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Critique de Henri-l-oiseleur


Mnémos a publié en un seul volume trois romans de Brian Lumley dont l'action se déroule dans les Contrées du Rêve telles que Lovecraft les a inventées. L'action de ces romans a été longuement détaillée par un autre critique, aussi me contenterai-je de prévenir les amateurs de Lovecraft qu'ils ne retrouveront pratiquement rien de ce qui le leur fait aimer, à part le cadre et quelques personnages qu'il a créés. Lovecraft est un auteur fantastique, qui équilibre ses récits entre deux univers, le réel (ou ce que nous croyons tel) et celui du rêve. Les personnages vont de l'un à l'autre et toute l'inquiétude lovecraftienne vient de cette dualité. Lumley recourt, lui, au genre merveilleux : ses héros passent une bonne fois pour toutes de la "réalité" à l'univers du Rêve, et l'essentiel des romans est consacré à leurs aventures dans ce monde parallèle. le ton sera aussi un motif d'étonnement et de déception si l'on veut retrouver "son" Lovecraft : les personnages sont d'aimables aventuriers, voleurs, coureurs de jupons, bretteurs et audacieux. le récit néglige joyeusement toute vraisemblance interne et l'on s'amuse beaucoup à lire ces histoires auxquelles on ne croit pas un instant. En particulier, comme on est dans le genre merveilleux, on ne retrouve pas l'ambiance lovecraftienne d'angoisse et de peur intenses. Tout ceci montre que Lumley est, quoi qu'on dise, un continuateur de Lovecraft : les continuations, pratique qui remonte aux romans de chevalerie, n'impliquent jamais l'imitation du modèle, mais son adaptation et même sa trahison.
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