« Ton projet me donne des sueurs froides... Tu aurais pu attendre qu'on soit morts... À la sortie de ton livre, on prendra de longues vacances, loin de tout, de nos amis, de nos voisins ! », dit Jean-Paul à son fils.
« J'ai besoin de savoir d'où vous venez, vous et les autres. J'ai besoin de comprendre ce qui vous a poussé à créer une vie communautaire », lui réplique Emmanuel.
« Papa, cet homme que je vais raconter, ce n’est plus toi, et puis ce sera mon interprétation. » (p. 3)
Été 1972. La maison des Tezenas sort de terre. Je m'accroche à des dates pour ordonner les images, Je tente une chronologie pour raconter. Pourtant, dire l'enfance, c'est mélanger les souvenirs, les choses vues, les choses vécues. ou imaginées.
C'est ici que tout commence... Pour nos parents, le Gille Pesset est une idée, une utopie.. Mais, pour moi et pour chaque enfant du groupe, il est le Monde. On est de son enfance.
On se défait de nos vies,
comme des mues.
« C’est au Gille Pesset que tout a commencé. Là où sont les clés de tous mes livres. » (p. 147)
« Nous sommes des gens de gauche en opposition avec les valeurs dominantes de la société, contre l’autonomie et la privatisation de la famille. […] Nous cherchons l’épanouissement de la personne dans une entité plus large que la famille. » (p. 182 & 183)
L'enfance est un temps au présent, un temps d'avant les mots, d'avant le récit de sa propre histoire. C'est la naissance des sens. Naissent sens.
« Pour nos parents, le Gille Pesset est une idée, une utopie… Mais pour moi et pour chaque enfant du groupe, il est le Monde. On est de son enfance. » (p. 160)