Il passa devant la synagogue. Les juifs sont comme nous, ils ont eu Hitler, nous avons eu Mao, ils ont dû se cacher, fuir leur patrie. (p. 19)
Il se montait la tête; sa colère enflait et cherchait un exutoire. C'était la nouvelle génération. Ils ne connaissaient rien. Ils n'avaient pas vécu la Révolution Culturelle, ils étaient gâtés, alors que lui n'avait rien eu, maintenant c'était trop tard. Il était comme ces machines que l'on jetait à la casse. Il n'avait aucune compétence, aucun diplôme. Il comprit qu'il ne s'appartenait pas, il faisait partie d'un tout, son pays, une structure sociale à l'intérieur de laquelle il devait exercer une fonction. (...) il n'avait même plus assez de force pour comprendre quelles étaient ses aspirations. (p. 37)
Le Fou
Je suis l'Histoire que les hommes ne voient pas, je suis la haine que chacun porte en soi, je suis les enfants qui rient au bord des sources claires et je suis ces vieux qui meurent dans les hospices. Je suis sale comme une grande ville, les stigmates de la misère humaine sont ma sanctification, je suis fier car je ne suis rien mais je suis tout. (...) (p. 11)
Une vie à bricoler, à remplir des tâches ménagères, c'était une vie perdue.Le cours rapide des choses l'avait emporté sans qu'il ait pu dire un mot.Il avait été jeune un jour. Qu'est-ce que ce jour avait de différent d'aujourd'hui,puisqu'il était la même personne?Son avenir alors semblait ouvert; il n'avait pas pensé au destin.Il ne s'était pas dit que tout se refermerait inéluctablement sur un quotidien qui n'était ni la vie ni la mort.(...) Le constat de la dissolution de sa vie et de son incapacité à y remédier le plongeait dans un état d'hébétude plus que de désespoir. Le désespoir lui eût peut-être donné cette force qui s'empare à certains moments des âmes faibles et leur insuffle l'instinct nécessaire à leur survie.
Le bonheur ne pouvait venir des parties basses du corps mais du cœur et de l'esprit.
Mon âme atteint la plénitude lorsque le yin de mon trait horizontal croise le yang de mon trait vertical.
Il prendrait un taxi, au diable les économies. Il en arrêta un, un jeune homme lui passa devant. C'était comme dans la vie, il y avait toujours quelqu'un pour lui passer devant.