Cédant à la tradition et n'écoutant que mon courage, je me suis armé d'un gourdin et me suis allongé sur mon canapé pour lire un
Lovecraft en cette période d'Halloween.
Hébé ce court recueil de deux nouvelles a bien réussi à me faire flipper. Pas la terreur absolue à virer la poussière tapie sous le tapis pour se cacher à sa place, non, mais un malaise progressif nourri par l'installation progressive et inéluctable d'atmosphères dérangeantes convergeant asymptotiquement vers une révélation néfaste et franchement dégueu.
Le classique «
La couleur tombée du ciel » imagine la contamination d'une ferme par un truc pas d'ici à la couleur indéchiffrable. La situation se dégrade petit à petit et on se sent de plus en plus mal à l'aise.
Lovecraft sait comment qualifier les choses « pas d'ici », fondamentalement non miscibles dans notre réalité qu'elles pourrissent et maudissent pas à pas. Voir la famille et la propriété de ce pauvre fermier se déliter lentement m'a vraiment mis mal à l'aise. La fin tonitruante, très visuelle et tirant sur le cosmique, m'a fait penser à la nouvelle « Les mangeuses venues de l'espace » de
Frank Belknap Long (que l'on peut trouver dans le recueil
Les chiens de Tindalos). Quant au décor de la vallée quelques décennies plus tard, je me suis demandé s'il n'avait pas inspiré
Tom Sweterlitsch pour son roman
Terminus.
« La chose sur le seuil » joue plutôt sur le thème de la possession, mais la dynamique insidieuse et horrible est la même. Même dégradation progressive d'un personnage qui démarre pourtant bien dans la vie mais qui épouse la mauvaise personne. Même perception ténue de quelque chose que les mots « différent » et « létal » ne peuvent qualifier que par euphémisme. Même malaise qui se développe chez le petit lecteur que je suis.
Bref de la bonne dynamique lovecraftienne. Évidemment sa prose n'est pas ma came préférée. Il n'y a pas de dialogues et je ne raffole pas des atmosphères horrifiques. Mais c'est intrinsèquement de la bonne came d'horreur. Ça remplit mon quota pour plusieurs mois.
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