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sur 166 notes
Cela fait un petit moment que l'on m'avait donné ce livre. Intriguée par la couverture (comme d'habitude), je l'avais mis de côté, me disant que je le lirai plus tard mais retardant, je ne sais pas pourquoi, le moment de le lire et puis ça y est et, alors que je referme la dernière page, je reste sans voix ou plutôt sans mots pour décrire mes émotions.

Il est vrai, comme si bien dit en quatrième de couverture, que ce livre est inclassifiable, qu'il "transcende tous les genres" car c'est à la fois une autobiographie, un livre sur l'élevage des autours, un livre sur le deuil mais sur bien d'autres thèmes encore.

Helen, notre autrice protagoniste se retrouve dévastée suite au décès de son père et elle, qui depuis toute petite, s'est fascinée pour les autours, se lance le défi incroyable d'en élever un. Alors, autant être franche, avant d'ouvrir ce livre, je ne savais pas qu'il y a avait une espèce de rapace appelée autour, si bien que j'ai d'abord cru la première fois que j'ai rencontré le mot, qu'il y avait une erreur de grappe et que l'auteure voulait parler d'un vautour mais après vérification (il n'est jamais trop tard pour apprendre après tout), je me suis vite familiarisée avec cette nouvelle espèce pour moi, comme Helen avec son autour. Tout commence par un concours de circonstances car ce n'est pas celui-ci qu'elle avait commandé mais en le voyant -enfin en la voyant, elle savait que cette femelle autour était pour elle et arrangement avec le vendeur fut vite conclus. Mabel, comme elle l'appellera, sera désormais sa raison de vivre ou du moins de survivre suite à l'immense vide qu'a laissé son père dans sa vie. Désireuse d'apprendre, elle s'instruira beaucoup grâce aux livres de T.H. White qu'elle possédait depuis l'enfance et de la propre expérience de ce dernier avec Gos, son autour à lui, mais il s'agissait d'une autre époque et Helen devra sans cesse s'adapter, apprendre des erreurs de White pour ne pas faire les mêmes et surtout, et là et le plus dur, gagner la confiance de Mabel. C'est donc un parcours long et semé d'embûches qui se présente à Helen mais cela ne lui fait pas peur.

Un roman autobiographique bouleversant, extrêmement bien écrit et qui, chose que je redoutais un peu, n'est pas du tout lassant, bien au contraire. Bien qu'il n'y ait pas de sensations fortes, le lecteur (moi en tout cas) vibre avec Helen à chaque progrès qu'elle fait dans les liens qui se tissent au fur et à mesure des pages avec Mabel, tremble avec elle lorsque celle-ci se perd, espère lorsqu'elle la lâche pour la première fois et en ressort grandi et un peu frustré à la fin mais cela est une autre histoire ! Un ouvrage que je ne peux que vous recommander il va sans dire et bien que j'aurais aimé que l'aventure se poursuive, je referme cet ouvrage à regret mais ravie de cette lecture hors normes !
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Fracassée par le décès de son père, Helen vit une période de deuil difficile, se concentrant en solitaire sur le dressage d'un rapace. Une formation à la chasse très ardue pour cet oiseau agressif et farouche, qui demande patience et détermination.

Ce livre est une heureuse surprise, d'autant plus sympathique que je ne m'attendais pas à prendre autant de plaisir à suivre les explications de l'art de la fauconnerie. le travail d'Helen est mis en parallèle avec celui de ses prédécesseurs, s'appuyant sur leurs expériences plus ou moins réussies et par la littérature qui s'y attache au fil des siècles.

Néanmoins c'est un livre qui se mérite, imprégné de tristesse et de solitude.

La mort plane sur les pages, entre le deuil de la jeune femme et l'instinct de prédation du rapace. L'oiseau comble le vide laissé par un père solaire et tant aimé. L'introspection est permanente, le décryptage analytique des sentiments souvent tortueux, et peut désarçonner ceux qui s'attachent à suivre les progrès de Mabel et les joies et déceptions de son dresseur. Par cette intimité imposée, apparaissent les questionnements du rapport à l'animal, à la domesticité, et à l'attirance pour un état sauvage authentique.

