Un roman choral : ça se dit ? Ou plutôt, un roman plusieurs voix, chacune tenant son registre pour se fondre dans l'ensemble. L'action se passe en Érythrée, à l'époque où l'Italie d'Umberto 1er voulait à tout prix se doter d'une colonie. Futurs colons et militaires se retrouvent dans ce semi-désert dont l'Italie rêve de faire un jardin. Les nombreux personnages, un peu trop nombreux à mon goût, représentent toute la diversité de la société italienne, vue à travers ses dialectes et accents, l'auteur, fin linguiste, allant même jusqu'à distinguer l'accent d'un quartier de Palerme.
Carlo Lucarelli a su rendre à la perfection le fourmillement de cette microsociété transplantée dans la corne de 'Afrique, dont la transpiration constitue le principal secteur d'activité. Comme dans "
Le désert des Tartares" (
Dino Buzzati), on attend l'ennemi, mais rassurez-vous, cette fois-ci il finit par arriver, et ça va sacrément redistribuer les cartes. La traduction de
Serge Quadruppani constitue un effort remarquable pour mettre à notre portée toutes les subtilités linguistiques et ethnologiques de cette oeuvre aux multiples facettes, sans parvenir toutefois à la légèreté qui, on le devine, devait être une des qualités majeures de l'oeuvre originale.
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