Trop n'est pas assez est le récit autobiographique d'
Ulli Lust, qui, à 17 ans, décide de quitter Vienne pour aller explorer l'Italie. Rien de bien passionnant a priori, sauf que nous sommes dans les années 80 et qu'Ulli est une ado rebelle et punk qui s'embarque dans cette aventure sans papiers ni argent. En compagnie de son amie Edi, elles vont parcourir l'Italie sur deux mois, passant d'instants de liberté totale aux galères les plus glauques.
Ce récit, je voulais le lire depuis très longtemps. Déjà en raison de son Fauve de la révélation au Festival d'Angoulême en 2011, mais surtout parce que son synopsis me replonge immédiatement dans les souvenirs d'un voyage épique en train en Italie.
La comparaison entre mon expérience et celle de l'auteur s'arrête cependant là. Si je pensais pouvoir très vite m'identifier au récit d'Ulli, c'était sans compter avec les très mauvaises embrouilles rencontrées au fil de son parcours. Prostitution, drogue, viol, mendicité.... Ulli et Edi avancent sans entraves mais en roues libres. Si quelques rencontres et moments heureux viennent ponctuer le récit, il faut quand même avouer que, dans l'ensemble, on est loin de les envier.
Cette succession de galères ajoute bien sûr de la profondeur au récit, mais je me suis pour ma part un peu lassée. Je ne doute pas de l'honnêteté et de la franchise de l'auteur, mais j'ai trouvé rapidement pénible que tous les italiens soient décrits comme des assoiffés de sexe et des violeurs. On est ici vraiment dans le "trop et assez" même pour l'Italie des années 80. Ou alors Ulli et Edi sont des aimants à pervers et à problèmes?
Un petit mot sur le coup de crayon qui est assez simple et souvent volontairement grossier. Tout semble ainsi plutôt triste et sale, impression encore renforcée par la palette de gris-vert utilisée. Sans avoir complètement accroché au dessin, j'ai cependant beaucoup aimé certaines planches qui montrent avec beaucoup de finesse, de justesse et d'imagination les émotions d'Ulli.
Une BD que je pensais adorer mais qui m'a dérangée en raison de son ton trop glauque et déprimant. J'ai eu de la peine à m'identifier et à compatir avec Ulli et Edi, qui attirent les ennuis à la pelle sans réellement se remettre en question. Je pense que mon expérience personnelle a joué en défaveur de ma rencontre avec ce roman graphique, qui reste toutefois un récit initiatique original.
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