Une écriture visuelle et descriptive qui promène le lecteur dans la campagne anglaise et une puissance d'analyse psychologique: deux facettes d'un livre étonnant et très original.
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J'ai lu ce livre dans le cadre d'une opération masse critique et je remercie les éditions fleuve et babelio.
L'héroïne, Helen, est passionnée depuis l'enfance par la fauconnerie. Pourquoi pas. Elle est aussi, entre deux balades au parc épervier au poing, chargée de cours à Cambridge, mais son contrat tire à sa fin. Brutalement, son père très aimé et très aimant meurt. C'est un deuil impossible pour Helen, son monde s'effondre et disparait, elle est perdue dans le nouveau ...Alors elle decide...que la seule solution c'est évidemment...de dresser un autour ...Non, non, pas un vautour, un autour. Je répète, un autour. C'est quoi un autour ? Je vous sens titillés d'une immense curiosité... Et bien,dame, c'est un épervier, mais en plus gros. Dingue, hein ? Je n'avais pas lu ça dans Flaubert. Ce benêt s'était arrêté aux perroquets...maintenant je me demande avec anxiété quelle est exactement l'espèce du perroquet de Félicité...
Bref. L'autour est réputé depuis le Moyen Âge pour sa difficulté, sa cruauté, ses caprices, son goût du sang...un vrai défi. Bon, et la suite ? Et bien c'est tout. On va dresser le perroquet, euh, pardon, l'autour, et puis voilà.
Je n'ai pas flambé pour ce livre. D'abord les défauts, à mon humble avis. Ça part dans tous les sens et ça ne va nulle part. Papa, Mabel ( l'autour), TH White - qui c'est ça ? Un auteur - pas un autour huhuhu- des années 1930 qui lui aussi a dressé un autour pour soigner sa dépression, mais s'y est pris comme un manche... pauvres animaux anti depresseurs...Helen craint de faire aussi mal que White- c'est moyennement intéressant. Promenades au parc avec Mabel, Mabel va-elle- réussir à voler seule, Mabel tue son premier lapin ...Papa me manque, White faisait vraiment n'importe quoi avec son oiseau blabla bla...
Les qualités, car il y en a : c'est extrêmement bien écrit, tellement bien qu'au début, on se dit qu'on va réussir à s'intéresser à la fauconnerie... Mais après ça s'enlise. Ensuite, le meilleur, à mon avis, c'est la relation de l'oiseau et de l'être humain, avec une véritable tentative de la part d'Helen pour montrer l'altérité de l'animal, son comportement et sa pensée non humaine, sa beauté sauvage. Mabel est merveilleusement décrite, avec ses yeux orange, ses regards, ses culottes de plumes, ses ailes qui se déploient, sa maladresse, ses serres tranchantes, son bec d'airain, ses mimiques, et sa parfaite étrangeté. Helen lutte avec ardeur contre l'anthropocentrisme...Je n'avais jamais lu quelque chose comme ça, ce qui justifie trois étoiles.
Un livre donc un peu brouillon, parfois un peu ennuyeux, mais avec des fulgurances de style et d'idées qui font de l'auteur quelqu'un à suivre.
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Aïe aïe aïe... Ce livre m'a terriblement ennuyée, mais il m'a également mise très en colère. Plus je tournais les pages, plus ma misanthropie se décuplait. Ce livre est malgré lui, une ode à l'égoïsme, l'égocentrisme et à cet incroyable sentiment de supériorité plus ou moins inconscient de l'humain sur les animaux. Tout au long du livre, je n'ai cessé de me poser une question : comment peut-on prétendre aimer, adorer les oiseaux, et ce, avec un immense A, et cautionner la fauconnerie ? Bien entendu, mon opinion personnelle rentre en jeu, mais outre l'aspect éthique qui m'a dérangé, l'histoire en elle-même m'a profondément lassée. Un nombre incalculable de passages entièrement dédiés aux oiseaux, à leur dressage, à leur quotidien, aux termes techniques... Un amoureux des oiseaux et de leur univers tomberait certainement amoureux de ce livre, mais j'ai beau être moi-même très sensible à l'environnement et à la condition animale, ce livre est selon moi beaucoup trop procédurier.
