Émilie, elle, avait toujours peur d’entreprendre quoi que soit, ou de passer à l’acte, même s’il n’existait aucun danger. Il suffisait de prendre l’exemple de ce beau mec à la salle de sport, elle mourait d’envie d’aller lui demander son numéro de téléphone, mais ne trouvait jamais le courage de le faire. Et c’était tout le temps comme ça, elle parlait beaucoup, collectionnait les rêves, les désirs, mais n’accomplissait rien, jamais rien. Indubitablement, cette fille douterait jusqu’à la fin de ses jours, comme l’âne de Buridan.
Une larme coula sur sa joue tendue.
Elle s’assit, retira le couvercle, prit une bande élastique qu’elle noua fermement autour de son bras après avoir remonté sa manche. Puis elle plongea de nouveau la main dans l’écrin de fer pour en sortir une seringue… quand, tout à coup, une autre attaque, comme un coup de fleuret dans l’occiput qui ressortirait par-devant, au-dessus des sourcils. Elle lâcha la seringue pour appuyer son front avec la paume de sa main. Ses yeux, plissés par le mal, fixaient les veines au pli de son coude, des veines qui saillaient sous une peau bardée de piqûres violacées.
Allongée sur le dos, elle fixa quelques secondes le plafond blanc, quand… le mal revint à la charge, déchirant à petit feu les membranes qui recouvraient le fond de ses globes oculaires. Elle savait par habitude qu’elle ne pourrait pas dormir, et aussi, qu’elle ne supporterait pas davantage cette douleur. Sur ces pensées, elle se releva en gémissant, ouvrit le premier tiroir de sa commode, en sortit une petite boîte métallique…
Toujours cette même question. Encore une fois sans réponse. Valène savait seulement que ces maux de tête n’avait rien d’anodin, et qu’une chose terrible se tramait quelque part dans son cerveau, une chose malsaine…
Oui, elle savait qu’elle allait mourir.