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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Il y a des livres dont on doit partager son enthousiasme sans attendre :

"Des hommes en devenir" est un FORMIDABLE recueil de 10 nouvelles écrites par Bruce Machart et brillamment traduites par François Happe.

Il faut le lire immédiatement tellement c'est bien !

Pourtant je ne suis pas forcément fan de nouvelles... Mais quand on aime la littérature étrangère (Zweig, London, James, Fitzgerald, Fromm, Murakami, Buzzati, Bolaño et bien d'autres), il arrive un moment où on s'aperçoit qu'elles se sont infiltrées, mine de rien, dans votre bibliothèque... et que ce genre ne vous laisse pas si indifférente que ça !

Alors pourquoi cet ÉNORME coup de coeur pour CE recueil de nouvelles ?

Peut-être parce que c'est magnifiquement écrit et que Bruce Machart nous décrit avec subtilité des hommes "brut de décoffrage" à qui il manque un petit quelque chose pour être de vrais hommes...

Et il n'y a qu'une seule façon de savoir ce qu'est ce petit quelque chose... en lisant les nouvelles de Bruce Machart !

En plus "Des hommes en devenir" est un Totem de Gallmeister... donc il n'y a aucune excuse à trouver pour ne pas l'avoir ;)
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Heureusement, heureusement qu'il fait beau. Heureusement, heureusement que le retour du soleil provoque un haut-les-coeurs général. Pas un haut-le-coeur, haut-les-coeurs. Parce que sinon je n'aurais jamais été capable de lire ce recueil de nouvelles. Et j'y aurais probablement beaucoup perdu, parce qu'elles sont toutes superbes. Mais dures. Extrêmement dures. Pas une seule de gentille, de douce, de complaisante. Toutes, elles parlent de gens abîmés, détruits. D'enfants qui meurent, de parents qui sont en fuite, de couples détruits. Des hommes en devenir, vraiment ? Mais il me semble que le devenir de tous ces hommes, là, est déjà oblitéré. Un aller simple, merci, au revoir. Non, non, on ne prolongera pas le voyage.


Peut-être que la fin de cette période hivernale coïncide avec ma capacité revenue à lire des ouvrages qui ne parlent pas uniquement de joie, de bonheur, de grenouille et de betterave (c'est la même chose). Ou alors peut-être qu'il faut la force créée par des semaines de lecture de jolies histoires pour avoir celle de lire un texte aussi dur. Ou alors, enfin, peut-être que ce texte ne me paraît dur qu'en comparaison du bain de gentillesse dans lequel j'ai baigné. Mais en tout cas, en refermant ce recueil, j'ai eu besoin de souffler. J'ai envoyé un texto à Christine en lui disant : « le Machart, oh la vache » et puis j'ai retrouvé le chemin de mon carnet dont la page blanche faisait moins peur que les pages noircies des nouvelles et sur lequel j'ai eu l'impression que mes pattes de mouche chassaient les images laissées par Machart.

Vous me direz, je pourrais aussi écouter des choses plus gaies que l'ouverture de Tannhäuser en lisant ça. Oui, mais c'est pareil. C'est trop bon pour passer à côté.
Lien : http://www.readingintherain...
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J'avais repéré Bruce Machart lors de la sortie de son premier roman "Le sillage de l'oubli", livre qui attend toujours d'être lu dans ma bibliothèque, c'est donc par son deuxième roman que j'ai commencé ma découverte de cet auteur.