Cependant, j'ai adoré les passages plus personnels, relatant des souvenirs, qui eux, sont emplis de tendresse, de fragilité et de profondeur. Ces moments-là sont émouvants et parfaitement bien retranscrits. La qualité de l'écriture dans son ensemble d'ailleurs, est remarquable.
Je suis donc, à mon grand regret, très déçue par la lecture de cet ouvrage...
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Merci à Fleuve !
M pour Mabel est l'autobiographie d'Helen Macdonald, sur une certaine période de sa vie. Son père vient de mourir : dévastée par cette mort soudaine, Helen va passer par toutes les passes du chagrin et du deuil. Une des décisions qu'elle prend est de changer de domaine en fauconnerie. Laissant les rapaces dont elle s'occupe normalement, elle décide de s'occuper d'un autour, réputé pour être un des rapaces les plus sauvages et les plus difficiles à apprivoiser. Cet autour, une femelle qu'elle a nommée Mabel, va lui permettre de se recentrer, se concentrer sur elle-même et l'aider à sortir de sa spirale de chagrin.
M pour Mabel est un livre qui me tentait énormément, surtout grâce à sa couverture et son résumé. Etant petite, j'avais envie de devenir beaucoup de choses, comme pirate, samouraï, photographe... Ou fauconnière ! Ce n'était pas tant de devenir fauconnière pour élever des rapaces, et les garder comme des animaux domestiques, mais plutôt recueillir les blessés, les aider à se rétablir et à pouvoir chasser de nouveau, avant de les relâcher dans leur milieu naturel. Les rapaces sont des animaux qui m'ont toujours fasciné, car malgré le fait que certains vivent aux côtés de l'homme, je trouve qu'il garde cette nature sauvage, non-domestiqué... Contrairement aux animaux domestiques comme les chiens, chats, lapins, chevaux, etc, les rapaces m'ont toujours paru gardés une grande indépendance et une pureté sauvage.
Ce livre entremêle deux histoires : celle d'Helen, bien sûr, mais aussi celle d'un homme, T.H White, qui raconte comment il a élevé son autour, décrit son expérience dans un livre, un livre qu'Helen va redécouvrir, étant donné que c'est un livre qui l'a énormément frappé étant enfant. Je préfère prévenir tout de suite : M pour Mabel emploie beaucoup de langage technique sur le dressage des rapaces, le matériel utilisé, à leur quotidien... Il y a également de nombreux passages qui se veulent philosophiques, ou en tout cas transmettre les pensées de l'auteure sur la vie, sur sa vision du monde. Mais Helen Macdonald écrit aussi beaucoup sur ses états d'âme, sur ses pensées, ses souvenirs.
(Mon avis complet sur mon blog.)
Lien : http://chezlechatducheshire...
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L a fauconnerie, je n'y connaissais rien avant d'avoir ce livre en main. Je ne connaissais rien aux rapaces non plus. Désormais, mes lacunes en la matière sont un peu réduites. Car sans être rébarbatif, Helen Mcdonald nous donne la base des connaissances en la matière, que ce soit pour le vocabulaire, car il y a un véritable jargon lié à cet art, mais aussi sur le dressage et l'apprentissage de cette race d'oiseau qu'est l'autour.

