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Critique de trust_me


Saviez-vous que jusqu'au 16ème siècle, garce était le féminin du mot gars. Les dictionnaires lui donnèrent par la suite un autre sens, faisant de la garce une méchante, une fille de mauvaise vie. L'auteur prévient d'emblée : si la garce aime défier les conventions sociales, ne voyez pas en elle une féministe ! Cette femme, le plus souvent « magnifique effrontée », se caractérise en premier lieu par son appétit de vivre : « Elle n'est intolérante qu'à la frustration. »


Dans son éloge, Jean-Noël Liaut dresse une rapide classification des différents types de garces, en commençant par la courtisane, garce parmi les garces, voleuse de mari qui n'aime rien moins que presser ses richissimes protecteurs « jusqu'au moment où ils ne donnent plus de jus. » Ainsi « La Belle Otero », chanteuse et danseuse de cabaret de la belle époque. Fille de prostituée, violée à 11 ans, elle haïssait tant les hommes que les détruire devint son passe-temps favori. Rien ne lui faisait plus plaisir que de comptabiliser les suicides de ses amants délaissés.


Parmi les nombreuses femmes de lettres que l'on peut qualifier de garces, l'auteur retient trois noms : Louise de Vilmorin, connue pour son égocentrisme qui « portait plus volontiers le deuil d'un vase que celui d'un être humain » et qui déclara : « Une personne est intéressante parce que je l'intéresse. » Anaïs Nin, fieffée menteuse qui ne cessait dans son journal de travestir la réalité à son profit. Et enfin Dorothy Parker, célèbre pour son incommensurable méchanceté et sa capacité à afficher au fil de son oeuvre ses multiples dégoûts et sa cruelle lucidité.


Une autre caractéristique de la garce est son coté glamour. L'icône absolue des GG (Garces Glamour, un acronyme imaginé par l'auteur) reste incontestablement la somptueuse Marlène Dietrich. On peut y ajouter Joan Crawford et Bette Davis, flamboyantes garces hollywoodiennes devenues les pires ennemies. Quand Davis balançait, apprenant que Crawford voulait jouer du Shakespeare : « Nous sommes tous tellement excités de savoir que Joan a appris à lire », l'autre rétorquait : « Miss Davis a couché avec toutes les stars masculines de la MGM, à l'exception de Lassie. »


Toujours dans le domaine des garces glamour, on pourrait citer les filles de la famille Gabor qui, à elle quatre (les trois soeurs et leur mère) comptabilisèrent vingt-trois maris. Des croqueuses de mâles assumant leurs actes avec une épatante répartie. Ainsi Zsa Zsa déclara-t-elle : « Je n'ai jamais assez détesté un homme pour lui rendre ses diamants. »


Pour Liaut, le mot « garce » est à l'évidence un titre de noblesse en voie de disparition. Parmi les figures féminines actuelles, il n'y a guère que les couguars et les belles-mères qui méritent selon lui ce qualificatif. Ce n'est pas Blanche Neige et Cendrillon qui diront le contraire. Et puis un dicton italien n'affirme-t-il pas : « La vipère qui a mordu ma belle-mère est morte empoisonnée. »

Cet éloge est donc un bel hommage (certes un peu rapide) empreint de nostalgie. Les suppôts du politiquement correct ont fini par faire des garces une espèce quasi éteinte : « aujourd'hui, l'inventaire des spécimens les plus célèbres de ces trois cents dernières années ressemble à une liste de braves tombés au combat. La garce fière de son état, qui s'affichait avec franchise, sans remords, est délaissée au profit d'une fadeur frileuse et soporifique. » A voir...
Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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