AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Lamifranz


Parfois, ce n'est pas l'école qui nous attire vers les auteurs, mais, bien plus tard, les lectures personnelles et les rencontres : j'ai eu espagnol en 2eme langue vivante de la troisième à la Terminale, mais je n'ai rencontré la poésie espagnole que bien des années après quand un copain m'a fait connaître Paco Ibañez. Si vous êtes hispanisant, de près ou de loin, vous connaissez certainement ce chanteur qui a consacré sa carrière à mettre la poésie espagnole en chansons, depuis le Moyen-Age jusqu'à nos jours, de Jorge Manrique à Rafael Alberti, en passant par Garcia Lorca et Antonio Machado. Si le domaine vous intéresse, précipitez-vous sur les CD de ce chanteur, je vous garantis que vous ne le regretterez pas.
C'est donc grâce à Paco que j'ai découvert Antonio Machado (1875-1939). Je savais qu'il était un grand poète espagnol, contemporain de Federico Garcia Lorca, mort à Collioure (cf Jean Ferrat/Aragon : « Machado dort à Collioure, cinq pas suffirent hors d'Espagne, que le ciel pour lui se fit lourd, il s'assit dans cette campagne, et ferma les yeux pour toujours »). Mais je n'ai n'avais jamais lu aucun de ses poèmes.
Ses liens avec la France ont toujours été très forts (il était professeur de français) et tout naturellement quand la Guerre civile le poussa à l'exil, c'est en France qu'il vint finir ses jours (à Collioure, précisément), il n'avait que 63 ans. Très actif pendant la résistance au franquisme (alors que son propre frère, poète comme lui, était passé dans le camp nationaliste) il écrivit un émouvant poème sur la mort de son ami Federico Garcia Lorca :
« On le vit, avançant au milieu des fusils,
Par une longue rue,
Sortir dans la campagne froide,
Sous les étoiles, au point du jour.
Ils ont tué Federico
Quand la lumière apparaissait.
Le peloton de ses bourreaux
N'osa le regarder en face.
Ils avaient tous fermé les yeux ;
Ils prient : Dieu même n'y peut rien !
Et mort tomba Federico
- du sang au front, du plomb dans les entrailles –
- Apprenez que le crime a eu lieu à Grenade
- Pauvre Grenade ! – sa Grenade… »

Machado était le poète de toutes les émotions humaines : Campos de Castilla (Champs de Castille), un de ses plus beaux recueils est un hymne d'amour à la terre espagnole (lui-même était né à Séville, en Andalousie). On lui doit également de magnifiques poèmes d'amour dédiés à sa femme Léonor. Et bien entendu, nombre de poèmes sont consacrées au destin de son pays dans les jours les plus sombres de son histoire.

Avec Garcia Lorca, Machado est sans doute le plus grand poète du XXème siècle, tous deux ont influencé grandement les poètes qui ont suivi, comme Rafaêl Alberti (immense poète lui aussi, auteur du célèbre « A galopar ») ou, moins connu mais tout aussi important, Juan Agustin de Goytisolo.

Ya viva España !

Commenter  J’apprécie          50



Ont apprécié cette critique (4)voir plus




{* *}