[...] Nul ne savait plus où on se trouvait entre la France et l’Espagne ni à quelle distance de la côte. Le navire craquait de toutes parts. [...] Tout le monde ici semblait avoir accepté son sort.
[...] Le Santiago seul a échappé au naufrage avec l’aide des marins et habitants de Guetaria. Pour les autres, qui ont échoué plus au nord, les équipages ont presque tous été décimés. Par la furie de l’océan et par la sauvagerie des habitants de cette côte. Le São José a perdu presque tous ses hommes, noyés, brisés par les débris de l’épave mêlés aux vagues, assassinés à terre pour les maigres possessions qu’ils avaient pu sauver ou, au contraire, parce qu’ils n’avaient rien à offrir à ceux qui voulaient les dépouiller.
[...] Des milliers de bras armés qui maintiennent en vie des empires qui ne le méritent pas.
[...] Il va y avoir beaucoup d’hommes, beaucoup d’armes et des diamants que tout le monde veut. Le point d’honneur risque de passer après les tractations diplomatiques qui elles-mêmes vont vite céder le pas à la loi du plus fort.
[...] Marie, elle, n’a jamais autant contrôlé sa vie que depuis qu’elle a réussi à s’émanciper de son oncle. Elle le sait, maintenant, elle n’est prisonnière de rien ni de personne. [...] La vie n’est pas toujours facile sur cette côte désolée, mais ni plus ni moins qu’ailleurs et nul ne lui donne d’ordres.
[...] Les mercenaires de la Compagnie néerlandaise des Indes occidentales avaient été fidèles à leur réputation. Ils avaient violé, mutilé, détruit, volé, jusqu’à ce que leurs maîtres les rappellent à la niche et en pendent quelques-uns en gage de bonne volonté. Il fallait bien s’attacher les services de la population restée sur place.
Un lopin de terre pour naître ; la Terre entière pour mourir.
Pour naître, le Portugal ; pour mourir, le Monde.