Je m’évade… Un livre, ça s’ouvre comme une fenêtre, comme une porte. Une façon de vivre d’autres vies.
Chaque soir, je guette les expressions de son visage qui varient en fonction du temps qu’il va faire. C’est ça, la magie de la météo. Celle de connaître un peu son destin, ensoleillé ou nuageux, pluvieux ou doux, et d’exorciser la peur du lendemain, face aux précipitations du monde.
Se remet-on un jour du paradis de délices où la vie nous place dans l’enfance ?
Si elle n’avait pas été baptisée, en Espagne elle n’aurait pas pu aller à l’école. C’est une injonction, ce n’est pas un choix ni une adhésion. Il n’y a pas de liberté. Une obligation, ça n’a aucune valeur. De manière générale, elle n’est séduite par aucune forme de religion. Toutes lui apparaissent comme un système hiérarchisé, avec un règlement.
Elle voudrait inventer sa propre religion, celle des livres.
- Mon meilleur médicament, c’est de savoir que tu vas bien.
- Quand j’étais petite, me dit Neige, je voulais être libraire. Je me disais que ça devait être chouette de pouvoir lire tous les livres avant de les vendre ! J’étais naïve...
Elle a même rencontré Monsieur Sepulveda. Une fois, elle est allée à Paris pour lui demander de dédicacer un livre pour moi : « l’histoire d’une mouette et du chat qui lui a appris à voler ». Le plus beau cadeau qu’il soit !
Grâce à la bibliothèque, elle a accès à la littérature. C’est une longue conversation avec plein d’amis formidables.
On dit qu’il y a des personnes que l’on croise, que l’on connaît à peine, qui vous disent un mot, une phrase, vous accordent une minute, et changent le cours de votre vie.
Elle est écœurée par le rôle de l’Église dans la colonisation. Ce qu’on peut faire au nom de dieu pour imposer la foi. C’est monstrueux. Elle fait le parallèle avec ce qu’elle a vécu en Espagne. Là-bas, l’Église est toujours la béquille de Franco. Cette association avec le pouvoir politique, pour Nieves, cela disqualifie l’Église. La spiritualité, c’est autre chose, ça n’a rien à voir. Elle trouve que l’Église est un parti politique comme un autre. Simplement, on ne vote pas tous les cinq ans. Et puis elle n’aime pas qu’ils lui fassent peur avec cette histoire d’enfer. Imaginez ce qui va vous arriver si vous n’êtes pas pratiquants… Les gens ont peur. C’est normal. On ne peut pas y échapper.