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Pierre Alien (Traducteur)
EAN : 9782246139539
336 pages
Grasset (17/10/2007)
3.47/5   58 notes
Résumé :
Lorsque Norman Mailer fit paraître Un rêve américain (en 1965), il n'avait pas publié de roman depuis dix ans.
Il se contentait de tenir son rôle d'enfant terrible de la littérature américaine, à travers diverses publications et prises de position à la télévision. Aussi ce roman fut-il salué non seulement comme un événement, mais encore comme une oeuvre d'une virtuosité étourdissante. Norman Mailer y raconte l'histoire d'un meurtre falsifié en suicide. Stephe... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Il n'y a que Norman Mailer pour démolir tous les poncifs attachés au mythe du rêve américain : sous sa plume l'Amérique ressemble à l'antichambre du chaos où les individus se débattent contre leurs névroses et leurs angoisses.

Et Stephen Rojack, héros de la guerre 39-45 traumatisé par ce qu'il a vu en fait partie. Revenu à la vie civile, il fait de la politique sans grande ambition, fini par être professeur d'université et s'essaie à la télévision sans grand enthousiasme. Il épouse Déborah, une jeune mondaine riche qui se révélera très vite cruelle et cynique. Les années de mariage se transforment en vague de haine et de rancoeur qui fluent et refluent jusqu'au jour où les morsures pleines de fiel se font plus aigues. Ne pouvant contenir ses pensées fétides et la rage qui en découle, Rojack tue sa femme. Il en éprouve une jouissance libératrice qui le conduit à maquiller le meurtre en suicide.
Seulement cette jouissance est de courte durée… il s'ensuit des jours ressemblant à une descente en enfer.

C'est un roman décapant d'une noirceur extrême où règne de manière continue une tension obsédante, voire hypnotique : on est aveuglé par les lumières blafardes des néons de New York et épuisé par les nuits blanches de Rojack arrosées au whisky. On est sans cesse plongé dans un flot de pensées éclatées qui jaillissent et assaillent Rojack. Il faut reconnaître que l'alcool permet d'expédier toutes les pensées primitives et tous les cadavres décomposés. C'est un récit nerveux où le lecteur a véritablement peu de répit lorsqu'il prend conscience du portrait d'un homme en perdition qui s'engouffre dans les entrailles de la souffrance et de la peur. Mailer ne nous épargne rien, il ne se soucie guère de l'esthétique.
Oui le plaisir de la lecture se mérite ! Il faut adhérer à l'écriture obsessionnelle et à l'imagination sans fard de l'auteur pour se laisser prendre par le pouvoir d'attraction du roman. le plaisir est réel pour tous ceux sont attirés par le subversif, le désenchantement et toute une galerie de personnages torturés qui semblent empruntés aux romans d'Ellroy : des flics tordus, des filles paumées, des mafieux, sans oublier des interrogatoires et des dialogues qui ressemblent tantôt à des matchs de boxe entre esquives et coups directs, tantôt à des parties de poker entre bluff et coups agressifs.
Ça sent la violence, la fureur, le rut, l'alcool, le rance, les vomissures ….ça crache le cynisme depuis le tréfonds des entrailles comme si tout était condamné.
Mais derrières tous ces vices apparents, on décèle toutes les obsessions de l'Amérique : la peur de la mort, des maladies, de la Rédemption et de la guerre éternelle dans laquelle Dieu et le Diable se sont engagés… le mal est si profondément ancré dans ce portrait peu flatteur du pays que l'auteur émet l'hypothèse que le Démon peut un jour éventuellement gagner.

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Pour Mailer, le roman a le pouvoir de « créer des histoires d'un meilleur niveau en ajoutant au réel l'invérifiable et le totalement inventé ».


Mon intuition me dit que chez Mailer, les parties cul relèvent de la plus pure fantasmagorie nombrilesque. Disséquons un peu l'obsession de ce gribouilleur qui, non content de se lancer des fleurs à tout bout de champ, s'étale sur ses frasques sexuelles comme un puceau racontant à ses petits copains sa dernière baise imaginaire.


Pour brouiller les pistes, Norman donne le nom de Stephen Rojack à son personnage librement inspiré de lui-même. Un soir, au cours d'une dispute conjugale, SR menace sa femme, une riche héritière, avant de l'étrangler et de chasser toute vie hors d'elle. Sentant vaguement qu'il a fait une bêtise, il se met à errer à travers les nombreuses pièces de son loft, finissant par entrer dans la chambre de sa bonniche qui était justement en train de s'adonner à une séance de doigtage.