Car oui, c'est un véritable art. Un art ancestral que celui de savoir dresser un animal aussi dangereux, imprévisible et féroce.

Attention, je ne parle pas ici de Monsieur tout le monde, qui veut s'accaparer un animal sauvage pour son plaisir propre et limité, sans savoir à quoi il s'engage. Des imbéciles, il y en a partout, et pas seulement avec des animaux "exotiques".

Non, ce n'est pas l'objet dans ce livre. L'auteur nous décrit sa propre expérience basée sur un amour profond qu'elle ressent envers les rapaces. Son histoire nous dévoile une symbiose totale entre elle et son animal.
Les rares personnes dont elle s'entoure sont d'ailleurs, comme elle, de véritables passionnés, des gens qui apprennent, qui lisent, qui échangent sur le sujet.

Détenir un rapace n'est pas donné à tout le monde. "On ne devient pas fauconnier, on né fauconnier".
Le dressage, qui se divise en plusieurs étapes, commence par la "socialisation" dans laquelle le fauconnier s'isole avec son oiseau pour parvenir, armé de patience et de douceur, à ce que le faucon accepte le dresseur.
Puis, comme pour un autre animal ou un petit enfant, il faut le sortir tous les jours afin qu'il s'habitue aux bruits et à tout ce qui l'entoure. car l'oiseau est craintif. Ensuite, viennent les exercices où l'oiseau doit revenir sur le poing du dresseur, chercher sa pitance. Sur des distances de plus en plus grandes. Pour enfin lui laisser la liberté de chasser lui-même son gibier, sans aucune entrave, et pouvoir s'en nourrir.
Si le dresseur est un bon dresseur, l'oiseau reviendra toujours de lui-même. S'il est un mauvais dresseur, l'oiseau ne reviendra pas et reprendra son indépendance.

Parce que le rapace est dressé, mais il ne sera jamais domestiqué. Après avoir lu ce livre, je suis sûre que ce n'est pas le but ni la volonté des vrais professionnels.

Bien sûr, le livre, raconté comme un roman, est autobiographique et n'est pas un ouvrage de vulgarisation sur la fauconnerie.
C'est un voyage dans le subconscient de l'auteur qui se dévoile. C'est avant tout l'histoire d'Helen Mcdonald qui fait un véritable travail d'introversion suite au décès de son père. Un travail de deuil, qu'elle relie avec l'acquisition de cet oiseau, Mabel. Son père qui avait une fascination pour les avions. Elle achète un oiseau. Veut-elle voler elle aussi ?
L'auteur se remet constamment en question, autant dans sa capacité à dresser un animal sauvage, que dans sa capacité à revivre après la perte de son père. A renouer des liens avec les siens. Car elle pensait que, pour élever un rapace, elle devait devenir elle-même rapace, loin des hommes et si proche de la nature.

Ce livre est un hommage au père qu'elle a aimé et admiré.
C'est aussi un hommage à la nature qu'elle a appris à connaître et à aimer grâce à son oiseau.
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A la page 61 de M pour Mabel, Helen Macdonald nous prévient :
«Le livre que vous lisez est mon histoire. Ce n'est pas une biographie de TH White. Mais White appartient à mon histoire quand même. Je dois l'y inclure parce qu'ily a été présent.»
Helen est une prof à Cambridge. Elle se passionne pour la fauconnerie et a lu de nombreux ouvrages sur le sujet. Son père, un photographe célèbre accompagne la passion de sa fille et lui permet d'accéder à ce monde fermé et surtout réservé aux hommes. Aux aristocrates. «Des hommes qui descendaient en costume de tweed de leurRange Rover cabossée ; des hommes de la haute société, qui me proposaient du tabac à priser et dont la prononciation trahissait le passage par Eton et par Oxford.»

A la mort de son père, elle décide d'apprivoiser une espèce particulière de faucon, un autour, dont on apprend qu'il a toujours eu mauvaise réputation auprès des fauconniers. Au 16ème siècle, le poète normand Gace de la Bigne n'écrivait-il pas :
« de bons ostours te faut avoir, mais ne gardez en la chambre des fauconniers ces malgracieux ostrucieux (...) ils sont maudits en l'escripture, car de compagnie n'ont cure»
Plus tard un fauconnier anglais, Baine dira de l'autour qu'il était : «...un scélérat : une brute meurtrière, difficile à dresser, maussade, indisciplinée.»
L'éleveur qu'elle contacte lui affirme :
«C'est très simple. Si vous voulez un autour bien élevé, il n'y a qu'une chose à faire. Lui donner l'occasion de tuer. Aussi souvent que possible; le meurtre, y a que ça pour lui remettre les idées en place.»

L'histoire raconte l'histoire de la relation entre Mabel, une jeune autour et Helen. de la difficulté de cette dernière à gérer une relation privilégiée avec l'oiseau qui, de fait, exclut pour un temps, tout compagnie humaine.
Et de citer ce vers de la poétesse américaine Marianne Moore :
«Le remède contre l'isolement est la solitude.»
Helen s'interroge sur l'attitude à adopter et, pour cela, fait souvent référence au roman de TH White «L'Autour» qu'elle a lu étant jeune et dont elle fait son livre de chevet.
La personnalité de White est complexe, c'est un prof, un homosexuel refoulé qui s'impose des obligations (comme la fauconnerie) pour être accepté dans la bonne société. Pour Helen il est à la fois un miroir et un repoussoir.
TH White affirme qu'il dresserait son oiseau sur les ruines de son ancienne vie.» Helen, elle, affirme : «Quand vous êtes brisé, vous vous mettez à courir droit devant vous...je n'avais pas les mêmes raisons que White mais je courais moi aussi.»

