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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
"Ne reste que la violence" est le dernier tome de la trilogie de Glasgow après "Il faut tuer Lewis Winter" et "Comment tirer sa révérence". On y retrouve, aux nombreux morts près, les mêmes personnages que dans les deux premiers opus que je n'ai malheureusement pas encore eu le temps de lire... Il va vite falloir que je répare cette anomalie d'ailleurs car je ressors conquis par ce livre et cet auteur.

Mais rassurez-vous, point besoin de lire les deux premiers pour comprendre ce dernier épisode. L'auteur fait beaucoup de flashback sur les deux précédents tomes afin justement d'aider le lecteur à ne pas être perdu ou noyé dans les différentes organisations mafieuses. C'est aussi intelligent que lumineux.

Commençons par quelques mots rapides sur l'histoire. L'action se déroule à Glasgow. On retrouve Calum MacLean, tueur à gages, qui suite à un ultime contrat décide de raccrocher. Il ne veut pas devenir un tueur légendaire. Mais est-ce seulement possible? Quand on vit au milieu de truands, peut-on revenir à une vie sociale normale? Peut-on radicalement changer de vie?

"Quel travail fera-t-il ? N'importe quoi qui paie, probablement. Il n'est pas précisément écrasé par les dilemmes moraux quant à la manière de se faire de l'argent. Non, arrête ça tout de suite. Reste à l'écart du banditisme. C'est de l'argent facile, mais aussi une pente savonneuse. Si tu y mets les pieds tu te retourneras vite à la case départ. Tu recommenceras à tuer, à te faire des ennemis et à vivre dans l'isolement. Ton but est de sortir de là. Ce sera un travail légal. de l'argent légal."

Comme on s'en doute facilement, ces employeurs, Jamieson et son bras droit Young, ne l'entendent pas de cette oreille et vont tout faire pour le retrouver.

"Un tueur à gages qui décroche devient bavard"

Ne reste alors que la violence... employée sans vergogne par toutes ces organisations concurrentielles (vente de voitures, drogues, ...) qui ont à leur tête des hommes d'affaires avisés se livrant une guerre sans merci. Cela passera par la famille de Calum (un des enjeux du polar) qui va perdre son frère William.

Avant les ultimes rebondissements, surprises et les grands changements promis par Calum à un de ses futurs ex-partenaires Georges.
Si, tu peux, mais tu n'as qu'une seule chance. Saisis-la, file et abandonne tout. Je dis bien tout. JE vais changer les choses, George. Tu ne dois pas être là quand ça arrivera. Ils penseront que tu m'as aidé. Ils te rendront responsable. Si tu restes, tu es mort.

L'auteur alterne lors des 51 chapitres entre les points de vue de chacun. Il dissèque les pensées ainsi que les faits et gestes de chaque personnage. Il nous fait entrer dans leur tête et exprime ainsi parfaitement leurs calculs, doutes, manipulations, peurs, ... Rien ne nous échappe et on ressent énormément d'émotions. Cette introspection et l'action limpide, réaliste, font de ce dernier tome un grand polar qui se lit quasiment d'une traite et surtout qui ne s'essouffle pas! Je n'ai pas trouvé de longueurs et que peu de clichés, ce qui est rare dans un tel scénario. Petit à petit, la toile se resserre, la tension augmente.

Les points faibles de Calum MacLean - la famille - sont superbement traités et mis en exergue. Comme quoi, on peut être le pire des truands et une personne très sensible, avec des valeurs familiales très fortes. Il portera ainsi le fardeau de la disparition de son frère et fera tout pour le "venger", laver l'affront.

"Qu'est-ce que tu veux que je fasse ? Que j'aille la voir et que je lui dise la vérité ? Hé, maman, devine quoi : je dois quitter la ville parce que j'ai tué un tas de gens ? Quel effet ça lui ferait ?"

"Calum sait comment ça va se passer. William est triste parce que son petit frère s'en va. Qu'il y a des risques. Il ne s'inquiète pas pour lui-même. C'est pour Calum qu'il a peur. Calum est celui qui pourrait se faire tuer pour avoir lâché un homme tel que Peter Jamieson. Mais demain William sera plein d'énergie. Prêt à relever le défi. Prêt à aller voir le faussaire. A jouer son rôle. Cette idée est rassurante. Pouvoir se nourrir de l'enthousiasme de quelqu'un d'autre est un réconfort."

Méthodique, organisé et doté d'un sang-froid à toute épreuve, Calum est un homme dur à très dur.

"Calum ne sait pas pleurer. Il ne connaît pas réellement les émotions. Il ne se rappelle pas ses dernières larmes. Il les remplace par la froideur. Une forme de colère rentrée."

