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Critique de Nat_85


Dans un livre intime et puissant, Marceline LORIDAN-IVENS, rescapée des camps de la mort, évoque les hommes qui ont traversé sa vie.
" Mon corps de femme s'est dessiné en même temps qu'il était condamné. A Auschwitz. Que faire de lui ensuite puisque j'avais survécu ? Serait-il capable de désir, de plaisir... d'aimer tout simplement ? "
Quelle capacité d'aimer a-t'on lorsque l'on est rescapée des camps ?
Ce livre bref - une centaine de pages seulement - , publié aux Editions Grasset, et avec la complicité de la cinéaste Judith Perrigon, est paru en ce début d'année 2018.
"L'amour après" fait suite à son précédent ouvrage "Et tu n'es pas revenu". Agée de 89 ans, Marceline LORIDAN-IVENS,  nous offre ici un récit extrêmement poignant. Née Marceline ROSENBERG, au fil des ans et des amants deviendra Marceline LORIDAN-IVENS.
En redécouvrant une valise qui sommeille depuis un demi-siècle dans un coin...sa "valise d'amour", elle nous fait partager son contenu. A l'intérieur, des centaines de mots, de correspondances, de souvenirs.
Déportée à l'âge de quinze ans à Birkenau, elle y rencontrera une certaine... Simone Veil : "nous étions du même transport, du même quai, du même camp." Ce drame commun les lieront à jamais. 
Après l'horreur du camp, comment se réapproprier son corps ?
p. 17 : " Elles cohabitent dans le même corps, l'une cherche la vie, l'autre flirte encore avec la mort. Il m'a fallu du temps pour les réconcilier."
Quand le corps y a été tellement blessé, comment le reconstituer ? " Je ne ressens rien, je suis asséchée".
p. 19 : " [...] je fuyais mon propre corps, sa mise à nu, à jamais associée pour moi à l'ordre nazi, à son regard humiliant tandis qu'on nous rasait la tête et le sexe, à son verdict : la mort ou le sursis. Jamais, avant le camp, je ne m'étais déshabillée devant quelqu'un, jamais je n'avais vu le corps de femmes nues, ni celui de ma mère, ni celui de mes soeurs. J'ai découvert le mien en même temps que je l'ai su condamné. J'en ai fait une quantité négligeable. Secondaire. Il fallait juste qu'il tienne, qu'il soit sec et solide. J'ai tout vu de la mort sans rien connaître de l'amour."
Mais comment passe-t'on de l'innocence de l'enfance à l'âge adulte lorsqu'on est déportée à seulement quinze ans, et seule ? Comment y survivre ?
p. 20 : " Mais j'ai découvert l'autonomie à Birkenau. J'étais seule, sans famille, contrairement à Simone qui survivait sous le regard de sa mère et de sa soeur. Et quelque chose s'est enclenché pour moi, un processus, un sentiment de liberté - drôle de mot je sais pour évoquer Birkenau - mais ce moment où personne ne vous protège et ne vous commande, ce moment où il faut vivre, en l'occurence survivre, seule. Ce moment où l'on quitte ses parents."
Ses premières amours, Marceline, qui épousera plus tard le réalisateur hollandais Joris Ivens, les cherche d'abord parmi les autres survivants. Elle y évoque notamment sa relation avec Georges PEREC : " deux orphelins de part et d'autre d'Auschwitz". 
Toute sa vie elle prône l'amour libre. Elle combat la notion de jalousie et de possessivité.
Elle évoque également son choix du refus de la maternité.
Elle revendique sa liberté. A dix-sept ans, par exemple, en s'engageant pour aller combattre en Israël.
L'auteure alterne les témoignages bouleversants et drôles. 
Ce livre est une véritable leçon de vie et d'amour, spontané et sans pudeur.
p. 44 : " [...] les livres sont faits pour ça, nous empêcher d'oublier.
Lien : https://missbook85.wordpress..
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