A travers gel et désolation, le train roule, sans destination. Toute vie, dehors, à disparu. La terre promise n’existe plus.
J'me souviens aussi de ce vent bizarre survenu brusquement. Un souffle glacé, terrifiant, balayant tout. La vie...La civilisation, effacées en quelques heures.
Vous n'avez jamais entendu parler des frères de la machine ?
Les prêtres mécanos ? Si, bien sur...
Elle est un peu comme les humains, vois-tu... même si elle se suffit à elle-même, comme eux, elle a besoin d'autre chose pour s'épanouir : une présence ... quelques paroles... elle a besoin de... de se sentir habitée!...
En ce voyage sans rémission, tous ont la même destination. Mais certains, déjà, sont arrivés; la gare a pour nom ETERNITE.
Moi, j'ai toujours vécu parmi les livres... Tous ceux qui sont là, je les ai lus... et relus, parfois. Mais je donnerais cher pour sentir encore une fois l'odeur d'un livre neuf...
En ce monde clos et cloisonné, les nantis tout comme les damnés n'ont pour seul et unique horizon que les parois de leurs wagons.
- Certains disent que le paysage défilent moins vite qu'avant...
- Tu veux dire que le train va moins vite?
- Oui... Que la machine s’essouffle... Elle vieillit, elle peine.
- Et si elle s'arrête, adieu la vie! Adieu l'amour!... Sainte Loco, source de vie, roulez pour nous!
Parcourant la blanche immensité d'un hiver éternel et glacé d'un bout à l'autre de la planète roule un train qui jamais ne s'arrête. C'est le transperceneige aux mille et un wagons.
Le coeur finit toujours par transpercer les murs les plus épais.