Enfin, un peu d'action, se dit-on avant de découvrir que Mailer parle de la baise comme d'un sacerdoce dédié à sa pure et transcendante gloire, entremêlant ici et là, en plein coeur de l'action, des métaphores qu'il a sans doute récupérées des poèmes d'amour écrits au cours de son adolescence.


SR, profitant de son récent veuvage, interrompt la bonniche dans son agréable séance d'onanisme et, sûr de la puissance enchanteresse de son regard hollywoodien, vient lui planter sa bite tantôt dans l'anus, tantôt dans la chatte. Il est des indécisions existentielles des plus cruelles, et nous nous surprenons à bâiller sur ces entrefaites. de la chatte ou de l'anus, qui gagnera ? le résultat semble des plus incertains et souhaitant préserver le suspens, se retenant de lâcher sa semence au plus vite, ce qui serait une bonne chose de faite, Mailer se met à invoquer tantôt le Diable, tantôt Dieu – le Diable étant évidemment associé au fion, ce qui ne saurait surprendre les catéchumènes zélés. Craignant peut-être que cette allusion divine ne suffise pas, Mailer file la métaphore en invitant les animaux à entrer dans la danse :


« Voici donc comment je lui fis l'amour, une minute ici, une minute là, un voyage pour le Diable et un pour le Seigneur, comme un chien qui abandonne la meute pour capturer lui-même le renard ».


Et la traque n'en finit pas, SR jonglant du vagin à l'anus sans jamais ne faire fausse route une fois, récitant des Pater noster pour se donner de la contenance. Les animaux reviennent de temps à autre, sous des formes sans cesse changeantes, marquant une imagination délirante : « comme un chat pris entre deux fils je sautais de l'un à l'autre, un coup chaque fois, portant les dépouilles et les secrets de l'enfer au Seigneur, rapportant des messages de défaite du ventre désolé, puis je choisis -ah ! mais j'avais le temps de changer- je choisis son vagin. Ce n'était plus un cimetière, un entrepôt, non, plutôt une chapelle désormais, un endroit décent, modeste, aux parois confortables, à l'odeur verte ».


Bien sûr, ce SR se croit génial mais pendant ce temps, sa bonniche doit patienter sagement le temps qu'il termine de réciter ses chapelets – non contente de torcher les chiottes toute la journée, elle doit aussi se faire torcher l'intérieur du cul pendant ses heures de repos. Après dix pages de Diable et de Dieu, de chats, de loups et de renards, l'affaire se conclue et, tout en soupirant de soulagement, la bonniche déclare : « Mr. Rojack, […] je ne comprends pas pourquoi vous avez des ennuis avec votre femme. Vous êtes un véritable génie ». Espérait-elle une augmentation ? SR serait assez imbu de lui-même pour croire qu'un paiement en nature lui suffirait. Encore une bonniche qui n'a rien compris à la vie.


Quelque peu apaisé, SR retourne dans la piaule où git sa femme. Il se passe encore quelques petites affaires et la meuf finit écrasée sur le béton, sous la fenêtre de sa chambre, dix étages plus bas. Les inspecteurs arrivent pour l'interrogatoire. SR pense leur avoir retourné le cerveau, à défaut d'avoir pu les baiser eux aussi. Que de stress. Tout chamboulé, SR décide d'aller traîner sa nuit blanche dans un boui-boui musical où il retrouve sur scène une certaine Cherry qu'il devait déjà connaître au sens chrétien du terme, nous supposons. Et c'est reparti mon kiki. SR élimine du regard quatre jouvenceaux qui tournoyaient autour de la juteuse Cherry avant d'embarquer son butin pour lui faire la fête. Dieu a désormais disparu. Nous partons pour une promenade en forêt dans la brume :


« J'entrai en elle de nouveau, ce fut comme se plonger dans l'eau chaude un jour glacé d'hiver, et nos désirs s'étaient rejoints comme des yeux qui ne se quittent plus du regard, nos désirs enfin unis dans l'égalité commencèrent à laisser couler leurs larmes, à s'attendrir dans cette lumière qu'étouffe la volonté pour ne pas pleurer, fer contre fer jusqu'à vibrer dans un brouillard de rosée, être essuyés puis mouillés à nouveau. Je traversais une grotte aux étranges lumières, sombres, comme des lanternes de couleur qui auraient brûlé sous la mer, frémissant reflet de flèches ornées de pierreries, la cité de rêve qui m'était apparue pendant que Deborah agonisait contre mon bras serré, et une voix me demanda si bas que j'entendis à peine, une voix comme un murmure d'enfant apporté par le vent : « Veux-tu d'elle ? Veux-tu vraiment d'elle, veux-tu enfin savoir ce qu'est l'amour ? » »


C'est vrai, c'est une excellente question. Personnellement, je n'ai plus du tout envie de savoir. Après ça, le mec de Cherry se ramène dans la piaule. C'est un black, il doit en avoir une grosse. Pas de problème, SR le remet à sa place – c'est pas la taille qui compte. D'ailleurs, Cherry profite de cette nouvelle victoire pour lui glisser, au coin d'une oreille pendante d'infatuation : « Alors écoute, Stephen, je vais te le dire. Avec toi, c'est arrivé. J'ai eu un orgasme. Je n'y étais jamais arrivée. Console-toi avec ça ». Aaaah ! et moi j'ai eu un orgasme de la connerie de la bite ! Toutes les femmes racontent ça à leur mec pour les tenir par la main des couilles, c'est de bonne guerre.


