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alphonse lemerre (01/01/1897)
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Résumé :
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
À madame Ernest Courbet.


LE PAPILLON.

Où t'endors-tu, le soir, pauvre petite abeille,
Butineuse des fleurs, qui t'en vas picorant
Dès la pointe du jour, quand l'aube se réveille,
Jusqu'au dernier rayon du soleil expirant ?

L'ABEILLE.

Sans trop hâter mon vol, c'est à moins d'un quart d'heure
Dans le creux d'un vieux chêne, à ma ruche des bois,
Juste au pied du grand arbre où, tous les ans, demeure
Un couple de ramiers dans son nid d'autrefois.

LE PAPILLON.

Pour tes gâteaux de miel rapidement tu voles...
Je te vois disparaître au bord des grands lys blancs,
Roulée à corps perdu dans le fond des corolles
Qui doivent t'enivrer de leurs parfums troublants ;

Mais j'admire toujours l'active travailleuse,
Dont le travail est pur, dont le travail est saint,
Faite pour accomplir sa tâche merveilleuse,
Dont s'honore à bon droit la reine de l'essaim.

L'ABEILLE.

Toi qui pars en zigzag comme un éclat de foudre,
Pourquoi donc ce caprice ?

LE PAPILLON.

Afin que dans son vol
Un bec d'oiseau jaseur ne puisse nous découdre.
Je ris d'un martinet passant au ras du sol.

Que faites- vous l'hiver ?

L'ABEILLE.

En grappes léthargiques,
Sans oreilles, sans yeux, sans entendre, sans voir,
Longuement nous rêvons de belles fleurs magiques
Dans la ruche bien close où dès lors tout est noir.

LE PAPILLON.

Nous, dans la saison froide et sombre de l'année,
Nous n'aimons pas à voir nos grands lys se flétrir ;
Notre vie est bien courte, hélas ! mais fortunée.
Quand sont mortes les fleurs, nous préférons mourir.
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Amours d'oiseaux.
À Philippe Gille.

I.
Deux ramiers voyageurs, emperlés de rosée,
Ont abattu leur vol au bord de ma croisée
Ouverte à l'orient... Je les ai reconnus,
Car chez moi, l'an passé, tous deux étaient venus.

Ces deux beaux pèlerins m'arrivent de Bohême,
À l'époque où fleurit le petit maïanthème,
Et dans les bras noueux de mon grand châtaignier
Bercent leur nid d'amour comme au printemps dernier.

Dans leur farouche instinct de liberté sauvage,
Trop fiers pour jamais vivre en honteux esclavage,
Ils reviennent pourtant sous mon toit familier,
La queue en éventail et gonflant leur collier.

S'ils ont pris le chemin de ma haute fenêtre,
C'est qu'un coup d'œil d'oiseau suffit pour me connaître,
C'est qu'ils sont là chez eux, que tout leur est permis ;
C'est qu'ils n'ont trouvé là que des regards amis.

L'amoureux au col blanc profondément salue
L'heureuse bien-aimée, avec grâce évolue
Et, roucoulant près d'elle, en fait dix fois le tour,
Comme la croyant sourde à ses phrases d'amour.

Riche de souvenirs, le cœur chaud d'espérances,
Multipliant très bas ses graves révérences,
S'il la voit, comme en rêve, ouvrant des yeux troublés,
Dans un rapide éclair tous ses vœux sont comblés.

II.
Ne s'inquiétant pas de moi, qui les regarde,
Ils m'ont dit sans parler : « Ami, que Dieu te garde,
Après ton âge mûr, de vivre trop longtemps.
Nous restons dans nos bois au plus quinze ou vingt ans ;

« Quand nous cessons d'aimer, à quoi bon nous survivre ?
N'attends pas la saison des vents froids et du givre
Pour t'en aller dormir sous les hauts gazons verts,
Car plus tard, sans amour, tristes sont les hivers.
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Jours futurs.
À Ernest Benjamin.


LE POÈTE.
En quel temps vivons- nous, mon pauvre philosophe ?

LE PHILOSOPHE.

Dans un siècle d'argent qui bientôt doit finir.

LE POÈTE.

D'une tranquille mort, sans bruit ni catastrophe ?
Que vois-tu sous le ciel du prochain avenir ?

LE PHILOSOPHE.

