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3,95

sur 159 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Dites 33 ! Trente trois comme le département bien sûr, mais aussi comme 33 nouvelles, plus ou moins courtes, qui font de ce recueil un éventail régional de vies, de personnages qu'on croise le plus souvent sans les voir… Yan Lespoux les connaît, il les observe, peut-être même les côtoie-t-il ?!

Enfin pas tous… pas trop les bordelais, encore moins les parisiens et surtout pas les charentais. En tant que charentais (heureusement d'adoption seulement) je n'en rajouterai pas sur mon statut de victime.

Ces tranches de vie sont ici concentrées entre dunes et vignes, pins et estuaire, océan et fleuve… Dans cet espace restreint on vit au rythme des marées, des dates de chasse, de cueille des champignons, au rythme aussi du passage des touristes… on y croise des locaux essentiellement, certains ne connaissent pas d'ailleurs, d'autres sont partis mais y reviennent contraints ou pas… il y a surtout des chemins qui se croisent, s'abiment, qui s'arrêtent brutalement, des destins qui se jouent… C'est noir, drôle, jouissif, bien écrit et on peut dire qu'on a là un véritable page-turner tant les histoires courtes se succèdent avec le même plaisir.

Cher M. Lespoux, je vous invite à Angoulême, si poser les pieds sur le sol charentais ne vous fait pas trop peur… Promis il n'y aura pas de représailles…

Au final, toute géguerre régionale mise à part, voilà un excellent recueil de nouvelles à lire et pour lequel voter au prix VLEEL 2021 !
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J'ai rencontré le Médoc il y a près de vingt ans, un après-midi de fin d'été. Je l'ai aimée au premier regard cette terre, les longues lignes droites qui se perdent entre les pins, les champs de fougères et les bois de chênes, les dunes dévorantes et l'océan, puissant et infiniment beau. Initiée par un medocain aux yeux bleus c'était encore plus fort! Mais il a fallu que je lise les textes de Yan Lespoux pour me rendre compte que ce que je préfère depuis toujours dans ce pays, ce sont les gens.
Avec un humour parfois mordant, Yan Lespoux donne à voir des êtres petits, mais sublimes, désespérés et parfois mesquins, étriqués souvent mais toujours fiers. Parce que sous la plume incisive et tendre de l'enfant du pays, c'est un concentré d'humanité qui défile sous nos yeux. On est toujours le Bordelais de quelqu'un dans ces pages où le sentiment d'appartenance est constamment mis à mal, ces textes nous questionnent , nous renvoient à ce que nous sommes, et ce n'est pas toujours très glorieux !
Il y a de la noirceur dans ces récits, celle des nuits sans lunes, ou des jours d'hiver engloutis par la brume. Mais heureusement, il y a la lumière aussi, celle qui inonde la plage l'été, et qui surgit d'entre les vagues, à l'image d'une nouvelle comme "Le couteau", ma favorite.
Un recueil imprégné d'une atmosphère forte, qui séduira évidemment ceux qui connaissent le Médoc mais régalera sûrement les amateurs de bonnes histoires et de personnages forts. Savoureux et entêtant, ce premier recueil a contribué à renforcer mon amour pour le fin fond de la Gironde, terre de contrastes s'il en est! Merci M. Lespoux!
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Recueil d'une trentaine de nouvelles, un genre dont je ne suis pas particulièrement fan, mais dont l'écriture de Yan Lespoux a rendu la lecture agréable.
Nous voici donc dans son cher Médoc, il nous entraîne dans les pas de quelques Autochtones.
Une partie de chasse, une cueillette de champignon, un verre au coin d'un bar, une virée en boîte. Les personnages que l'on croise ne sont pas toujours sympathique, voire même parfois carrément désagréable, surtout si vous n'êtes pas du coin et encore plus si vous êtes du coin...d'à côté.
Il y a des plates-bandes qu'il vaut mieux ne pas fouler, surtout que l'herbe qui y pousse parfois.....
Dans ce monde où vous avez plus de chances de croiser des regards sombres que de recevoir de franches accolades, mieux vaut être équipé.
Un fusil, un couteau, un panier, mais surtout, de bonnes jambes ou un véhicule tout terrain.
Allez, n'ayez pas peur.
Il y a de bons moments quand même, si vous êtes accepté, vous allez partager un bon casse-croûte à la cabane et boire un bon canon, vous repartirez même avec un joli surnom, si tout va bien.
Et puis, il y a l'océan qui va vous donner des envies de surfer, enfin, méfiez-vous des vagues...
Laissez-vous tenter par ces quelques histoires courtes.
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Ça sent le sous-bois humide, la vase, la sueur un peu. Et l'haleine chargée des lendemains de journées passées à picoler au bar.
Ça pique comme les aiguilles de pin sous la plante de pied, comme les chardons bleus qui poussent seuls au milieu des dunes. Ça fait un peu peur parfois, comme le cri d'une chouette la nuit dans les bois. Ça fait sourire souvent, même franchement rigoler tant la caricature est plus vraie que nature. Ça tourneboule comme le souvenir des après-midi interminables à traîner à l'arrêt du Citram avec les copains, pour passer le temps...
Ça s'appelle Presqu'îles, ça raconte le Médoc, et c'est très réussi. Et je ne dis pas ça parce que je suis bordelaise #sansrancune
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Avec "Presqu'îles", ce n'est pas dans le Médoc des millésimes et des prestigieux châteaux que nous emmène Yan Lespoux.