En vrai professionnel, il connait parfaitement les différentes techniques, ce qui lui permettra (ou pas je vous laisse le découvrir) de sortir vivant de cette tragique et désespérée fuite.

"Calum connaît la stratégie mise en place. Faire faire leur travail par le flic. Ils seront trop pris par leur combat contre leurs ennemis pour se soucier de leurs amis."

Ce polar est fascinant. La violence est très forte, on est bien dans un roman noir mais elle est différente. Ici, la pègre assassine au couteau ou à l'agression physique. Il n'y a que très peu de coups de feu. Tout est dans la manipulation, la suggestion, la subtilité. C'est non conventionnel par rapport à ce qu'on a l'habitude de lire.

"Et Fisher sourit. Il peut obtenir une inculpation. N'importe laquelle. Et en effet, il a été manipulé par Calum MacLean. Tous manoeuvrent quelqu'un. Sauf que peut-être, cette fois-ci, c'est au tour de Fischer de gagner."

L'écriture est ciselée, épurée, clinique, à la serpe. La phrase est très souvent courte, sèche, parcimonieuse, parfois sans verbe. L'auteur ne nous livre que l'essentiel, pas de fioritures. Cela offre une lecture très nerveuse, très addictive. Elle vous harponne et vous agrippe dès les premières lignes et ne vous libère qu'en tournant les dernières pages de l'épilogue. Ce dernier laisse d'ailleurs la porte ouverte à une suite, à la plus grande joie du lecteur.

Vous l'aurez compris, "Ne reste que la violence" est un polar abouti, lumineux, fascinant et superbement réussi. Un vrai et gros coup de coeur! Je vous le recommande chaleureusement.

5/5
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Après Il faut tuer Lewis Winter et Comment tirer sa révérence, nous retrouvons dans ce troisième volet de l'oeuvre de l'écossais Malcolm Mackay les mêmes personnages, mis à part ceux (nombreux) qui se sont fait occire dans les deux premiers opus de la série.

Car dans le glauque univers de Malcolm Mackay, nombreux sont les hommes qui tombent. Si la vie humaine n'a pas de valeur, elle a bien un prix. Un prix fixé par les truands protagonistes de l'histoire, qui est lié à ce qu'ils peuvent gagner – ou éviter de perdre – en argent et en pouvoir s'ils font passer de vie à trépas un ami de trente ans ou un concurrent. « Où est mon intérêt ? », cette question est, dans ce milieu, la seule qui mérite d'être posée. Mais après tout, ne les jugeons pas trop hâtivement : ces pratiques, on peut les retrouver aussi dans le milieu des affaires ou du monde politique : vouloir suspendre son adversaire à un croc de boucher ou lui donner un coup de couteau dans le dos (même purement symbolique), ce sont de grands classiques qui ne surprennent plus les citoyens que nous sommes.

Le parallèle est d'autant plus frappant qu'ici les truands se considèrent comme des hommes d'affaires : ils ont des clients, un marché à développer, des concurrents à écraser, du personnel à gérer, des comptables qui leur permettent de trafiquer leur compte. Ils ont simplement des méthodes un tantinet plus expéditives.

Entre Jamieson, Shug et MacArthur, concurrents dans le trafic de drogue et autres activités aussi lucratives qu'illicites, c'est un jeu de billard à trois bandes qui se joue. Coups fourrés, trahisons, faux accords pour tromper l'adversaire ou manipulation de la police pour le faire tomber, tous les coups sont permis s'ils permettent de rester maitre du terrain.

Calum, le tueur à gages de Jamieson, va tenir dans cette partie un rôle essentiel, avec les qualités de méthode, d'organisation et de sang froid qu'on lui connait. Des qualités qui seront mises à rude épreuve quand il va décider de lâcher Jamieson en abandonnant dans la foulée un boulot de tueur qui commence à lui peser. Mais quand on vit avec des prédateurs sans scrupules, est-il possible de revenir vers une sorte de normalité sociale ? de changer radicalement de vie sans risquer de perdre la sienne et surtout celle de sa famille ?

C'est l'enjeu qui est au centre du roman de Mackay. Il parvient à le rendre fort et crédible en nous montrant les « faiblesses » affectives de Calum à travers son attachement pour son grand frère William et pour sa mère. Des faiblesses qui, en temps normal, ne pardonnent pas dans ce métier. Et en effet, quand William, propriétaire d'un garage étranger à la pègre va subir les contrecoups du choix de son frère lorsqu'il veut aider celui-ci à s'enfuir, comment va réagir Calum ? La décision qu'il va prendre est une des surprises du livre.