Toujours la fin d'un siècle est prise entre deux portes,
Comme aux vannes d'écluse, où les flots arrivants
Qui pressent le barrage où dorment les eaux mortes,
Vont se perdre en tumulte au cours des flots suivants.

Et le torrent des eaux, qu'il soit fleuve ou rivière,
Au sortir de son bief s'éclaire en peu d'instants,
Mais quand un siècle meurt en passant la barrière,
Pour apaiser son trouble il exige du temps :

Il roule en tourbillons dans l'écume ensablée.

LE POÈTE.

Tu fais chanter d'accord la rime et la raison
Dans ce miroir vivant d'une époque troublée.
Mais que vois-tu surgir aux bords de l'horizon ?

LE PHILOSOPHE.

Dans le bruit des marteaux et les vapeurs d'usines.
Un ciel ferrugineux, tantôt noir, tantôt gris,
L'homme le plus robuste esclave des machines
Et procréant des fils pâles et rabougris.

LE POÈTE.

On parle de science et de foi... Que t'en semble,
Calme esprit de grand vol planant sur les hauteurs ?

LE PHILOSOPHE.

La science et la foi n'ont rien à voir ensemble...
Vieux thèmes démodés pour phrases de rhéteurs.

Chaque chose a ses lois... laissons à l'industrie,
Avec son fil à plomb, la règle et le compas.

LE POÈTE.

Moi, rebelle aux rigueurs de la géométrie,
Je crois aux vérités qu'on ne démontre pas.

LE PHILOSOPHE.

Tu fais bien... Sois heureux de croire à quelque chose.

LE POÈTE.

Veillant sur le berceau d'un bel enfant qui dort,
La mère, en souriant à sa fillette rose,
Ne voit qu'un ciel d'azur semé d'étoiles d'or.

Couvant d'un œil ravi la chère tête blonde,
Sans oublier les vieux parents qu'elle a perdus,
Qui sont allés cueillir les fleurs d'un autre monde,
Elle espère qu'un jour ils lui seront rendus.

LE PHILOSOPHE.

La croyance des uns semble irriter les autres :
Sur un globe de terre où l'on dure si peu,
Du néant de la tombe ils se font les apôtres ;
Ils vivront sans foyer, sans patrie et sans Dieu.

LE POÈTE.

Moi, d'un souffle brutal je n'éteins pas un rêve.
Malgré les faux savants et tous les beaux esprits,
Le sauvage adorant le soleil qui se lève
En devine plus qu'eux sans avoir rien appris.
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Berceuse.

Sein maternel au pur contour,
Veiné d'azur, gonflé d'amour,
Ton lait s'échappe d'une fraise
Où la soif de vivre s'apaise,
Où l'enfant boit, souriant d'aise.

Sein maternel, doux oreiller,
Où, bienheureux de sommeiller,
Bouche ouverte, paupière close,
Le fortuné chérubin rose
Dans un calme divin repose.

Rêve-t-il de ciels inconnus,
L'enfant merveilleux qui vient d'elle ?
Sa voix a des cris d'hirondelle,
Et ses joyeux petits bras nus
Ont comme des battements d'aile.
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Fleur solitaire.
À Madame de Bertha.

Par un soir ténébreux de l'arrière-saison.
Dans un coup de rafale une graine emportée,
Tombant contre les murs d'une haute prison,
Entre de vieux pavés mal joints s'est arrêtée.

Dans ce lit de hasard elle dort tout l'hiver,
Sous des blocs de granit froidement inhumée ;
Mais quand au tiède avril le ciel bleu s'est ouvert,
Elle tressaille et germe où le vent l'a semée.

Alors, comme sortant d'un funèbre sommeil,
Elle émerge à grand'peine et s'exhausse de terre,
Et d'un suprême effort aspirant au soleil
Elle frémit d'espoir, la pauvre solitaire.

Puis, grâce à de longs jets flexibles et rampants,
S'attachant par saut brusque ou par lente caresse,
Comme la vigne vierge et les rosiers grimpants,
Elle escalade enfin la haute forteresse.

Quand elle arrive au bout de son rude chemin,
Montant jusqu'au rebord d'une étroite fenêtre,
Elle étale sa fleur près d'un visage humain
Qu'elle a vu triste et pâle à la grille apparaître.

À plein cœur exhalant son parfum printanier,
La fleur s'épanouit... et meurt dans la soirée ;
Mais elle s'est ouverte aux yeux du prisonnier,
Qui seul a pu la voir, qui seul l'a respirée.
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