Marceline Loridan-Ivens nous a quitté récemment alors sortir son dernier livre de ma PAL pour le lire est une façon modeste de lui rendre hommage. Et j'ai bien fait car "L'amour d'après" est un récit passionnant écrit avec
Judith Perrignon.
Marceline Loridan-Ivens ne revient pas sur les conditions de sa déportation à Auschwitz mais nous raconte L'aprés, sa vie reconstruite malgré l'horreur inoubliable. C'est là que l'on découvre la force de cette femme.
Alors qu'elle est âgée et devenue presque aveugle, elle réussit à retrouver ce qu'elle appelle joliment sa valise d'amour. C'est une vraie valise où elle a gardé les lettres et documents de son passé amoureux. En l'ouvrant, les souvenirs remontent.
Dans les années 50, à Saint-Germain-des-Prés, Marceline dit qu'elle va choisir de se pencher sur ce qu'elle n'a pas appris plutôt que sur ce qu'elle a vécu. Elle fréquentera les intellectuels germanopratins mais pas seulement car elle aura pour amies celles que l'on nomme les filles perdues.
Elle se souvient aussi qu'elle n'hésite pas à faire l'amour, ce qui était plutôt rare à l'époque. Pourtant elle découvrira le plaisir physique tardivement car son corps n'était pas disposé ; elle l'avait laissé dans les camps de concentration.
Il faut dire qu'elle a aimé et été aimée et j'ai été très impressionné par les lettres de ses amants éperdus dont
Georges Perec et
Edgar Morin.
Ce récit pourrait être sous-titré La jeune fille et la survivante ; c'est ce qui revient souvent et on le comprend aisément. D'ailleurs, elle garde des contacts avec des personnes qu'elle a connues en déportation comme
Simone Veil a qui elle rend un bel hommage. Et puis il y a surtout son grand amour, le cinéaste
Joris Ivens de 30 ans son aîné. Avec lui elle pourra développer sa créativité de scénariste et réalisatrice.
Marceline Loridan-Ivens dit que les livres sont faits pour nous empêcher d'oublier et c'est ce qu'elle nous prouve en femme libre.
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