Ici, point de roman mais un recueil de nouvelles qui ont toutes plusieurs points en commun.
Elles mettent toutes en scène des hommes qui sont soit sur la route, soit à travailler et qui soudain découvrent une faille en eux.
Pour l'un c'est de s'apercevoir que sa femme n'est finalement pas heureuse : "Vous remontez dans votre pick-up, et le diable vous emporte, mais toutes ces années, vous aviez pourtant cru qu'elle avait toujours eu ce dont elle avait besoin. L'avion épandeur fait un dernier passage avant de s'éloigner vers l'horizon en feu, le diable vous emporte.", pour un autre que l'enfant mort né manque à son couple, ou encore pour un autre d'apprendre à vivre avec son enfant depuis la mort de sa femme, ou encore celui qui est assailli par la culpabilité de ne pas avoir profité de la vie avant son accident : "Il entre maintenant sur l'autoroute et, comme s'il voulait distancer le sentiment de culpabilité qu'il sent déjà se rapprocher discrètement dans son sillage, il enfonce la pédale d'accélérateur.".
Il est aussi question d'apprentissage, du sens de ce qu'est "devenir un homme", notion très bien illustrée dans la nouvelle "On ne parle pas comme ça au Texas" où un jeune garçon dont le père est mort avant sa naissance fait la rencontre de son grand-père durant les vacances d'été, ce dernier lui apprenant le parler au Texas : "Tu ne peux pas t'excuser d'avoir tué, mon garçon, ni d'être mort d'ailleurs. Ca rime à rien. Ou bien t'es trop mort pour prononcer les mots ou t'es trop mort pour les entendre.", et l'attitude à avoir en toute circonstance au Texas.
Ces nouvelles mettent donc toutes en scène des hommes qui se cherchent, qui ne se trouvent pas toujours, qui hésitent, qui tâtonnent, et dont la morale de la dernière nouvelle conclut ce récit en toute beauté : "Vous ne sentiriez pas les flots de lumière qui le pénètrent et le soulèvent de telle manière qu'il se met à flotter dans les airs, en direction de l'écoutille ouverte au-dessus de lui, s'élevant dans la clarté qui le trouvera, dans quelques minutes à peine, non pas sur le pont d'une plate-forme de forage, mais dehors, dans son allée, une boîte isotherme à la main, dehors, dans un monde lumineux peuplé de gens comme Randi Stimmons, John Dalton, Sarah Kneeland Whiteside, Quatre-vingt-deux, et vous, vous tous qui languissez après ce qui vous fait défaut, ce que vous avez perdu quelque part, sur le chemin qui vous a menés à aujourd'hui, le jour où Dean Covin s'avance parmi vous en traînant la jambe, pose sur vous un oeil empreint de douceur et de bonté, mais incontrôlable, vous tend une main agitée de spasmes, sachant, malgré ses blessures, ou peut-être à cause d'elles, qu'être un homme, un homme accompli, c'est faire en permanence l'expérience du manque.".
Au-delà de ces hommes en devenir, toutes ces nouvelles mettent également en scène la mort à un moment donné et c'est un aspect qui m'a parfois gênée au cours de ma lecture tant l'auteur ne fait pas dans la dentelle pour l'évoquer.
Bruce Machart n'épargne rien à son lecteur des circonstances de la naissance d'un enfant mort-né, du traitement pour soigner des patients gravement brûlés, d'une agression pour vol, d'un animal ou d'un enfant percuté par une voiture.
La mort est omniprésente et peut surgir à n'importe quel moment, le côté cru dans l'écriture peut mettre mal à l'aise, ce qui m'est arrivé parfois au cours de ma lecture et surtout dans la nouvelle "La seule chose agréable que j'ai entendue".
Tous les récits sont également fortement ancrés dans le terroir américain, particulièrement dans les états du Sud et l'écriture de Bruce Machart est très évocatrice et entraîne le lecteur avec elle.
Quant à son style, il est tout simplement éblouissant et m'a bluffée du début à la fin, il possède une plume absolument magnifique qui fait passer les émotions et insuffle de la vie au récit, la lecture n'en est que plus haletante.
Pour preuve, je me suis à chaque fois très vite attachée aux personnages, ce qui est une chose plutôt rare dans l'univers des nouvelles.
Et le fait que l'auteur s'adresse très souvent au lecteur par le biais de ses personnages et l'utilisation du "vous" suivi d'un verbe n'est sans doute pas non plus étranger à cette forme de vie que contient l'ensemble de l'oeuvre.

