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Celia Levi a séjourné un an à Shanghai pour améliorer son chinois, la langue de sa mère. de ce séjour est né ce roman, un récit sur la disparition de la Chine d'avant et sur la cruauté de nos sociétés contemporaines entièrement soumises au pouvoir de l'argent.

Xiao Fei vit avec sa vieille mère, qui devient attachante en devenant sénile, ses deux soeurs Mei Mei et Bei Bei, et son neveu, rivé jour et nuit à son ordinateur, dans un quartier insalubre de Shanghai voué à la destruction.
Xiao Fei, rêveur désoeuvré et immobile, est incapable d'agir dans ce monde qui lui échappe ; alors il échafaude des rêves de grandeur ou d'amour -être reconnu comme un lettré, admiré pour ses calligraphies ou en tant que héros résistant face aux spéculateurs qui menacent le quartier, être aimé de sa cousine exilée en Amérique et qui revient en Chine pour étudier la langue-, et il oscille entre ses fantasmes et la colère ou l'humiliation de ne rien accomplir.

"Il ne savait pas de quoi il faisait partie, de rien sûrement, il n'était ni un prolétaire ni un bourgeois. Il sentait pourtant son âme tendre à de grandes actions, à de grandes idées."

Avant l'arrivée des communistes au pouvoir, ses parents étaient des lettrés, déchus au moment de la Révolution culturelle. Xiao Fei se rêve en grand homme de cette Chine d'avant imprégnée de culture et respectueuse de la nature, le pays de son enfance et de la grandeur de son père, tandis qu'il en voit les dernières traces disparaître sous ses yeux.

"Tandis qu'il rêvait Xiao Fei aurait voulu être sur la barque de son enfance, une longue barque fine qui l'aurait ramené sur cette rivière intacte, il aurait regardé les poissons, les algues, la nature lui souriant. Aujourd'hui se disait-il, il ne devait rien en rester, si ce n'était une rive boueuse où les usines pétrochimiques et les incinérateurs crachaient leurs déchets radioactifs."

Alors que ce monde s'émiette, encerclé par les pelleteuses et les spéculateurs, le dernier rempart de la tradition reste la cuisine, jusqu'à ce que même les aliments deviennent inaccessibles (Dix yuans le kilo de concombres), au fur et à mesure de l'écrasement des plus modestes par la société marchande.

"Les raviolis étaient particulièrement réussis, le jus était abondant, il brûlait la langue et se répandait délicieusement dans la gorge. La pâte était délicate, elle glissait entre les baguettes. C'est cela le bonheur, manger de bons xiaolongbao, le reste n'a pas d'importance. Il pensa à la peinture, aux stèles, à L Histoire, et se souvint que son père lui avait appris que le bonheur ne pouvait venir des parties basses du corps mais du coeur et de l'esprit."

Xiaolongbao : raviolis à la vapeur, spécialité shanghaienne.
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Shanghaï de nos jours. Au milieu des quartiers pauvres, Xiao Fei vit avec sa vieille mère, ses soeurs, son neveu, la jeune cousine américaine en visite.
Issu d'une famille d'anciens lettrés il se sent humilié, déshonoré par un présent d'une situation sociale et financière qu'il subit.
Nostalgique, désabusé, il se raccroche à sa calligraphie et se perd dans ses pensées philosophiques et poétiques.
On découvre le quotidien des laissés-pour-compte de la société, c'est triste et frappant de réalisme. Décrépitude et misère. Une Chine meurtrie.

(Lecture interrompue au tiers.
Déçue j'aurais aimé apprécier le style, la narration, mais pour le moment, je n'y parviens pas. le sujet m'intéresse. Peut être reprendrai-je ultérieurement).
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Une famille... Shanghai... la misère et la pauvreté des laissés-pour-compte... Les ingrédients étaient là pour faire un bon roman...
Mais l'auteur prend le parti de tout décrire sous le regard de Xiao Fei, l'homme de la famille, qui n'est pas porté sur le travail manuel mais plutôt intellectuel. Ou tout du moins c'est ce qu'il croit et souhaite avec ferveur !!! Il est humilié par la situation dans laquelle est plongée sa famille mais il fait bien peu pour y remédier... Il m'a agacé au plus haut point et finalement l'histoire a pris un goût amer à mes yeux...
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Le père de Xiao Fei était un lettré, et sa famille a vécu confortablement et paisiblement jusqu'à l'avènement de la Révolution culturelle. Elle a alors été expulsée de sa maison, pour intégrer un misérable logement au sein d'un lilong -quartier fermé typique de Shanghai-, où il est décédé peu de temps après. Depuis, Xiao Fei y vit avec sa Vieille mère, ses deux soeurs, charmantes et de nature joyeuse, et un neveu accro aux jeux vidéo.
Habiter un lilong, c'est subir la vétusté, l'insalubrité, et la promiscuité, mais c'est aussi pouvoir compter sur la solidarité de ses voisins, et entretenir les souvenirs attachés aux lieux.
Toujours est-il que la destruction du quartier est prévue pour bientôt. La municipalité a assuré ses habitants qu'ils seraient relogés dans des appartements plus grands, au confort moderne, mais ces belles promesses tardent à se concrétiser...

