Citations sur Une enquête du commissaire Brunetti : Entre deux eaux (16)
Il avait de grands yeux limpides à l’iris sombre, presque noir.
Une rumeur persistante voulait en effet que les Allemands considèrent la loi comme un ensemble de dispositions auxquelles on doit se soumettre, contrairement aux Italiens, qui estiment que l'on doit tout d'abord les étudier pour mieux y échapper ensuite. P.236
Non seulement la signorina avait réussi à obtenir les copies des relevés bancaires de La Capra, mais elle s'était arrangée pour fournir aussi des relevés de cartes bancaires aussi complets que ceux concernant Semenzato. Parfaitement conscient du temps qu'il aurait fallu pour se procurer ces informations par la voie officielle, Brunetti dut se résoudre à reconnaître qu'elle avait procédé de manière non officielle, ce qui voulait probablement dire illégale. Cela admis, il poursuivit sa lecture.
.../...
Un coup d’œil à la carte d’Italie suffisait à comprendre combien ses frontières était perméables. Des milliers de kilomètres de côtes, truffées de baies abritées, de criques discrètes, d’estuaires... ou, pour ceux qui étaient bien organisés ou qui disposaient des bonnes relations, il y avait les ports et les aéroports, par lesquels on pouvait faire transiter n’importe quoi sans beaucoup de risques. Les gardiens de musée n’étaient pas les seuls à être mal payés.
Pour les non-vénitiens, Venise est une ville ; ses habitants, eux, savent bien que la Sérénissime n’est qu’un gros bourg assoupi, où l’on est curieux et friand de commérages, et où l’étroitesse d’esprit est la même que celle qui règne dans les patelins perdus de la Calabre ou de l’aspromonte.
Le commissaire envisagea un instant de lui faire remarquer que tout le monde, en Italie, pouvait présenter des reçus pour n'importe quoi, et que toutes ces factures ne prouvaient strictement rien, qu'elles n'étaient que des preuves falsifiées ayant pour fonction de tromper le fisc. Cependant personne ne prend la peine d'expliquer que lorsqu'il pleut, les gouttes tombent du ciel vers la terre, ou que c'est au printemps que les arbres fleurissent. De la même manière, on n'avait pas à souligner l'existence de l'évasion fiscale, en particulier pas devant un antiquaire et encore moins devant un antiquaire napolitain. P.174
Les sirènes avertissant du risque d’une Acqua Alta avait retenti à trois heures du matin, réveillant tout le monde, mais la marée s’était inversée avant que l’eau ait eu le temps de s’infiltrer par les interstices des carreaux. La pleine lune ne tombait que dans quelques jours, mais il avait beaucoup plu dans le Frioul, si bien qu’il y avait un risque que la première véritable inondation de l’hiver ait lieu pendant la nuit.
Une infirmière, portant du linge propre, entra dans la chambre sans frapper et lui demanda de sortir pendant qu'elle lavait la malade et changeait les draps. De toute évidence, la signora Petrelli avait fait ce qu'il fallait auprès du personnel de l'hôpital, et les petites enveloppes, les bustarelle, étaient arrivées à destination. En l'absence de ces cadeaux, même le service minimal n'aurait pas été assuré dans cet établissement et il incombait souvent à la famille de nourrir le malade et de lui faire la toilette - y compris en présence des infirmières.
Avec les années, il avait fini par mettre au point un rituel d'ouverture et de fermeture des fenêtres qyu, certes, contrôlait efficacement la température de la pièce, mais qui l'empèchait aussi de se concentrer sur quoi que ce soit. Se pouvait-il que le responsable de l'entretien soit soudoyé par la Mafia ?A chaque fois qu'il lisait le journal, il avait l'impression que la moitiè du personnel de la police l'était, alors pourquoi pas le responsable de l'entretien ? P.142
Nous autres, les femmes italiennes,nous ne nous distinguons pas tellement par le courage,comme vous le savez. Nous sommes impétueuses et effrontées, mais nous n'avons guère de courage physique.P137