"Des hommes en devenir" est un magnifique recueil de nouvelles de Bruce Machart qui signe-là son deuxième roman et possède déjà tout d'un très grand auteur de la littérature américaine, un nom à retenir qui va faire parler de lui dans les années à venir, c'est une certitude; publié par les formidables éditions Gallmeister qui ne m'ont jamais déçue jusqu'à présent et qui possèdent un catalogue passionnant que je vous invite à découvrir.
Tout comme il faut bien entendu se précipiter pour découvrir Bruce Machart.
Lien : http://lemondedemissg.blogsp..
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Faut r'connaître… c'est du brutal ! J'ai connu une Polonaise qu'en prenait au p'tit déjeuner. Faut quand même admettre : c'est plutôt une lecture d'homme…*
Vous aurez peut-être reconnu les répliques d'un film bien connu que j'ai parodiées et qui me sont venues à l'esprit en lisant les premières nouvelles de ce recueil. J'avais sans doute besoin d'une touche d'humour pour mettre un peu de distance entre ce texte et moi !
C'est sombre, très sombre, les hommes sont rudes à la tâche et peu portés sur l'étalage des sentiments, les petits garçons sont sommés d'être durs très tôt aussi, les femmes sont fortes… Si l'ambiance est rude, on a affaire a des personnages qui ne sont pas dépourvus d'humanité, bien au contraire, mais c'est la vie qui ne leur fait pas de cadeaux : des séparations, des morts violentes, des colères homériques, du travail harassant et des litres de bière…
Le style, sans être alambiqué et l'organisation du texte, parfaite, sont vraiment remarquables. Au début, on ne sait pas trop où on va, puis deux détails font sens, puis un autre, et un autre, et tout un monde se dessine en quelques phrases. Bruce Machart est un de ces auteurs qui peuvent en dire beaucoup avec une certaine économie de mots et faire qu'on s'installe dans une nouvelle, qu'on se représente les gens, les lieux et les situations, jusqu'au temps qu'il fait et à l'heure du jour, beaucoup mieux qu'avec une abondance de détails. Je lis assez souvent des nouvelles, mais celle-là sont vraiment dans la catégorie « très au-dessus du panier » !
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Le genre de la nouvelle n'est pas -et de loin- mon genre préféré : court, sans approfondissement, on s'attache aux personnages au moment où tout finit mais Bruce Machart va balayer tous mes préjugés au travers d'un fil conducteur omniprésent et d'une écriture qui frôle le sublime.

La thématique commune est celle des hommes -pas des êtres humains- des moments précis de leur vie où se dégagent toutes les blessures, l'humanité découlant de faits divers qu'ils ont vécu : des fêlures mises au grand jour. L'auteur nous démontre que rien ne peut être parfait et son lecteur perçoit dès lors que la vie peut et doit continuer quoiqu'il arrive.

Au-delà de ces hommes, il y a comme lieu géographique majeur : le Texas qu'on ressent au travers des magnifiques descriptions : odeur, raffineries de pétrole au loin, les couleurs. Cet état est extrêmement important dans ces histoires car il a une incidence sur les métiers et les existences en général des protagonistes. Bruce Machart donne l'image de la vie dure aux Etats-Unis sans aucune concession.

Deux nouvelles m'ont particulièrement plu notamment parce qu'elles sont liées : le Dernier à être resté en Arkansas et Parmi les vivants, au milieu des arbres le lien est l'écorceuse mais c'est surtout que tout semble vrai, les histoires sont plus longues et il y a donc plus de temps pour rentrer dans l'univers, être plus près des personnages permettant à l'écrivain de mettre en exergue toute la qualité de son écriture.

Ce recueil est un avant-goût du Sillage de l'oubli du même auteur, plus particulièrement sur son écriture : d'une poésie rare, très imagée mais aussi très précise. Ce recueil est tel un puzzle ou un tableau, plus on regarde de près moins on en voit c'est en s'écartant, en prenant de la perspective qu'on commence à comprendre où l'auteur voulait nous mener. Ils sont plusieurs mais en même temps qu'un seul homme dans la simplicité et les aléas de la vie...
Lien : http://leatouchbook.blogspot..
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Un recueil de nouvelles réalistes, dures et dramatiques. Portraits d'hommes confrontés aux conséquences de leurs choix ou de leurs actions. Des vies bancales et souffrantes dans une réalité crue, chargée du poids de la responsabilité. Face à un fils, dans une voiture de fonction, dans les bras de sa maîtresse, sous un porche...chacun se retrouve face à lui même, face à l'insécurité de savoir qui l'on est et de ne pouvoir le reprocher à personne sauf à soi-même.
Bruce Machart décrit un univers sans délicatesse, il vous fait mal, vous rempli de la souffrance de ces hommes. Son écriture sans fard est émouvante, puissante, et ne vous laisse pas indifférents.
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L'an dernier, j'avais choisi comme mon livre de l'année 2014 préféré son premier roman, le sillage de l'oubli. Il m'aura fallu du temps pour découvrir ce recueil de nouvelles (10) mais quel plaisir ! Je ne pensais pas retomber à nouveau en amour, comme disent nos cousins québecois. Bruce Machart est une perle rare, un diamant brut de la littérature américaine. Faulkner, Steinbeck .. et aujourd'hui Machart.

