nous impose une féminisation par défaut des noms et pronoms, et des accords de genre plus qu'étranges, car l'I.A. aurait beaucoup de mal à identifier correctement les genres masculin et féminin. Ce procédé prête à confusion au point que j'ai dû plus d'une fois m'arrêter pour relire des phrases pour comprendre de qui on était en train de parler. Je n'ai tout simplement pas réussi à me faire une image mentale des personnages, ne sachant jamais s'il s'agissait en fait d'hommes ou de femmes ni même à quoi ils ressemblaient.

Alors soit, je ne suis pas contre être confrontée à mes préjugés en matière de genre, c'est une démarche intéressante. Mais si ça dure 500 pages et provoque une telle difficulté de lecture, il me semble qu'il faudrait au moins que ça soit accompagné d'une réelle nécessité narrative, d'une réflexion un peu poussée. Or, la problématique du genre n'est en fait jamais abordée dans le livre (à part un demi-paragraphe qui explique en vitesse, comme pour se débarrasser de la question, les différentes manières de se reproduire des Raadchaï). Pire, cette confusion des genres de la part de Breq semble vraiment tirée par les cheveux, car par ailleurs on nous explique que l'I.A. est capable d'apprendre tout un tas de choses extrêmement complexes, alors on ne comprend pas pourquoi c'est si difficile pour elle d'utiliser un pronom correct dans une interaction.

Et tout est comme ça dans ce livre : maladroit, peu crédible.

Alors qu'il y aurait eu tellement de manières de nous placer au coeur de l'action pour exploiter au maximum les particularités de l'univers qu'elle tente de créer, l'auteure nous perd dès le début et pour plus de la moitié du livre dans des histoires de pêche dans les marais bourbeux d'une planète reculée, ou dans de longues conversations autour d'interminables tasses de thé (j'avais l'impression d'être dans "Amour, gloire et beauté"), et le puissant empire galactique dans lequel se situe l'histoire n'est pratiquement pas décrit. Une des espèces extraterrestres n'est décrite, là aussi, qu'en un seul paragraphe et de manière tellement bâclée que je me suis demandée si l'auteur nous faisait une blague (mais non, je ne crois pas).

Et si le traitement des personnages et de leur monde m'a semblé pour le moins un peu léger, il en a été de même pour la trame de l'histoire, présentant nombre de coïncidences et de raccourcis vraiment trop faciles (sur toutes les planètes de toutes les galaxies possibles Breq et Seivarden se retrouvent par hasard exactement dans le même endroit reculé? Breq, sans trop savoir pourquoi, décide de le/la sauver et de l'emmener avec elle et oh, quel hasard, Seivarden se révèle essentiel à son plan? Et l'histoire du pont sur Nilt, quelle utilité, à part remplir un ou deux chapitres ? Et je n'aborde même pas le plan de vengeance de Breq, digne du meilleur James Bond, mais pas vraiment ce à quoi on s'attendrait dans un futur aussi avancé...)

Le style est, quant à lui, totalement plat. Même quand elle décrit des lieux qui pourraient être magnifiques ou fascinants, Leckie arrive à le faire d'une manière tellement... soporifique que j'arrivais à peine à me les représenter.

Ah, et si vous êtes fan de science et de technologie, passez votre chemin, parce qu'ici on nous présente des armes et des outils aux capacités vraiment incroyables, sans une once d'explication sur comment ils peuvent bien fonctionner.

Ma critique semble sans doute sévère, désolée, mais quand on a lu Asimov, Dan Simmons, Ursula le Guin et quelques autres, on devient un peu exigeant ! Surtout quand on est en présence d'un livre qui a reçu tant de prix, et qu'on s'attend à être un minimum impressionné, pour se retrouver au final avec un livre qui ressemble plus à une ébauche avec pleins de faiblesses qu'à un roman abouti.
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