Le résumé et la couverture m'ont aussitôt tentés à peine le roman proposé par Incartades Editions. C'est donc avec plaisir que je me suis lancée dans les pas de
Constance qui nous narre ses aventures.Etre une femme en plein XIXe siècle n'est pas une sinécure, quel que soit le milieu social, nantis ou simples ouvriers il faut se plier aux règles du chef de famille et de son milieu social. Pour une bourgeoise, un mariage arrangé est un moindre mal, pour les autres, une vie de galère entre enfants et mari parfois violent, les attends.
En toute logique
Constance aurait du se satisfaire, comme son amie Suzanne, d'une vie de femme au foyer, heureuse d'avoir été choisie malgré une maigre dot. Cependant quand un père vous éduque avec un mode de vie plus proche de celui des garçons, que l'on est comme notre héroïne éprise de liberté, des rêves plein la tête, il est impossible de se plier à un destin dont on ne veut pas.
L'auteure nous propose donc un roman féministe dans un contexte politique et social dans lequel les femmes n'ont nul droit de parole( hormis d'être maîtresse dans leurs foyers) et peuvent prétendre encore moins à des postes d'hommes. Que dire quand la jeune fille se plait à dévoiler des connaissances en mathématiques, physique et chimie plutôt que dans l'art de paraître et de tenir une maison ?
Un thème donc intéressant et une épopée qui semble donc prometteuse et passionnante. Cependant la romance se profile très rapidement dès les premiers chapitres au moment même de la première rencontre avec Sir Wallace. Cependant on se laisse entraîner dans les péripéties de
Constance, jeune femme obstinée et volontaire dans sa quête personnelle et des objectifs bien loin du projet de sa famille et l'auteure parvient à nous surprendre avec son dénouement.
Le style de l'auteure m'a très vite décontenancée par son irrégularité ; tantôt plaisant bien dans le contexte social avec des dialogues appropriés et des réparties piquantes qui donnent du punch à l'histoire, tantôt plat de par un vocabulaire limité dans certaines descriptions avec des phrases redondantes, pour ce qui concerne les paysages et les physiques, (et là encore pas toujours, elle m'a agréablement surprise par moment, mais cette irrégularité m'a dérangé), pour parfois tomber dans un excès de technicité avec force détails sur le fonctionnement des fonderies. Cette précision chirurgicale passe une première fois, étant culturellement intéressante et instructive, mais devient ennuyeuse et nuit au rythme du récit, de plus sans grand intérêt majeur pour le roman. En lisant la bio de l'auteure, on comprendra d'où lui vient ce talent et ses connaissances qui passionneront probablement certains lecteurs. Mais pas trop n'en faut dans une romance, je ne cherche pas à suivre un cours de physique/chimie détaillé sur la fusion de l'acier. Et bien que j'aime les décors bien plantés, les descriptions sont trop longues à mon goût.
Que dire du choix d'
Anne Loréal pour sortir son héroïne du destin qui l'attend ? Il me semble que le passage travail à la fonderie, me semble plutôt pas vraiment crédible, d'autant que l'auteure développe dans le détail certaines activités réclamant une certaine adresse et force et je peine à croire qu'une jeune fille de 16 ans puisse la mener à bien. Et ce n'est là, pour moi, que le volet le plus incohérent, tant il y en a d'autres que je ne développerai pas pour ne pas spolier. Les autres révélations sur sa vie durant 2 ans viennent très tardivement, sont un peu détonantes et je désespérais même de les avoir un jour.
Néanmoins malgré de nombreux bémols, j'avoue que la lecture,avec quelques passages digressifs que j'ai fini par sauter, reste addictive et que la curiosité reste vive d'autant que de nombreuses questions vous assaillent et attendent des réponses.
Mais j'ai le regret de ne pouvoir faire une chronique très positive tant j'attendais plus de réalisme dans cette histoire de femme souhaitant prétendre à un reconnaissance de ses capacités, luttant contre la misogynie de l'époque et les à priori. La voie choisie par
Anne Loréal pour son héroïne me semble un peu trop incroyable pour être réaliste dans le contexte de l'époque. Oui tout est trop trop facile et ayant été moi-même manager de nombreux points m'interpellent. Il s'agit d'une fiction, certes, mais j'ai un peu de mal à me détacher de mes besoins de cohérence et de réalisme.
Force est de reconnaître, cependant, le travail d'
Anne Loréal qui s'est documenté sur le contexte social et autres sujets tels que la guerre de Crimée, partageant ses propres connaissance du milieu industriel et mettant dans son héroïne un peu d'elle même probablement, rendant ainsi ce roman culturellement instructif et on ne peut que la complimenter pour cet effort qui donne de la matière à un roman historique en posant ses bases sur des connaissances et pas sur de l'à peu près.
Je remercie Les Editions Incartades pour ce SP et je regrette de ne donner qu'un avis assez mitigé sur mon sentiment; Je ne doute pas cependant que
Constance séduira par sa personnalité la plupart des lecteurs qui porteront un regard moins sévère que moi qui ait beaucoup d'attentes et n'a pas langue de bois SP ou pas.
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