Bruce Machart dresse avec Men in the making des portraits d'hommes comme peu de romanciers savent le faire. Des hommes au visage buriné, des hommes qui travaillent en usine, en scierie et en raffinerie, qui roulent en pick-up, passent leurs soirées dans les bars à boire de la bière et refont le monde avec leurs potes. Ces hommes sont souvent des taiseux. On est très loin des cols blancs new-yorkais. Machart décrit un monde qui nous semble déjà lointain, une génération d'hommes dont les repères ont été bousculés avec la perte de leur emploi, le départ de leurs femmes, le décès de leurs enfants. Ici le bonheur n'est presque qu'illusion, il vous est donné mais il vous est toujours repris.

(...)
Ces portraits d'homme sont magnifiques, Machart sait comme personne, dans un style à part, faire ressortir leurs failles, leurs craintes mais aussi leurs espoirs, leurs rêves, leurs fantasmes. Dans ces visages que l'on devine burinés par le soleil brûlant des terres Texanes, chaque ligne du visage est comme une cicatrice en mémoire d'un évènement douloureux. Dans chaque nouvelle, la vie croise la mort. Une arrivée pour un départ. Leur courage, leur résistance sont sans cesse mis à l'épreuve. Ces hommes laissent parfois tomber leur masque et Machart nous laisse effleurer leurs émotions. Chaque homme a sa Gloria, qu'elle soit bavarde, plus mère que femme ou l'inverse, elle met à nu son époux.

suite sur mon blog
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Tim, jeune papa, accompagne sa femme acheter des couches au supermarché. Un acte des plus anodins en soi. Mais qui va s'avérer fatal à son épouse, traînée sur des dizaines de mètres par une voiture dont le conducteur, voulant la dépouiller de son sac à main, l'accroche involontairement à son véhicule et l'entraîne avec lui. Elle n'y survivra pas. Tim, son bébé dans les bras, est le témoin impuissant de ce drame. Il va désormais devoir élever son fils seul, le voir grandir, et se remémorer quotidiennement ce jour funeste.
Difficile d'extraire une nouvelle de ce recueil, car si chacune se suffit à elle-même, à l'image de l'histoire de Tim ci-dessus, réunir ces dix histoires (alors qu'elles ont été originellement publiées dans différentes revues) apporte une cohérence supplémentaire à l'ensemble. le cadre en est systématiquement le Texas, qui apparaît comme un état inhospitalier, à la chaleur accablante, traversé de part en part de conduites et d'exploitations d'hydrocarbures dont les effluves n'épargnent pas ses habitants. Les personnages principaux, toujours des hommes, y exercent des professions rudes : l'un travaille dans une scierie, un autre sur une plate-forme pétrolière, un troisième dans le transport de “déchets” anatomiques humains issus d'actes chirurgicaux.
Mais ce qui caractérise sans conteste ces hommes, plus que leur lieu de vie ou leur travail, c'est le manque, ce qui leur fait défaut (titre de la dernière nouvelle du recueil), car pour Bruce Machart, ce n'est que lorsque l'on connaît la perte d'un être cher que l'on devient enfin homme. Cette perte prend de multiples formes : une mère qui abandonne son foyer, un enfant qui meurt prématurément, une épouse disparue tragiquement, un père mort au combat, une fiancée qui vous abandonne après un accident aux nombreuses séquelles…
Chaque nouvelle vous happe dès les premières phrases pour ne plus vous lâcher. Même une lecture décousue (et je parle d'expérience) ne peut vous faire perdre le fil du récit tant les mots de Machart parviennent à faire écho à notre vécu. Et paradoxalement, la lecture de ces nouvelles, dont certaines évoquent des évènements particulièrement tragiques, se révèle miraculeusement bien plus enthousiasmante que déprimante.
Ce livre démontre une nouvelle fois qu'on peut choisir un ouvrage de l'éditeur Gallmeister “les yeux fermés” et les rouvrir ensuite pour notre plus grand bonheur
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