Cette enquête du commissaire Brunetti est garantie 100% végétarienne.
Donna Leon laisse libre court à ce qui doit être une de ses marottes en consacrant les trois quarts de son livre à critiquer l'alimentation de masse, le mode de fonctionnement des abattoirs, et l'absence de traçabilité de la viande vendue aux consommateurs.
Brunetti et Vianello, lui déjà acquis depuis longtemps à la défense de l'écologie, vont enquêter sur les motifs de la mort poignardé d'un vétérinaire de Mestre, retrouvé dans un canal vénitien. Enquête est un bien grand mot, car si les soixante dix dernières pages sont dignes de la série Brunetti, le reste est une série d'allers retours entre le Sérénissime et le continent, de considérations sur la circulation routière et les bouchons, et sur les fumées des installations polluantes de Mestre. le clou en est la visite guidée de l'abattoir où intervenait le vétérinaire assassiné. Brunetti vieillit, sa main tremble sans raison, il trouve son réconfort avec Paola qui devine ses sombres pensées.
Donna Leon a toujours su distiller des problèmes de sociétés dans les enquêtes de Brunetti. Ici le schéma semble s'inverser. Elle instille un peu d'enquête dans des considérations sociétales. Et c'est plutôt lourd, amené sans finesse et longuet. La présence élégante de la signorina Elettra, la vie de famille riche de Brunetti, ne compensent pas l'absence de progression réelle de l'intrigue pendant l'essentiel du livre.
Ce livre est aussi atypique dans cette série, car après avoir brillamment confondu le coupable, Brunetti va parvenir à en obtenir la condamnation. Un Brunetti qui ne finit pas en queue de poisson, rien ne va plus dans la lagune... Il faut que Patta reprenne en main la questure !