L’histoire est affaire de narration. Dire les histoires vraies qui affirment et expliquent notre existence, telle est la tâche de l’historien. Mais la vérité est délicate et elle a des ennemis. Voilà pourquoi, même si nous autres, universitaires, devons la rechercher, nous prononçons rarement le mot « vérité » sans y adjoindre des ornements et des réserves.
À chaque fois que nous racontons une histoire sur une terrible atrocité comme l’Holocauste ou Pingfang, les forces du déni se disposent à l’attaque, à l’effacement, au silence, à l’oubli. L’histoire a toujours posé problème du fait de cette délicatesse de la vérité, et les négationnistes ont toujours pu recourir à l’expédient de traiter la vérité de fiction.
Sans le vouloir, Evan a inventé la technologie capable de mettre un terme définitif à l'histoire en nous privant, nous et toutes les générations futures, de l'expérience émotionnelle du passé à laquelle il accordait un tel prix.
Comme il était attaché aux traditions, il a organisé pour moi la cérémonie du jíjili, où je déciderais de mon biaozì, mon prénom social, le nom que les jeunes Chinois choisissaient pour eux quand ils atteignaient l'âge adulte et sous lequel ils seraient connus de leurs pairs.
La résistance à l'invasion nippone joue un rôle fondateur pour la Chine moderne, comme l'Holocauste pour Israël et les guerres d'Indépendance et de Sécession pour les États-Unis.
La vérité n'a rien d'une fleur délicate et ne souffre pas du déni : elle ne meurt qu'à partir du moment où on étouffe les vraies histoires.
À l’Ouest, on aime le Japon, beaucoup moins la Chine. Les occidentaux ne veulent pas la comprendre. Peut-être qu’ils ne peuvent pas. Nous n’avons rien à dire à ces journalistes. Ils ne nous croiraient pas, de toute façon.
Contre les victimes de ces atrocités, les négationnistes commettent un nouveau crime. Non seulement ils soutiennent les meurtriers et les tortionnaires, mais ils effacent et réduisent au silence les victimes du passé. Ils les tuent une fois de plus.
Trop longtemps, nous tous, historiens compris, avons agi en exploiteurs des morts. Mais le passé n'est pas mort. Il est avec nous. [...] Il nous faut témoigner ; il nous faut parler pur ceux qui ne le peuvent pas.
Le fait que nous ne détenions jamais un savoir total, idéal, ne nous absout en rien du devoir moral qui nous incombe de prononcer un jugement et de prendre position à l’encontre du mal
Au cours d'une période anormale, il a effectué des choix anormaux. Certains en prendraient peut-être prétexte pour affirmer qu'on ne peut pas le juger. Or, comment peut-on juger qui que ce soit, sinon dans les circonstances les plus anormales ? Quand le calme règne, rester civilisé et posé ne présente aucun problème, mais votre véritable personnalité n'émerge que dans les ténèbres et sous la pression; s'agit-il alors d'un diamant ou d'un simple morceau de charbon ?