Citations sur H.M.S. Ulysses (19)
C'est l'histoire d'un bateau engagé dans une lutte sans merci, chargé de protéger une des lignes vitales du ravitaillement de l'Angleterre contre les attaques sous-marines et aériennes.
C'est aussi l'histoire de plus dangereux des voyages : un convoi vers la Russie.
C'est par dessus tout l'épopée d'un équipage conduit jusqu'à la limite de l'endurance humaine ; la lutte d'une poignée d'hommes contre les éléments et tous les procédés diaboliques de la guerre moderne.
(quatrième de couverture du volume de poche paru en 1973)
...Il n'y avait pas de haine de l'ennemi. La connaissance est le prélude de la haine, et ils ne connaissaient pas l'ennemi. Ils le maudissaient, le respectaient, le craignaient et le tuaient s'ils le pouvaient ; s'ils ne le faisaient pas, ce serait lui qui les tuerait. Les hommes ne se voyaient pas non plus comme se battant pour le roi et le pays ; ils comprenaient la nécessité de la guerre, mais refusaient de camoufler cette nécessité sous un ardent patriotisme simulé ; ils faisaient simplement ce qu'on leur ordonnait, car s'ils ne le faisaient pas, ils seraient collés contre un mur et fusillés. L'amour des parents, oui, il comptait, mais pas beaucoup. Il était naturel de vouloir protéger les siens ; mais c'était là une équation dont la valeur variait avec le facteur de la distance. Il était un peu difficile pour un homme blotti dans la niche couverte de glace de son Oerlikon, au large des rives de l'île aux Ours, de se figurer qu'il protégeait ce cottage couvert de roses, dans les Cotswold... Mais quant au reste, les haines nationales synthétiques et le mythe soigneusement entretenu du roi et du pays, ils ne sont rien lorsque l'homme se trouve à la dernière minute de l'espoir et de la résistance ; car seules les simples émotions humaines fondamentales, les sentiments positifs que sont l'amour, le chagrin, la pitié et la détresse peuvent faire franchir à l'homme cette dernière limite.
(pages 307-308)
Vous ne pouvez comprimer en deux années les changements naturels de vingt siècles : ni l’esprit ni le corps ne sauraient le supporter. On peut l’essayer, évidemment, et l’élasticité et la résistance de l’homme sont telles, qu’il parvient à le tolérer… pour des périodes extrêmement brèves.
Un navire – n’importe lequel – ne peut jamais être meilleur que son équipage. Et l’équipage de l’Ulysses était en train de se détériorer, de se disloquer : le couvercle du volcan était fermé, mais ses grondements ne cessaient jamais.
Il haïssait la guerre. Non parce qu’elle contrecarrait sa passion pour la musique et la littérature, sur lesquelles il était une autorité considérable, pas même parce qu’elle offensait perpétuellement son esthétisme, son sentiment du bien et des convenances. Il la haïssait parce qu’il était profondément religieux, parce qu’il s’affligeait de voir les hommes semblables aux bêtes sauvages de la jungle primitive, parce qu’il considérait la croix de la vie déjà suffisamment pesante sans l’affliction gratuite du supplice mental et physique de la guerre, et surtout parce qu’il tenait la guerre pour la folie sauvage et insensée qu’elle est, pour une démence qui ne règle rien, ne prouve rien…
Tout homme est ce qu’en font son milieu et son hérédité.
Vous savez bien comme il peut être épuisant de s’arc-bouter, même durant quelques heures, sur un pont qui roule et qui tangue ; nos gars l’ont fait pendant des mois ; les tempêtes sont quotidiennes au cours de la traversée de l’Arctique. Je peux vous montrer une douzaine, deux douzaines de vieillards dont pas un n’a plus de vingt ans.
Les paroles, le ton étaient une question, un défi demandant une réponse.
Certaines choses dépassent la connaissance et l’expérience de la majeure partie de l’humanité et appartiennent à un monde que l’imagination ignore.
Quand on lutte pour sa vie, pour conserver le navire à flot… eh bien, on n’a pas beaucoup de temps pour comploter et méditer sur les injustices du sort. L’instinct de conservation est toujours la première loi de la nature…