C'est dans celui des landes ponctuées d'interminables forêts de pins que quadrillent pistes et pares-feux, des longues plages barrées de cordons de dunes où se forment les mortelles baïnes. Celui des bleds perclus, l'hiver, sur des saisons mornes et humides, avec un vent qui s'insinue partout, et un isolement qui fait vite oublier l'animation estivale et touristique.

En une succession d'épisodes souvent très courts, comme formant différentes parties d'un tableau, il caractérise un lieu mais aussi et surtout ses habitants, dont il évoque les comportements et les habitudes forgés à force de rites et de règles tacites mais fortement ancrés dans cette terre bordée à l'ouest par l'océan et à l'est par l'estuaire de la Gironde, sorte de cul-de-sac dont pendant longtemps très peu se sont extirpés.

D'une plume alerte, au trait féroce et souvent très drôle, il fait défiler drames ordinaires et aventures pathétiques, tranches du quotidien ou moments de bascules, dont les acteurs sont pour la plupart des hommes. Les conversations volent rarement haut, ponctuées d'abondants "enculé", interjection habituelle et machinale qui conclut presque toute phrase. Les esprits sont souvent échauffés par l'alcool, l'heure de l'apéro ou de la bière survenant plus souvent qu'à leur tour.

C'est un territoire non pas, comme d'autres, de taiseux (hormis quelques vieux ou vielle qui préfèreraient mourir plutôt que de dévoiler leurs coins à cèpes), mais plutôt d'hommes bravaches, à la virilité brutale et bornée, de cow-boys à la gâchette facile, sans grâce ni élégance, capables de dézinguer d'un coup de fusil de chasse celui qui touche à leur bien.

On y méprise l'ordre et la loi venus d'ailleurs, c'est d'ailleurs plus excitant de chasser ou de pêcher quand c'est interdit. On s'y livre à toutes sortes de trafics, gros ou petits (les pinèdes dissimulent parfois d'étranges plantations…) par goût de la transgression plus que par appât du gain, un héritage, peut-être, de ces ancêtres naufrageurs qui faisaient s'échouer les navires pour en voler les marchandises.

L'autre y est d'emblée rejeté, la différence stigmatisée. Et il est facile d'y être un étranger, tant y est fort ce sentiment d'appartenance atavique qui pousse à se différencier même de celui qui s'est installé là plusieurs décennies auparavant, et qui restera, pour toujours, Bordelais, Charentais, parisien, ou basané…

Quelques moments de grâce ou de sensibilité apportent toutefois des bouffées d'air (et empêchent le recueil de verser dans une vision caricaturale) : un sentiment d'émerveillement et d'humilité face à l'élégance d'un cerf ou à la puissance de l'océan ; le dégoût que fait naître une séance de dépeçage après la chasse (qui se pratique génération après génération) ; le souvenir ému d'un vieil immigré espagnol face à l'épave du rafiot au bord duquel ses parents ont fui le franquisme, venu s'échouer en 1937 sur les plages canaulaises.

L'écriture est efficace et précise. Yan Lespoux sait en quelques phrases planter un décor et une atmosphère, camper un personnage. Son recueil donne vie à des ratés, des amoureux, des malheureux, des rustres..., au fil de scènes dont la dimension anecdotique est parfois transpercée par l'horreur qu'amène une chute inattendue et cruelle, transformant une méchante blague en drame que l'auteur pimente d'un humour très noir.


Une réussite.


Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Ce recueil de nouvelles a pour décor le Sud-Ouest, ce Sud-Ouest rural fier de son appartenance, qui cultive le rejet du Bordelais, déclinaison du parisien.

« le Parisien, c'est une sorte de bordelais; D'ailleurs parfois, c'est même un Bordelais. C'est juste qu'on dit que c'est un Parisien parce que c'est plus pratique et que ça permet de ne pas le confondre avec le Bordelais qui habite là toute l'année, même s'il est de Bordeaux »

Et il suffit d'un séjour ne serait-ce que quelques mois hors du terroir, pour être assimilé à ceux qui ne sont pas d'ici…

Cette communauté fluctuante s'ancre autour de traditions dont les origines ne sont même plus identifiables. Qui a commencé à surnommer ? Qui n'a pas un coin de forêt considéré comme personnel et non transmissible même sur son lit de mort ? Et les histoires de chasse !

