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Critique de OverTheMoonWithBooks


Et tu n'es pas revenu est une lettre très émouvante que Marceline Loridan-Ivens écrit à son père, mort en 1945, à Auschwitz ou dans un autre camp d'évacuation pendant la marche de la mort.
C'est lettre est comme une réponse à une lettre qu'il lui avait écrit pendant qu'ils étaient tous deux à Auschwitz mais qu'elle a perdu.
Ce témoignage m'a rappelé celui de Nikos Kokantzis avec Gioconda dans la mesure où on sent parfaitement que l'auteur écrit sur le disparu alors qu'elle est au crépuscule de sa vie car elle craint une seconde mort de cet être aimé. C'est l'un des pouvoirs de la littérature de pouvoir laisser une trace, bien qu'elle ne puisse panser la blessure.
Marceline Loridan-Ivens avait 15ans lorsqu'elle a été déportée, et comme dans le témoignage d'Elie Wiesel, on sent quelqu'un qui a été détruit et ne vit pas mais survit à la vie avec des fantômes et des sentiments destructeurs qui ne l'ont jamais quittés.
Comme beaucoup de lecteur, j'ai découvert Marceline Loridan-Ivens dans l'émission La Grande Librairie. Et comme beaucoup, j'ai été choquée par les propos qu'elle a tenu sur "les racailles", mais sans vouloir décrédibiliser ses propos, il faut sans doute n'y voir que l'expression d'un sentiment de révolte et d'injustice (parfois mal placé) qui existe chez certains juifs de sa génération face aux musulmans qui ont fait des choix d'intégration différents. En ce qui me concerne, je me garderai de tout jugement à l'emporte pièce - "il faut oublier maintenant" ou "normal c'est pas juste". La littérature permet de se confronter à des visions, des vies différentes des nôtres mais ne nous donne pas le droit de juger pour autant - me semble-t-il. Et c'est de l'oeuvre que l'on parle, oeuvre qui une fois entre les mains des lecteurs fait passer l'auteur à l'arrière-plan lorsqu'il ne l'efface pas totalement.

L'originalité de ce témoignage c'est qu'il parle de la destruction des liens familiaux et de la mort de certains sentiments chez cette rescapée. Finalement, cette lettre est peut-être la preuve qu'il reste bel et bien des sentiments à cette femme, mais les sentiments étant liés à cette figure paternelle, elle ne s'est autorisé à les vivre et à les exprimer que dans ces quelques pages écrites sans recherche de style ou d'effet, mais avec une grande sincérité - et un brin de désespoir. Peut-être faut-il y voir aussi le testament d'une vieille dame qui s'est jeté à corps perdu dans des "grandes causes" (la liberté des peuples surtout) pour retrouver une pulsion de vie et n'y croit plus maintenant. Son histoire nous fait dire qu'en fait, la vie (et tout ce en quoi l'on croit) elle-même n'est rien de plus qu'une grande
illusion.... et il y a des retours à la réalité qui sont indéniablement plus douloureux que d'autres.
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