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Critique de patrickdml


Avec ce livre, et comme dans son excellent livre précédent Dieu compte les larmes des femmes, Fanny Lévy, avec une parfaite maîtrise du scalpel de la langue, entreprend une opération au coeur ouvert. Ou plutôt cinq opérations. Les patientes sont des femmes martyres et les chirurgiens des charcutiers sans scrupules, leur « amoureux ». L'entreprise de dissection mentale est menée jusqu'au bout, jusqu'au sang, jusqu'à la mort. S'appuyant sur cinq héroïnes de romans étrangers (en réalité cinq expériences personnelles des auteures : Elizabeth von Arnim, Jean Rhys, Zeruya Shalev, Laura Kasischke et la plus connue, Ingeborg Bachmann) Fanny Lévy nous ouvre les yeux sur la perversité des mâles dominants. Pervers narcissiques, manipulateurs destructeurs et autres chasseurs de proies consentantes, rien ne nous est épargné dans cet essai. Femmes fragiles, soumises, esclaves de l'amour, pauvres Chaperons rouges, attention aux Grands méchants loups, nous répète sans relâche Fanny Lévy. Abondamment annoté, son analyse s'appuie sur de nombreuses références. Les notes en bas de pages constituent un corpus littéraire, philosophique, religieux et psychanalytique de grande valeur et cohérence. de nombreuses citations (400 environ) illustrent le propos et nous interpelle intelligemment.
Je me suis astreint à n'en lire qu'une partie par jour, afin de ne pas sombrer moi-même dans une introspection par trop ravageuse. L'intérêt de ce livre, que je recommande à toutes les jeunes filles avant qu'elles ne tombent dans les filets d'un de ces chasseurs insatiables, c'est qu'il nous invite, nous aussi les hommes, à y regarder de plus près sur les choses de l'amour.
Deux citations qui m'ont interpellé :
Note 10 de la page 155 : Quand Gary dit à Leila qu'il l'aime, cela signifie pour lui, comme à la plupart des hommes, qu'il la désire et veut une relation sexuelle, alors que Leila, comme la plupart des femmes, a besoin d' une symbiose.
Note 5 de la page 178 : Dans Homo Faber, Max Frisch écrit que les femmes cherchent à être malheureuses et que, ne tenant pas à rendre une femme malheureuse, être seul est ce qui lui convient le mieux.
J'espère ne pas être contraint à en arriver à la même conclusion ! Plus sérieusement, il faut prendre cet essai comme un signal d'alarme lancé avec clairvoyance, dans un style littéraire tout à fait agréable à lire. Sans pathos et avec concision, les situations matérielles et psychologiques des femmes sont clairement exposées.
Par sa richesse, cet essai nous apprend beaucoup de choses sur nous-même. Et de par sa qualité littéraire, procure un grand plaisir de lecture. La légèreté de l'écriture compense le poids des souffrances endurées par ces héroïnes ... et par le lecteur. Un grand livre qui mérite une grande audience auprès du public.
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