J'ai lu ce livre avec intérêt. Pour le sujet lui-même (une jeune femme qui apprivoise un faucon) et aussi pour Helen elle-même. Sa personnalité. ses efforts pour comprendre le monde. Ses interrogations. Ses tristesses. Ses hésitations.
Ce roman est très loin des romans que j'ai l'habitude de lire, une littérature d'évasion, de fuite, où l'on se confronte et s'identifie avec des personnages souvent très loin de soi. En un mot, des héros.
Helen Macdonald propose un récit où l'on se confronte avec soi-même. Où l'on partage les interrogations de la narratrice, mais il faut pour cela accepter le cadre du récit et cette relation, qui peut rebuter certains lecteurs, qui s'établit et s'amplifie au fil des pages, entre l'héroïne et son faucon.
A la page 21 du récit le lecteur peut lire :
« le simple fait qu'il y ait des autours en Grand Bretagne m'emplit de bonheur. Leur existence dément l'idée que la nature sauvage doive nécessairement être quelque chose qui n'a jamais été touché par la coeur ou la main de l'homme. La nature peut être l'oeuvre de l'homme.»
Après la lecture de cette phrase, les propos des premières pages,qui peuvent lui sembler décousus, se précisent. L'homme et le faucon sont tous les deux des prédateurs, exploitant la nature, chacun à leur manière.

L'écriture d'Helen Macdonald donne à ce roman, dont le thème pouvait apparaitre rebutant , une dimension humaine rare.

«Les livres qui racontent l'histoire d'humains se réfugiant dans la nature pour échapper à la douleur et au deuil appartiennent à un genre de récit très ancien, si ancien qu'il est devenu aussi inconscient et invisible que le fait de respirer.»

Finalement, Mabel ramène Helen vers les humains et lui en donne une vision sans concession, loin des artifices et des faux-semblants du folklore rural, de la chasse et de la fauconnerie :

«...les collines crayeuses possédaient leur propre histoire, une histoire nationale autant qu'une histoire naturelle. Beaucoup plus tard aussi, j'ai réalisé que ces mythes étaient dangereux. Qu'ils fonctionnaient pour effacer d'autres cultures, d'autres Histoires, d'autres manières d'aimer un paysage, d'y travailler et d'y exister. Plus tard encore, j'ai compris comment, imperceptiblement, ils avancent vers les ténèbres.»

Plus loin encore, alors qu'elle fait voler Mabel, elle croise un couple de voisins et tente d'établir le contact avec eux, l'homme a
«un large sourire qui soudain disparaît et se transforme en une expression que je ne comprends pas.
Ca donne de l'espoir, n'est-ce pas ? (...)
De l'espoir ?
Oui. N'est-il pas réconfortant que des choses comme celles-ci existent toujours, un vrai morceau de notre bonne vieille Angleterre, malgré tous ces immigrés qui nous envahissent ?
Je ne sais quoi répondre.

Brûlante actualité...

