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Critique de Baldrico


Vous avez toujours voulu savoir ce qui se passait derrière les moucharabiehs dans une grande ville arabe du début du siècle dernier? Alors le livre de Naguib Mahfouz est fait pour vous. C'est une histoire familiale (pas vraiment une saga), au Caire, pendant la première guerre mondiale et peu après. le père, Ahmed Abd el-Gawwad est un commerçant respecté. La mère, Amina, cloîtrée à la maison comme il se doit, est tout entière à son service et à celui de ses enfants. Cinq enfants, entre vingt-et-un et dix ans. L'aîné, Yacine, né d'un premier mariage, Khadiga la première-née d'Amina, pas très jolie et langue de vipère, Aïsha, jolie comme un coeur, Fahmi, l'étudiant exalté, et le petit Kamal, espiègle et farceur. Tous vivent sous l'autorité tyrannique du père qui veille au strict respect de la tradition. Mais quand vient le soir, il quitte la maison pour passer la soirée avec ses amis, boire du vin, chanter et séduire des femmes, les almées, chanteuses, musiciennes. Une sorte de double vie, qui finit par lui poser quelques problèmes de conscience, surtout vis-à-vis du Tout-puissant, et même s'il est miséricordieux. Tous les enfants à part Kamal sont à l'âge des émois amoureux, qui vont ébranler le cours immuable de la vie dans la maison d'Ahmed Abd el-Gawwad. A l'extérieur de la maison, c'est l'histoire de l'Égypte qui suit son cours. Les Anglais ont gagné la guerre et semblent là pour rester, lorsque éclate le soulèvement de 1919. Naguib Mahfouz raconte tout cela, et bien d'autres choses encore, avec un charme infini. C'est lent, il faut prendre son temps. C'est d'un style classique aussi. Chaque personnage est décrit minutieusement dans ses actes et ses pensées. Mais ils sont rendus à toute leur complexité, avec beaucoup de bienveillance. L'auteur montre aussi comment l'islam imprègne le quotidien, comment il est vécu au jour le jour. C'est une lecture aisée et agréable et c'est surtout une plongée passionnante dans une civilisation qu'on apprend à connaître pour ainsi dire naturellement. Et l'on se dit que L'immeuble Yacoubian d'Alaa El Aswany doit beaucoup à cet illustre prédécesseur, seul prix Nobel de littérature du monde arabe. C'est le premier volume d'une trilogie. Il reste beaucoup à découvrir.
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