La présence de la nature agrémente les textes, entre mer et forêt, menacées l'un et l'autre par l'évolution inéluctable.

Les textes sont courts et reliés entre eux par un fil rouge flottant, entre chauvinisme et liens profonds qui unissent les personnages. On découvre avec beaucoup de plaisir ces extraits de vie, qui même s'ils sont géolocalisés sans ambiguïté, pourraient se décliner à l'infini sur notre territoire, puzzle d'un nombre indéfini de microcosmes revendiqués.

Très agréable moment de lecture.
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Entre dune et marais, 33 savoureuses pièces à conviction gorgées d'humour noir pour élucider l'universalité paradoxale des Landes du Médoc et de leurs habitants, d'ici ou d'ailleurs.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2021/03/15/note-de-lecture-presquiles-yan-lespoux/

Entre plage et étang, propices aux noyades (la première de la saison comme la dernière de la saison), entre fourrés touffus accueillants aux plantations clandestines de cannabis et fondrières aisément dévolues aux disparitions de corps encombrants, entre rituels de chasse et jaillissements de couteaux, entre sorcelleries putatives répondant à celles de Jeanne Favret-Saada et départs pas si exemplaires renvoyant à ceux de Gabrielle Wittkop, entre naufrages tragiques et incendies désespérants, en offrant une soudaine lucarne aux figures pourtant fort éloignées du Cantabria ou de Shane MacGowan, Yan Lespoux parvient à nous offrir à la fois une vue en coupe, pratiquée à la hache forestière, qui dévoilerait les cauchemars les plus saillants de ce paysage, et une radiographie intime, qui rendrait apparents certains rêves secrets de ses habitants. Déchirées entre la belle et franche stupidité ordinaire de « ceux qui sont nés quelque part » et la nostalgie affectueuse de ceux pour qui « être d'ici » n'entraînerait nulle exclusive, ces troublantes « Presqu'îles », avec leur flamboyant humour noir, sont là pour durer dans nos têtes et dans nos coeurs.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Presqu'îles.
Yan LESPOUX

Que ce livre sent bon !
Il sent les sous-bois et les épines de pins.
Il sent le feu de bois et l'air marin.
Il sent les noix et le vin.
Il sent le sable qui nous coule des doigts et les embruns.
Tout ce que l'on peut trouver en se promenant dans cette région landaise.

Une lumière, une atmosphère bien loin des stations balnéaires et plus près des forêts de conifères.
On y trouve des vrais gens de la vraie vie.
Des nouvelles assez courtes avec tout ce qu'il faut dedans pour que ce soit intéressant.
Il y a du drame, du cynisme, de la fatalité et de l'humour grinçant.
Des personnages bourrus, navrants, touchants et même parfois un peu cons ( surtout quand ils ne sont pas du coin).

🌿Un très bon moment de lecture avec ce livre aussi beau à l'extérieur qu'il est captivant à l'intérieur.
Je suis passée avec avidité d'une histoire à l'autre.
Souriant parfois de la bêtise, de la vanité des Hommes.
Et faisant toujours la part belle à la nature.

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Un voyage dans les landes du Médoc

Et un voyage, ces derniers temps, on ne crache pas dessus non ?
Alors, c'est avec plaisir que j'ai parcouru ces micronouvelles, comme autant d'instantanés de la vie dans le Médoc.
Que l'on soit du sérail, ou que l'on soit un Bordelais, un Toulousain ou pire, un Parisien (😱), ces tranches de vie se lisent aussi agréablement.

Ces personnages entraperçus, vite croisés, leur mentalité coulée à la forme des dunes qui les entourent, m'ont touchée. Plus souvent solitaires que solidaires, ils nous offrent le récit d'une région aussi magnifique que farouche.

Et quel plaisir de découvrir Agullo Court, la collection poche des Editions Agullo, avec ce titre !
Il faut souligner la qualité de cette édition, la couverture à rabats, la continuité de l'image sur la première et quatrième de couverture, un très bel objet livre. 🤩

Mais ce recueil m'a aussi offert de nombreuses occasions de sourire et certaines phrases m'ont fait fondre, par leur second degré, leur finesse et leur auto-dérision.
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L'auteur signe ici son premier recueil de nouvelles -il tenait jusqu'ici ses chroniques polar sur le site encore dunoir.com. Un premier essai qui d'évidence en appellera d'autres, tant cet "archipel des solitudes" finit par toucher à l'universel. Au fil de ses nouvelles, Presqu'îles forme une mosaïque de personnages et de situations qui n'appartiennent qu'au cru, mais qui parleront à tout le monde. Avis aux amateurs. Un ouvrage singulier et générateur !
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