L'Evangile de Philippe

Le christianisme est une religion sinon inconnue, du moins méconnue, surtout quant à ses origines. Ce que nous en connaissons, c'est l'histoire de ses Eglises, de leurs grandes réalisations, mais aussi de leurs guerres ou croisades, parfois de leurs obscurantismes et de leurs inquisitions.
Le contact avec nos origines nous replace dans un espace de liberté, de non-dogmatisme, d'étonnement devant l'Evénement que constituent la personne, les actes et les paroles de l'Enseigneur galiléen, étonnement et liberté d'interpréter sa personne, ses actes et ses paroles comme facteur d'évolution, de transformation et d'Eveil pour chacun et pour tous ceux qui croient en Lui.

Le problème avec ces textes qui ont pour titre « Évangile », c’est qu’on ne les écoute plus comme des Évangiles, des « bonnes nouvelles », des « informations libératrices » pour les hommes de tous les temps, mais comme des documents du passé réservés à la curiosité des savants, des lettres mortes où il ne faudrait surtout pas chercher une langue et une parole vives, et vivifiantes comme Écriture inspirée.
(page 20)

Notre intention ne sera pas de privilégier ou d’opposer les Évangiles dits « canoniques » aux Évangiles dits « apocryphes », mais de les lire ensemble : comme il s’agit de tenir ensemble le manifesté et le caché, le permis et le défendu, le conscient et l’inconscient.
(page 14)

Avant de quitter ce monde nous avons à devenir des hommes habités par le Souffle. Celui qui reçoit la plénitude sans l’accueillir vraiment n’est pas encore dans la Paix, il errera dans le monde intermédiaire de son incomplétude. Seul Yeshoua connaît la fin du devenir de tout ce qui devient. (Logion 107)
(page 159)

Rendre grâce (eucharistia) est l’œuvre de Yeshoua, Il est appelé en syriaque « celui qui se déploie », en effet Yeshoua est venu, le monde s’est ouvert dans les quatre directions de la croix.
(page 105)

« Tu dois savoir encore ce que les anciens - bénie est leur mémoire - ont enseigné. Pourquoi le baiser se donne-t-il sur la bouche plutôt que sur tout autre endroit ? - Tout amour et dilection qui se veulent solides ne s’expriment que par le baiser de la bouche, car la bouche est la source et la sortie du souffle, et lorsque le baiser se pose sur la bouche, un souffle s’unit à un souffle… »
(page 51)

Yeshoua est un nom caché, Christ est un nom manifesté. Yeshoua ne se traduit dans aucune langue, son nom demeure Yeshoua, Christ peut se traduire Messiah en hébreu et en syriaque, Christos en grec, chacun selon sa langue. L’Homme de Nazareth est le visible de l’invisible.
(page 77)

L'Enseigneur disait : " Je suis venu rendre les réalités d'en bas semblables aux réalités d'en haut, et les réalités du dehors semblables aux réalités du dedans.
Je suis venu les réunir dans cet Espace-Temple où cela se manifeste à travers les images et les symboles. " (Logion 69)

Est-ce par hasard si c'est en Éthiopie qu'on retrouve encore aujourd'hui des croix richement ouvragées avec, représentés au centre, l'homme et la femme étroitement unis ? Or c'est là un des thèmes importants de l'Évangile de Philippe : l'union de l'homme et de la femme, comme lieu de révélation de l'Amour créateur et sauveur. (page 27)

Ce que nous appelons le monde n'est pas le monde réel, mais si on le voyait avec les yeux de l'Être qui l'informe on le verrait incorruptible et immortel. (Logion 99)