Le STYLE est, comme toujours, très clair chez
Frédéric Lenoir. C'est un livre de diffusion grand public comme le dit l'auteur. Quelques reproches sont faits sur Babelio à ce sujet.
Pour lui, la gratitude et la générosité font partie des conditions de "la joie", donc, dit-il, "je profite des outils comme la philosophie de
Spinoza, la Bible, le bouddhisme, etc...sur lesquels j'ai mis le nez pendant des années pour en faire profiter le plus grand nombre".
Tout d'abord, il distingue le plaisir (recherché et immédiat) du bonheur (construit) de la joie (qui vous tombe dessus).
Ensuite,...
Pour la joie, il faut des conditions que l'auteur développe longuement: éveil des 5 sens, attention, gratitude, générosité, etc...
C'est très intéressant, car l'auteur lie la philosophie de Spinoza, celle de Nietzsche..et l'art de vivre.
Je pense comme l'auteur que la philosophie est un art de vivre, et non pas un tas de termes obscurs dont on dote la théorique.
La joie nécessite d'autres conditions :
1) La liberté au sens spinozien:
"On ne nait pas libre, on le devient", Spinoza.
Comme Spinoza, F Lenoir (et moi même) avons été dépendants de notre père. Vouloir lui faire plaisir...Jusqu'à une révolution intérieure : "je fais les choses pour moi même, le regard des autres ne compte pas." : c'est la libération. Il doit y avoir libération pour provoquer la joie.
2) La non condamnation, non jugement, au sens chrétien :
Jésus ne condamne pas la femme adultère, il la relève d'un regard plein d'amour et lui dit "va et ne pêche plus". le péché, en hébraïque signifie : prendre le mauvais chemin. Ce terme a été déformé ensuite : les pêcheurs étaient alors jugés et menacés d'aller en enfer.
D'autres notions intéressantes sont abordées:
Le taoïsme:
Un disciple de Lao Tseu disait. "il ne faut pas nager à contre courant. En se laissant flotter, vous atteindrez l'autre rive."
Je m'aperçois que je suis taoïste sans le savoir. Mon père m'avait inculqué cette notion.
Le "philia":
L'amour amitié partagé et sans "intérêt":
"Parce que c'était lui, parce que c'était moi" disait Montaigne de la Boétie.
"que l'amour soit plutôt une mer qui se laisse bercer entre vos âmes" écrit Khalil Gibran.
Le danger, l'outrance, c'est l'amour-passion et l'empiétement, qui peut aller jusqu'à la possession, ce que font les pervers narcissiques.
L'amour-don :
"Il y a plus de joie à donner qu'à recevoir", est une phrase de Jésus retranscrite par l'apôtre Paul.
Vers la fin du livre, Lenoir évoque une autre notion, qui me semble capitale :
Le "lâcher prise" par rapport à l'égo.
C'est ce que j'appelle : "je me mets en retrait de moi-même, et je m'observe".
C'est une des choses les plus importantes de ce livre. Cela procure la joie profonde et définitive.
A ce sujet, mon père, encore lui, me disait : "Tu mets ton amour propre dans ta poche, et ton mouchoir par dessus."
Bon, j'arrête là.
Je savais tout cela intrinsèquement, mais la formalisation, appuyée sur la connaissance, fait de ce livre un instrument très intéressant. Je pense personnellement que si TOUS les enfants étaient éduqués ainsi, dans le respect de l'Autre et de la Nature, le Monde serait en harmonie.
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