Allez, moi je vais aller me faire littérairement sauter par Bukowski maintenant. Lui au moins c'est un bon coup.Tchao.
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Je crois que j'ai compris. Un rêve américain. Un-Rêve-Américain.
"Comme je reposais le savon, je sentis son poids vivant dans ma paume, puis j'entendis un léger bruit mou quand il rencontra la céramique. J'aurais contemplé ce bruit pendant une heure entière. de même avec la chemise. Quelque chose était en train de me démontrer que je n'avais jamais compris la nature d'une chemise."
Contempler un bruit. Comprendre la nature d'une chemise. Il ne fallait pourtant pas chercher trop loin : eh, c'est écrit dans le titre ! le mec rêve, et ça se passe en Amérique, c'est donc un rêve américain. Comme l'Etranger, de Camus, qui ne se passe pas en Amérique mais raconte un peu le même genre de rêve : le mec dort dans la journée, il rêve, il a trop chaud, la lumière du soleil par la fenêtre lui pourrit les paupières, il est fatigué, il tue un gars, passe en procès, va être exécuté... Et s'il est étranger à tout ça, c'est juste que c'est un rêve et qu'il se réveillera crevé, sans doute, en sueur, sans doute, mais soulagé de garder la tête sur les épaules.
Comme le film Duel de Spielberg. Un cauchemar. On ne voit jamais le conducteur du camion. On frôle la mort mais elle n'arrive jamais. On veut fuir mais la voiture ralentit. On ne comprend pas pourquoi le gars fait ça. Mais au moment du clash final on se réveille et tout s'apaise.
Un rêve, un mauvais rêve, un cauchemar : avec cet angle, les trois oeuvres prennent tout leur sens.
Intéressant, ya pas. Bon, je reprends ma lecture. D'un oeil neuf.
Les enfants, cette révélation change tout.
Un régal.
L'homérique, la dantesque scène de cul de la page 60, tout s'explique soudain et du coup, se savoure. Je pensais au début : c'est de la haute littérature mais qui se la pète un peu, avec ses facilités lyrico-glauques, et surtout ses vagues surréalistes un rien faciles. La terre est bleue comme une orange, d'autres l'ont fait avant, même moi je peux le faire…
Je ne le juge plus comme ça, à présent que je "sais". Comme pour l'Etranger, le léger agacement que je ressentais s'est évaporé suite à cette découverte. C'est du grand art qui nous retranscrit l'étrange atmosphère des rêves, c'est très fort. Tout hante ce héros durant les 36 heures que dure "l'action". L'épuisement, notamment. On est crevé pour lui. "Dormir, mourir, juste dormir" comme dirait un héros shakespearien. Tout le hante, l'appel du vide, l'enfant à faire ou non, la jalousie en coups de poignard passagers, l'infinie tendresse mais qu'il s'empresse de refuser, l'alcool qui dissout ses veines et son cerveau, la possibilité d'un amour, l'envie de dormir, la rédemption impossible, les regards en coin des policiers, le parapluie de Shago…
Et ça pue. Il insiste beaucoup sur les odeurs, ça ne peut que toucher la parfumista que je suis, auteur notamment du topic "Fleur de calbute" qui répertorie avec toutes les stars de BT les odeurs trouduculières, animales, faunes, orgasmiques, ondiniques ou pédestres, transpirantes et autres fêtes du slip qu'on retrouve dans les parfums qui osent. Car il évoque les odeurs de mort, d'excréments, de charogne, de stupre, d'égout… Et puis la sueur et la tambouille en odeurs émanant des flics qui le serrent (de près, à nous faire suffoquer, nous aussi). Son nez lui raconte quantité de choses, il y a rarement des odeurs dans les rêves, lui en fait presque des personnages intervenant dans son délire semi-cauchemardesque. Pour ajouter une grosse couche à l'oppression qu'il ressent. Mourir, juste dormir. Ou vivre. Un vrai Hamlet, ce Rojack.
Norman Mailer a un jour attaqué sa femme avec un couteau, ce geste est resté dans son bras, dans sa plume. La guerre aussi a frappé, images qui s'incrustent et ne veulent pas partir. Tant de tourmente.
Et puis j'ai lu quelques indices semés qu'un autre évènement a peut-être ajouté une couche à son mauvais rêve. Très curieux :
Pour commencer le livre, une première phrase qui est venue me cueillir, moi qui sortais de trois millions de bouquins sur les Kennedy et ne m'attendais pas à les retrouver ici : "Je rencontrai Jack Kennedy en Novembre 46. Héros de guerre, tous les deux, et nouveaux élus au Congrès". Il évoque Jack un peu plus tard, sans que ça ait vraiment de rapport avec ce qu'il raconte. Vers la fin du livre, c'est le père qui reçoit un appel de Jack. Et en toute dernière page, quand le héros trouve une cabine téléphonique et appelle, on lui répond "Alors, hello chéri, je pensais que tu n'appellerais plus. C'est plutôt calme en ce moment, et les filles sont très bien. Marilyn te dit hello. On s'entend bien, c'est bizarre, car les filles ne pigent jamais." Ca n'a aucun rapport avec l'histoire et il appelle une femme, pourtant ça pourrait être un commentaire amusé de Jack Kennedy à un vieux copain, à propos de toutes ses maîtresses, dont Marilyn qui avait d'intéressantes discussions avec lui… le livre finit six lignes plus bas. Et on voit après le point final de l'étrange rêve, comme une lettre datée : "Provincetown, New York - Septembre 1963 - Octobre 1964".
Kennedy s'est fait assassiner en novembre 1963, deux mois après que Mailer a commencé son roman. La gifle a été terrible pour toute l'Amérique, et même pour la terre entière, je veux bien imaginer que quand on a côtoyé ce charmant garçon au sourire éclatant et à l'aisance irlandaise, irrésistible, timide, attachant, qu'on a suivi de près son parcours jusqu'à la présidence, et qu'on apprend comme tout le monde sa mort, il y a de quoi gamberger douloureusement dans ces ondes morbides, à essayer de digérer l'indigeste réalité.
En 1974 et en 1980 Norman Mailer écrit deux livres sur Marilyn Monroe. En 1995 il écrit la biographie de Lee Harvey Oswald, réputé être l'assassin de Kennedy. Que l'ombre du jeune et beau président, compagnon jadis de beuveries et de drague, vienne aussi hanter ce rêve américain, ça tombe presque sous le sens… Et tiens maintenant que j'y pense, le héros s'appelle Rojack. Raw-Jack.
J'adooooore ce genre de mystère.
Presque envie de me replonger dans cette épuisante aventure onirique, pour y déceler des choses que j'aurais ratées…

