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Critique de Manetheren


J'aurai aimé vous dire que la lecture de Désir, une philosophie, m'a rendu plus sage, moins dévorant de passion mais ça aurait été un mensonge.

On ne peut qu'envier le talent qu'a Frédéric Lenoir de poser des mots rationnels sur des concepts aussi capricieux et illusoires que celui-là. Reconnu comme un lecteur de Spinoza (à qui il a déjà dédié un précédent livre), Lenoir a découpé sa réflexion en trois temps. La première pose les bases philosophiques et scientifiques du désir, la seconde détaille les tentatives humaines de dompter les tentations. Enfin, Frédéric Lenoir livre une brûlante troisième partie sur la nécessité de vivre pleinement ce désir.

J'espérais que ce livre ne soit pas un manuel de pures pensées philosophiques d'auteurs antiques sur le désir. Il en résulte, au contraire, un livre parfaitement ancré dans son époque qui aspire à vulgariser la sagesse des anciens. Frédéric y parle tout d'abord de la pensée d'Aristophane, de Platon/Socrate et l'amour-manque, de biologie et de l'importance du striatum dans le désir. L'auteur connecte différentes incarnations du désir : le désir mimétique, l'envie, le désir de reconnaissance sociale, le désir sexuel. Lenoir tranche aussi le consumérisme et la manipulation du désir aboutissant à une critique du modèle néolibéral, qui en prétendant assouvir les désirs en appauvrit l'essence.

La seconde partie a le souci de dépeindre la régulation du désir à travers les exemples qu'il y a eu à travers l'histoire : les modérés Aristote et Épicure, les courants étouffe-désir comme le stoïcisme (lé désir) et le bouddhisme (la soif, l'attachement), les approches moralisatrices mais limitées des religions du livre et enfin, les choix en faveur de la sobriété. C'est la partie que j'attendais le plus : comment les lois des hommes ont tenté de brider les désirs pour édicter un cadre sociétal et moral.

Enfin, la troisième partie revendique qu'il nous faut exploiter la puissance du désir, le vivre pleinement (Spinoza, Nietzsche), l'élan vital, les différentes dimensions du désir vécus et les mystiques du désir dans les religions abrahamiques (d'ailleurs, l'auteur réserve une place à part à Jésus). Cette dernière partie est celle où l'auteur se livre le plus et donne sa vision du désir. Je l'ai trouvé profondément optimiste et cet vision donne incroyablement envie d'aller de l'avant. le livre se conclut sur une réflexion assez contemporaine sur la survie de la démocratie en l'absence de conscience des désirs.

Merci à Babelio pour cette belle rencontre. J'ai été touché par l'humilité de Frédéric Lenoir qui nous a remercié d'avoir pris le temps de venir, de lui-même prendre le temps de papoter avec nous alors qu'il était attendu sur le plateau de Babeth Lemoine (L'ABC de Bertrand Chameroy !!)
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