Françoise Lefèvre est une écrivaine atypique. Son écriture est toute en délicatesse et en poésie, faite de petites phrases et de mots qui « tambourinent » souvent le coeur.
J'avais déjà lu d'elle «
La grosse », un beau roman qui racontait l'histoire une grosse femme, garde-barrière et que tous les habitants grossophobes de son village rejetaient.
«
le Petit Prince cannibale » n'est pas un roman. C'est écrit comme un roman, mais c'est l'histoire folle d'une partie de la vie de l'auteure. Elle raconte avec souvent des mots vibrants, des mots qui m'ont fait vaciller, qui m'ont fait vriller le coeur et qui m'ont donné des violents uppercuts, le combat insensé qu'elle a mené pendant 4 ans avec son fils déclaré autiste.
C'est le cri d'une mère qui aime son enfant, et qui pense que seul l'amour le sauvera. Qu'elle pourra faire sortir un jour son fils de ce monde où il est resté enfermé.
Françoise Lefèvre, aura pendant plusieurs années, tout sacrifié, aura mis sa vie entière et même sa vie d'écrivaine entre parenthèse.
Son livre nous donne une grande leçon de vie. Il est aussi un magnifique témoignage sur cette maladie qui illustre cette relation extraordinaire d'une mère avec son enfant.
Le livre est déchirant, il est plein d'humanité, rempli d'amour, rempli d'espoirs, de désespoirs, de désillusions, de nuits blanches, de cris, de fatigue, de patience, de colère, de sanglots, de caresses, de tendresse, de survie et d'attente, toujours d'attente. Encore de l'attente de voir ce ne serait-ce qu'une minute une amélioration à la maladie de son fils.
Françoise Lefèvre écrit que le plus dur pour elle n'est pas le mutisme ni l'indifférence de son fils, mais ce sont ses cris.
«
le Petit Prince cannibale » est un livre qui m'a déstabilisé par cette mère qui hurle sa souffrance et sa solitude, mais qui chaque jour continue d'espérer.
Pour information, le petit garçon a aujourd'hui 37 ans, il s'appelle
Hugo Horiot. Il est écrivain et comédien.
Dans une interview, il dit ceci :
« Vers six ans, je me suis dit que si ma mère, la personne qui m'aimait le plus, se donnait tant de mal pour que j'accepte de vivre dans ce monde, ce serait peut-être bien que je le fasse. »
C'est alors qu'il annonça à sa mère qu'il changeait de prénom. Il s'appelait Julien, il s'appellerait désormais Hugo, son second prénom. C'était, explique-t-il, une façon de tuer en lui le dictateur qu'incarnait Julien, un puritain qui ne souffrait aucune compromission et préférait son rêve à la réalité bruyante.
Hugo représentait en lui la voix de la diplomatie.