Le nouveau voyage d'Hector : A la poursuite du temps qui passe

Avec le temps, Hector avait peu à peu changé sa manière de travailler : au début, il essayait surtout d’aider les gens à changer de caractère ; maintenant, il continuait bien sûr, mais il essayait aussi de les aider à changer de vie, à en trouver une nouvelle, de vie, qui lui conviendrait mieux. Parce que, pour faire une belle comparaison, si vous êtes une vache, jamais vous n’arriverez à devenir un cheval, même avec un bon psychiatre. Mieux vaut trouver un joli pré où on a besoin de lait que d’essayer de galoper sur un champ de courses. Et surtout, il vaut mieux éviter d’entrer dans une arène, parce que là c’est toujours la catastrophe.

Ce qui prouve que les femmes sont parfois un peu trop optimistes.
Remarquez, il faut l'être pour se décider à faire des bébés et s'en occuper pendant des années.

Exercice de temps n 12 : En pensant à tout votre passé, essayez de prévoir tout votre avenir ( enfin, votre avenir le plus probable).
Il se dit que s'était un exercice qu'on faisait parfois pour les autres : prévoir si leur mariage allait tenir le coup, s'il allaient réussir dans leur métier ou si les enfants allaient être heureux dans la vie. Mais cet exercice, on ne faisait jamais pour soi !

- Voila, dit Trevor, pour bien supporter le temps qui passe, il faut de la chance - et un peu de philosophie.
- De la chance? demanda Hector.
- Oui, dit Trevor, avoir la chance que l'envie de faire des choses vous quitte en même temps que la possibilité de les faire.

Les animaux ne vivaient pas dans l'avenir ni dans le passé. Cela leur évitait bien des soucis, comme de penser à la durée de leur vie. D'un coté, quand le présent se passait mal, toutes ces braves bêtes ne pouvaient pas l'améliorer avec l'espoir d'un avenir meilleur ou avec les bons souvenirs d'un passé heureux. L'enfer du présent paraissait éternel, sans début ni fin.

Et Hector se demandait ce qui était le pire: ne pas voir passer le temps, ou trop penser qu'il passait.

Pour eux le temps est cyclique, dit Edouard, c'est éternel retour comme le retour des saisons, comme le soleil qui disparaît, puis revient. Nous mourons comme lui, et puis nous renaissons.

Le futur est toujours déterminé par le présent. Le problème, c'est qu'on connait pas assez bien tout le présent pour prévoir tout le futur.

- En fait, Docteur, je crois qu'avenir, présent, passé, ça dépend du moment du temps où l'on se trouve. Nous, en ce moment, nous somme de l'avenir pour les enfants que nous étions, mais du passé pour les gens que nous serons dans dix ans. Chaque instants est à la fois du passé, du présents, de l'avenir. Mais nous sommes tous coincés dans notre petit train personnel du temps, et le paysage défile toujours dans le même sens.

Tout ça amenait une grande question dont Hector se souvenait aussi bien que la théorie de relativité restreinte: le temps existe-t-il en dehors de nous? Et si toute notre vie n'était qu'un rêve? Mais, dans ce cas, qui donc fait le rêve et ou dort-il? Et si au fond on n'était que le rêve de quelqu'un d'autre, est-ce que ça ne marchait pas dans l'autre sens? Nos rêves racontaient la vie de personnes qui existaient quelque part?