C'est presque un exercice de style pour moi que de chroniquer un livre que j'ai sollicité dans le cadre du Challenge Netgalley et que je n'ai pas aimé lire. J'aurai dû le savoir : il n'était pas pour moi. La cause n'est pas que je n'aime pas le vin, que je n'y connais quasiment rien – volontairement – non : cela ne m'a jamais empeĉhé d'aimer les romans de
Jean-Pierre Alaux. La cause est plus probablement à chercher dans deux points : la seconde guerre mondiale et les secrets de famille.
Le pluriel s'impose parce que les secrets sont multiples, engendrés les uns par les autres. La mère de Kate, qui a pris ses distances avec sa fille unique, a depuis longtemps pris ses distances avec sa propre famille : c'est avant tout par opportunité si Kate, qui prépare un prestigieux concours, se retrouve à loger chez eux. Puis, une amie de longue date a épousé son cousin Nicolas. Seulement, elle n'ose pas vraiment s'imposer par rapport aux traditions familiales : restons figés dans le passé, c'est tellement mieux. Oui, dans ce roman, il est aussi question de la place des femmes, et parfois, je me dis que certaines mentalités n'ont vraiment pas évolué, y compris chez les femmes elles-mêmes. Ne venez pas me dire : « c'est comme ça et puis c'est tout », le rôle d'une femme n'est pas de s'effacer derrière un homme.
Ce n'est pas que l'on ne se parle pas, dans ces familles, on se contente de communiquer, sans dire réellement, quand la parole n'est pas totalement occultée : on n'ose pas parler à l'oncle Philippe, et quand celui-ci prend la parole, c'est pour interdire de remuer le passé.
Le passé, c'est la seconde guerre mondiale, et ce n'est pas à moi, née en Normandie, que l'on m'apprendra que les souvenirs sont encore vivants, cuisants. le passé se matérialise dans chaque chapitre par de larges extraits du journal intime d'Hélène, la grande-tante dont personne ne parle. Elle n'est qu'une demi-soeur, et sa belle-mère fait passer ses fils avant elle – constat. J'ai presque eu l'impression de lire une réécriture de Cendrillon, avec des demi-frères plus jeunes, dont l'un choisira de se retirer du monde. La guerre a permis de réveiller le meilleur et le pire chez les hommes, dit-on. J'aimerai aussi, de temps en temps, que l'on pense, dans les romans, à tous ceux qui se sont contentés de survivre, pendant toutes ses années, ceux qui se demandaient comment ils allaient réussir à nourrir et à vêtir leurs enfants, bref, cette majorité qui n'était ni résistante ni collabo, juste là, à subir. Oui, je m'égare, je m'égare, je digresse, parce que je n'ai pas aimé l'histoire du passé, même si elle a permis de rencontrer de belles figures de héros. Elle interroge aussi sur l'antisémitisme dans le passé – et Heather, amie de Kate, de se questionner sur ce qui se serait passée si elle avait vécu ses années-là. J'aurai envie de lui répondre que, malheureusement, l'antisémitisme existe toujours, ce petit coin de Bourgogne semble préservé.
A vrai dire, je n'ai pas raffolé du présent non plus. Je n'ai pas vraiment aimé la trajectoire amoureuse et professionnelle de Kate. Je me suis parfois demandé la raison de tous ses non-dits, la lenteur dans la progression de l'intrigue. Je ne déteste pas les romans qui se retrouvent à la croisée des genres, disons que la romance et le roman historique dur et réaliste n'a pas vraiment pris pour moi.
Lien :
https://deslivresetsharon.wo..