Avez-vous la moindre idée de l'angoisse désespérée qui peut étreindre un homme lorsqu'il est assis dans son salon avec son épouse légitime, et que la cérémonie du mariage les a purgés de toute passion et de toute amitié, en sorte qu'il vivent dans la culpabilité et la haine, et très rarement dans l'amour...Et là, devant eux, sur le sol, se trouve le doux produit de leur dégoût mutuel, un gosse braillard, avec de la morve au nez et de ma merde au cul.
Les jours arrivaient où l'ouvrier serait payé moins et obligé de travailler davantage, et pour accomplir un tel miracle, il suffisait d'un gouvernement parlant au nom de l'ouvrier !
Je pense à un soldat qui n'est pas particulièrement porté sur le casse-pipe, qui déteste ses officiers, et qui en a par dessus la tête de la guerre à laquelle il participe. Ça n'empêche qu'il tue quand il le faut, qu'il obéit à ses officiers et qu'il ne déserte pas. Ses idées vont dans un sens , et ses pieds, qui appartiennent à la Société, dans l'autre sens. Ce sont les actes des hommes et non leurs sentiments qui font l'Histoire.
C'est le paradoxe du révolutionnaire : il cherche à créer un monde dans lequel il trouverait intolérable de vivre...
À vrai dire, il se peut que nous nous soyons trompés tout le temps, et que la bourgeoisie ait eu raison. L’homme n’est capable que de fonder des sociétés basées sur les privilèges et l’inégalité…
Mais les conditions qui vous permettent d’écrire un livre sont basées sur l’exploitation continue des trois quarts du monde, et le standard de vie d’un travailleur d’ici dépend du fait que les Chinetoques et les Noirs se passent d’un repas.
Si, il est mon banquier, dit-elle à Hollingsworth, mais c'est un banquier charmant, et bien qu'il souffre de ses investissements, et que la main noire de l'argent étreigne son cœur au milieu de la nuit, il ne peut résister au désir d'être charmant, et il lui faut sans cesse payer des dividendes plus élevées à la bohème et endurer son destin!
L'histoire des vingt dernières années peut être divisée en deux décades : dix ans de crise économique, et dix ans de guerre et de préparation d'une nouvelle guerre...
— J’ai passé les meilleures années de ma vie à éviter précisément des moments comme ceux-ci, dit-il en y mettant des formes. Jadis, la vue d’une maison de banlieue suffisait à me mettre en boule, avec ce sacré soleil de l’après-dîner, les chaumières en toc et tous les papas-mamans avec leurs marmots dans des voitures d’enfants. Pour qui voudrait changer le monde, c’est une obsession. Subjectivement il y a toujours l’appréhension : « C’est comme ça que je vais finir… » Et objectivement, c’est encore pis, car vous comprenez que les millions d’êtres qui connaissent la misère n’aspirent qu’à ça, et que la fraternité des hommes est un monde de berceaux puants… C’est le paradoxe du révolutionnaire : il cherche à créer un monde dans lequel il trouverait intolérable de vivre…
Ainsi les aveugles conduiront les aveugles, et les sourds se lanceront des avertissements les uns aux autres jusqu’à en perdre la voix…