- Partout où l'on va, les gens sont des pourris. Ils ne valent rien. Tu veux voir à quoi ressemble un homme mauvais ?
Prends un homme ordinaire et offre-lui sur un plateau un succès plus grand que dans ses rêves. On verra s'il sera capable de bonté une fois qu'il aura le pouvoir d'obtenir tout ce qu'il veut.
« Après deux semaines alitée, Yumi avait l’ impression de devenir folle. Mozazu lui avait acheté un poste de télévision , mais les programmes ne l’intéressaient absolument pas, et les brûlures d’estomac l’empêchaient de lire.
Ses poignets et ses chevilles étaient si enflés qu’en posant le pouce sur sa peau , elle pouvait y imprimer sa trace .Seuls les mouvements du bébé et ses hoquets occasionnels retenaient Yumi sur son futon et la dissuadait de s’échapper . »
Le Japon allait sauver la Chine en apportant des avancées technologiques à ses économies rurales ; le Japon allait mettre fin à la pauvreté en Asie et rendre le continent prospère ; le Japon allait protéger l'Asie des mains pernicieuses de l'impérialisme occidental ; et seule l'Allemagne, véritable alliée sans peur du Japon, combattait les maux de l'occident.
Joseb n'en croyait pas un mot mais personne n'echappait à la propagande.
Il faut faire preuve d'une grande bravoure pour vivre chaque jour en présence de ceux qui refusent de reconnaître ton individualité.
Pour chaque patriote qui se battait pour une Corée libre, ou pour chaque malheureux Coréen forcé de combattre pour le Japon, dix mille compatriotes dans les campagnes tentaient simplement de trouver à manger. Au bout du compte, l'estomac était roi.
Mozaru croyait que la vie était un jeu dont le joueur pouvait ajuster certains éléments, mais devait composer avec une part d’incertitude qu’il ne contrôlait pas. Il comprenait pourquoi ses clients voulaient jouer à une machine qui laissait de la place pour le hasard et l’espoir.
Comme le voulait son père, Hoonie avait appris à lire et à écrire le coréen et le japonais afin de pouvoir tenir les comptes de la pension, ainsi qu’à calculer de tête, pour ne pas se faire avoir au marché. Une fois cet apprentissage réalisé, ses parents le retirèrent de l’école du village. Adolescent, Hoonie abattait le travail d’un homme de deux fois son âge aux deux jambes valides ; car s’il n’était pas capable de courir, ni même de marcher vite, il était habile de ses mains et pouvait porter de lourdes charges. Hoonie et son père avaient la réputation de n’avoir jamais touché à un godet de vin. Le couple avait élevé leur seul fils survivant, l’estropié du coin, avec pour idée d’en faire un homme intelligent et autonome, car personne ne s’occuperait de lui à leur mort.
Le Japon ne changera jamais. Il n’intégrera jamais les gaijin et, mon chéri, ici tu seras toujours un gaijin, jamais un Japonais[…]Mais ce n’est pas que toi. Le Japon n’acceptera jamais d’absoudre les gens comme ma mère non plus; pas plus qu’il ne tolèrera les gens comme moi. […]sache que jamais ils ne nous trouverons fréquentables.
« Les Coréens parviendraient - ils à tirer leur épingle du jeu?
Vraisemblablement pas.
Il fallait sauver sa peau——- c’était l’intime conviction des Coréens.
Protéger sa famille. Remplir son ventre . Rester vigilant et se méfier des gens au pouvoir. Si les nationalistes coréens ne pouvaient récupérer leur pays, alors autant laisser les enfants apprendre le japonais pour espérer s’en sortir .
S’adapter. N’étais - ce pas à cela que le choix se résumait ? »
Absorbe tout le savoir que tu pourras. Remplis ton cerveau de connaissances - c’est la seule forme de pouvoir que personne ne pourra jamais te reprendre.