Un autre personnage du roman va jouer un rôle essentiel dans l'histoire : Young, le bras droit de Jamieson, l'organisateur, le calculateur, le manipulateur. Young, aussi proche de Jamieson qu'on peut l'être avec quelqu'un dans ce milieu, mais dont les qualités peuvent se révéler dangereuses pour celui-ci en cas de coup dur. On le voit, la vie est dure pour les truands, qui ne peuvent se fier à personne, même à leurs proches !

Malcolm Mackay nous propose des personnages d'autant plus intéressants qu'ils sont capables de réfléchir, d'analyser, d'évaluer les rapports de force, de prévoir comment ils peuvent les modifier en leur faveur. Certains (Jamieson, Young) sont des tueurs impitoyables et froids, mais aussi des hommes d'affaires avisés et perspicaces qui ne dépareraient pas dans le cercle fermé des grands patrons de l'industrie ou de la finance.

La fin du roman, si elle apporte quelques réponses aux questions que se pose le lecteur, laisse la porte ouverte à une suite. le jeu n'est pas terminé, il va se poursuivre sous d'autres formes et dans d'autres conditions. Lesquelles ? C'est à Malcolm Mackay de jouer !
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Quel plaisir de retrouver Calum MacLean. Tueur à gage froid, terriblement efficace, qui nous revient dans le dernier tome de la Trilogie qu'il est préférable de lire dans l'ordre ( Lewis Winter puis Comment tirer sa révérence puis ce dernier).
C'est une histoire d'hommes, de mafia écossaise et de guerre de pouvoirs, trahisons et règlements de comptes, de salle de billards enfumée que l'on traverse jusqu'au bureau du Boss et de son bras droit, où le moindre mot de travers peut vous conduire à trépas... Un nectar.
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"Ne reste que la violence" conclut splendidement la trilogie entamée avec "Il faut tuer Lewis Winter" et poursuivie avec "Comment tirer sa révérence". Une fois encore, sans esbroufe, et une efficacité inversement proportionnelle à l'économie du style, Malcom MacKay construit un récit haletant, parcouru d'une tension dramatique constante, que pimentent machinations, trahisons, et manipulations d'un petit monde de truands cyniques, obsédés par le pouvoir et hantés par le paraître de leur puissance. du noir, et du très bon.
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Format de chronique inhabituel cette fois-ci avec deux bouquins que j'ai lus dans la foulée et qui font suite à « Il faut tuer Lewis Winter ». Fallait que j'en sache un peu plus sur la parcours de Callum Mc Lean et j'ai été servi. L'écriture de Malcom Mackay est similaire avec des personnages que l'on suit avec autant de curiosité et avec forcément quelques individus qui viennent s'ajouter au tableau... de chasse. Les amateurs de pétarades vont être déçus puisqu'il doit y avoir moins de coups de feu dans ces deux tomes de la trilogie que dans mon quartier quand le voisin tire sur l'unique taupe qui souffle après une veille de plus d'une heure dans la position de l'épagneul à l'arrêt. On est dans le direct live, pas de fioritures inutiles, ça bourlingue pas trop, par contre ça cogite un max au jour le jour, heure par heure, minute par minute. Ainsi l'auteur s'emploie à dévoiler les pensées de chaque personnage et l'on découvre que les métiers d'assassin ou patron d'une PME (Pègre, Manipulation et Exécution) spécialisée dans la vente de substances illicites sont stressants loin des clichés nanas-grosses bagnoles-glandouille. Ils frisent le burn out les pépères. Ah, le commerce ce n'est pas tous les jours une partie de plaisir surtout quand la concurrence se radine ! Faut s'adapter, revoir son service après vente, mobiliser la force de vente et ne pas omettre de déstabiliser avec vigueur l'ennemi. Alors on a cette sensation bizarre de s'associer à ces professionnels de la dope et du flingue qui-ne-sert-qu'une-fois, de leur coller aux basques et de partager le doux frisson du chef qui signe les ordonnances létales, du sous-chef qui organise le binz et du mec qui exécute les ordres et qui, son contrat réalisé, rentre chez lui comme le citoyen lambda. Wow, un putain de job ! Les gars peuvent s'inscrire à Pôle Emploi s'ils perdent le marché, ils vont trouver du boulot illico avec leurs références en béton, le premier RH un peu filou les embauche sur le champ. On retrouve donc MacLean, MacLeod (seulement dans le premier), Jamieson et Young dans ces deux romans noirs et bien serrés. Malcom MacKay instaure une brutale sobriété et une brutalité pas si sobre - parce que les (quelques) morts s'en souviennent encore et que le Milieu ne fait pas non plus dans la dentelle.

La suite sur : http://bobpolarexpress.over-blog.com/2015/09/retraite-pour-franck-et-retrait-pour-calum.html
Lien : http://bobpolarexpress.over-..
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