Citations sur Pachinko (70)
L'hiver qui suivit l'invasion de la Mandchourie fut rude. Des vents cinglants assaillaient la petite pension, forçant les femmes à rembourrer leurs vêtements de coton entre deux couches de tissu. Cette chose qu'on appelait la Dépression ravageait le monde entier, et les pensionnaires la mentionnaient fréquemment pendant les repas, répétant ce qu'ils avaient entendu dire au marché par des hommes qui savaient lire la presse. Les pauvres Américains avaient tout aussi faim que les pauvres Russes et les pauvres Chinois. Au nom de I'Empereur, même le Japonais moyen se privait. Les plus rusés et les plus robustes survivraient sans doute à cet hiver, mais les récits désolants se multipliaient. Les enfants allaient se coucher pour ne jamais se réveiller, les filles troquaient leur innocence contre un bol de nouilles de bié, les anciens se laissaient mourir en silence pour que les jeunes puissent manger.
L'Histoire nous a failli, mais qu'importe.
Une certitude lui apportait du baume au cœur : ceux que l'on aime restent toujours avec nous. C'était ce que la vie lui avait appris. Parfois, devant un kiosque de gare, ou une vitrine de librairie, elle pouvait sentir la main du petit Noa dans la sienne. Alors elle fermait les yeux pour humer son parfum doux et frais et se rappelait qu'elle avait fait de son mieux. Dans ces moments, elle aimait être seule pour se raccrocher à lui.
When she had been a young mother there used to be only one time in her waking hours when she’d felt a kind of peace, and that was always after her children went to bed for the night. She longed to see her sons as they were back then: their legs chubby and white, their mushroom haircuts misshapen because they could never sit still at the barber. She wished she could take back the times she had scolded her children just because she was tired. There were so many errors. If life allowed revisions, she would let them stay in their bath a little longer, read them one more story before bed, and fix them another plate of shrimp.
Son père, pasteur presbytérien, avait cru en un projet divin, et Mozasu croyait que la vie était un jeu dont le joueur pouvait ajuster certains éléments, mais devait aussi composer avec une part d'incertitude qu'il ne contrôlait pas.
Noa avait remarqué sa belle calligraphie sur les dossiers avant même de remarquer sa personne. Il était fort possible qu'il soit tombé amoureux de son chiffre deux, dont les traits parallèles exprimaient une liberté de mouvement à l'intérieur de la case invisible qui contenait l'idéogramme. Si Rita rédigeait même le plus ordinaire des mémos, Noa s'arrêtait pour le lire une seconde fois, non pas pour son contenu, mais parce qu'il percevait l'esprit dansant derrière la main qui avait tracé de si élégantes lettres.
"Le sens de l'équité et de la morale était très répandu parmi les Japonais, toutefois, en présence d’étrangers, ils restaient sur leur garde. Les plus malins, surtout, il faut garder un œil sur ceux-là; Les Coréens sont des fauteurs de troubles par nature."
Une certitude lui apportait du baume au cœur : ceux que l’on aime restent toujours avec nous. C’était ce que la vie lui avait appris.
Even though she had failed, being a mother was eternal; a part of her life wouldn’t end with her death.
Personne n'accepte de louer à des Coréens. Tu verras, au sein de la paroisse, comment on vit ici. C'est inimaginable: des dizaines de personnes qui s'entassent dans une pièce faite pour deux, des hommes et des familles qui se relaient pour dormir. Des porcs et des poulets à l'intérieur. Pas d'eau courante. Pas de chauffage. Les Japonais trouvent que les Coréens sont crasseux, mais ils n'ont pas d'autre choix que de vivre dans la saleté.