Ce livre reçu dans le cadre d'une masse critique (merci Babelio et les Editions Fleuve) est une véritable découverte que je recommande vivement. Helen Macdonald. Un auteur à découvrir.
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La couverture de ce livre donne tellement envie d'aller à la rencontre de cet autour, Mabel, qu'Helen adopte et dresse pour panser ses propres blessures. Un roman autobiographique sur le deuil impossible de son père, sur sa passion pour la fauconnerie mais aussi sur la profonde dépression qui l'a conduite, par erreur, à s'éloigner des hommes. Helen cherche dans la fauconnerie, dans la proximité avec la nature, une guérison qui ne vient pas. le dressage de l'autour, périlleux, fait remonter en elle tout un tas de choses qui entretiennent son mal-être. C'est poignant de la voir se battre ainsi contre elle-même qui croit se battre contre un faucon !
En parallèle, Helen raconte l'histoire de TH White, un écrivain fauconnier ayant suivi le même chemin qu'elle, la thérapie par l'animal et la solitude... Ces passages, un peu longs, sont ceux qui m'ont le moins plu. J'ai préféré tous les moments avec Mabel, mais aussi toutes les avancées introspectives d'Helen, le lien avec son père, photographe passionné d'avions... Mais aussi l'ode à la campagne anglaise, pas du tout idéalisée, au contraire ; une campagne rude, vraie, où la chasse est un vrai combat.
Bref, un excellent roman autobiographique, tout à fait inclassable, auquel on ne peut reprocher que quelques longueurs, mais qui apporte un je-ne-sais-quoi de positif, d'humain, de profondément optimiste.
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Le titre initial “H as hawk” -
le dictionnaire précise : Hawk : diurnal bird of prey once much used in falconry, with rounded wings horter than falcon's »
Avec un tel titre je ne pouvais certes pas imaginer autre chose qu'un récit sur la fauconnerie, qui, se définit par l'art de capturer le gibier en usant d'un oiseau de proie dressé. J'envisageai des moments de lecture difficiles, certains passages furent, effectivement, douloureux et engendrèrent crispation et souffrance : j'abhorre l'élevage et le dressage d'animaux par l'homme pour satisfaire à ses plaisirs de tuerie tels que la vénerie, le combat de coqs, de chiens, la corrida bien sûr …(je fais une exception bien hypocritement avec le cavardage, la seule victime dans ce cas étant la truffe !)
Quand le père d'Helen décède d'une crise cardiaque, très attaché à lui, elle sombre dans la déprime, la neurasthénie. C'est l'achat et l'affaitage d'un autour, cette sorte d'épervier, en plus gros, gris avec le dessous strié de noir et blanc à longue queue, aux yeux jaunes qui va lui permettre de reprendre pied, de sortir de ce pesant ennui. Depuis sa tendre enfance, elle en rêvait de manière compulsive et pour compenser ce besoin, elle devint férue en la matière grâce à la lecture de nombreux ouvrages sur ce sujet.
En domestiquant peu à peu, difficilement, patiemment cet animal sauvage, elle va reprendre pied, retrouver le goût à la vie. Cet oiseau sera Mabel.
Un roman aux qualités intrinsèques : de longs passages lyriques, de belles descriptions de la nature. L'ouvrage est construit sur des connaissances techniques incontestables concernant la fauconnerie, ( référence au poète Gace de la Bigne l'auteur des Déduits de la chasse, traité de fauconnerie et de vénerie, au major C.H. Fisher, à Gilbert Blaine et surtout à T. H. White) On ressent profondément l'amour d'Helen pour son oiseau , mais il n'en reste pas moins que ce roman parle aussi de l'homme qui dresse complaisamment un animal à donner la mort, et pas seulement, aux seules fins de se nourrir .
J'ai apprécié le graphisme et le dessin de la couverture, illustration sobre, élégante, aux couleurs rétro.
Merci aux Editions Fleuve et à Babelio de m'avoir initiée, malgré mes réserves, à la fauconnerie en m'offrant ce livre, en avant-première de la Rentrée littéraire.

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Les rapaces et les fauconniers fascinent Helen depuis son enfance. Marquée par les livres qu'elle a lus sur le sujet, elle s'intéresse particulièrement aux relations entre le rapace et l'homme - la fauconnerie est longtemps demeurée une discipline masculine, réservée à l'aristocratie.
Après le décès brutal de son père, Helen sombre dans la dépression. Elle acquiert alors un autour* qui accapare son attention, sans toutefois la détourner entièrement de son chagrin. Elle s'interroge en permanence sur l'intensité de sa relation avec cet animal aux comportements indépendants et complexes (en comparaison avec ceux des faucons réputés plus faciles à dresser).
En alternance avec cette introspection à caractère psychanalytique, Helen présente la biographie de Terence Hanbury White, auteur d'un témoignage sur le dressage d'un faucon. Là aussi les relations entre l'homme et l'animal sont minutieusement présentées.
La profondeur des analyses psychologiques d'Helen et de White constituent probablement une richesse de l'ouvrage. Mais le sens poussé du détail finit par rendre la lecture fastidieuse. J'ai donc trouvé ce roman parfois monotone et eu de la difficulté à le terminer.

* autour : oiseau de proie de l'ordre des falconiformes.
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