Xiao Fei, autour duquel tourne le roman, est un individu perpétuellement insatisfait, qui vit dans l'amertume et les regrets. Il se languit d'une Chine d'érudits polyglottes et de sages philosophes. Il rêve de raffinement, d'élévation intellectuelle, mais ne se donne pas les moyens de réaliser ses ambitieux projets, paralysé par une constante indécision, plombé par une apathie quasiment maladive. Il supporte difficilement le comportement de la jeune génération, qu'il juge trop libre, et arborant des tenues trop dévergondées.

Il se pose en victime, et sans doute l'est-il en effet...
Héritier d'une culture considérée comme obsolète, il a reçu un enseignement inadapté à la vie moderne, et se sent décalé vis-à-vis des mutations qui bouleversent la société chinoise. Nostalgique d'un temps où la grandeur se mesurait au savoir, il n'a pas les moyens de se faire une place dans le nouveau monde, libéral et trépidant, qui se construit sous ses yeux.
Car l'opposition entre la Chine d'hier et celle d'aujourd'hui est tangible : Shanghai se pare, de manière irréversible, et parfois à quelques mètres des quartiers traditionnels dont les habitations sont faites de bric et de broc, d'étincelantes tours de verre, signes ostentatoires de richesse et de modernité.
Les tentatives de Xiao Fei pour prendre du recul vis-à-vis de sa situation, en s'essayant à une sagesse méditative, échouent : les soucis matériels, et ses préoccupations triviales -comme celle qui consiste à vouloir absolument épater sa cousine venue des États-Unis pour apprendre le chinois-, en s'imposant à lui, le ramènent constamment à sa piètre condition.

"Dix yuans un kilo de concombres" est un roman de la Chine d'aujourd'hui. Une chine post Mao, post révolution culturelle, qui mute, avec une précipitation effrénée, vers une économie de marché inique, en donnant l'impression de vouloir fouler, dans cet irrépressible élan, ses traditions et son identité séculaires.

Si le roman comporte quelques longueurs -dues à la personnalité de son héros, dont les tâtonnements et l'inertie donne le sentiment que l'histoire, parfois, tourne en rond-, j'ai dans l'ensemble apprécié cette lecture, et me suis attachée aux habitants du lilong, humbles individus écrasés par le rouleau compresseur du capitalisme...
Lien : http://bookin-ingannmic.blog..
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A Shanghaï, le lilong de Xiao Fei et sa famille est cerné par la prolifération d'immeubles alentour et les bulldozers, qui vont bientôt détruire aussi sa maison... mais il faut continuer à vivre quand même, à rêver un peu malgré tout, à manger, à dormir, à survivre...
L'argent, les voitures, les buildings, les autoroutes envahissent le paysage chinois au détriment des plus démunis, qui sont sensés être relogés, sans savoir où ni quand...
Célia Levi dresse un portrait amer de la Chine contemporaine en pleine mutation, en décrivant dans un style très asiatique, la détresse de tous ces gens déplacés par la force du destin, perdant un pan de leur histoire déjà complexe; un beau regard cependant et une lecture non dénuée d'intérêt.
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Cette lecture m'a déçue, les émotions du héros m'ont laissée de marbre, un univers peut-être trop shanghaïen pour moi.
(lu 2014)
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On suit Xiao Fei, un homme "bloqué" dans sa maison à s'occuper de sa mère, de ses soeurs et de son neveu. Il veut s'instruire et aimerait pouvoir étaler ses connaissances (relativement faibles), notamment à sa cousine venue des Etats-Unis. Il rêve d'elle, pense à elle tout le temps, mais il restera dans ses fantasmes.

Il y a de beaux passages, mais l'écriture dans son ensemble est assez simple et beaucoup de détails inutiles sont présents, ce qui est parfois ennuyeux.

Le point positif réside dans le contexte culturel, puisqu'on suit ces "laissés-pour-compte du miracle chinois" qui vont devoir être quitter leur logement qui a vocation à être détruit.
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Xiao Fei vit à Shanghai avec ses soeurs et sa vieille mère. Il vit dans le lilong, quartier de logements insalubres, il fait partie des "laissés pour compte" de l'évolution économique de la Chine. Ils vont pas tarder d'être expulsés... Mais Xiao Fei résiste grâce à ses rêveries et son amour naissant caché, sa cousine venue d'Amérique..
Mais la misère évolue au jour le jour, on nous dresse un triste paysage!
Ce livre vous transporte dans la Chine contemporaine où tout n'est pas rose pour tout le monde et où il est dur de vivre. Un autre oeil de la Chine!
Un beau roman!

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