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J ai lu ce livre et sa lecture ne peut laisser indifferent tellement une violence sous differentes formes ,des fois sourdes, est la ,presente, poignante.Un homme detruit interieurement et traumatise; Une femme pleine de fiel,cynique ,cruelle et haineuse. Avec tous ces tares entre les epoux, il faut s attendre a tout! Et ce qui devrait venir est arrive :le meurtre deguise alors que l entourage immediat savait ou pressentait que ce n etait pas le cas ! Mais, il faut sauver les apparences: quel cynisme,quelle violence dans cette societe americaine NEVROSEE
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Stephen Rojack est un gros c**. Dès le début du roman, l'auteur n'y va pas par quatre chemins ! de but en blanc, comme ça sans prévenir, il nous donne dans le meurtre, l'humiliation, le suicide, le sexe et la sauvagerie. J'aurais pu lâcher le roman aussitôt, mais comme il s'agit de Norman Mailer, chaque mot pèse son poids, chaque mot a son importance, chaque phrase chez Mailer est un vers de poésie.

Avec une force et une vérité dans sa plume, l'auteur a la capacité de révéler la poussière sous le vernis, la fêlure sous le placo, la fissure au plafond, bref, c'est un auteur qui livre une oeuvre absolument magistrale.

Stephen Rojack, pur produit américain, donc, tue sa femme, fait passer la chose pour un suicide... Cela aurait pu passer comme une lettre à la poste, mais les flics de là-bas, ce genre d'histoire, ils connaissent... Cependant, Stephen Rojack a des amis qui lui veulent du bien (ou pas), des amis puissants.... sauf que, Rojack aura du mal à vivre avec ce secret, ce meurtre.

A travers cette histoire étrange, absurde parfois même, Norman Mailer nous entraîne dans les bas-fonds, les détours les plus sombres de l'Amérique, dans les rues les plus sales, les arrière-salles les plus obscures et les appartements les plus lugubres. A travers le récit d'un raté, Mailer délivre un portrait grinçant et glacial des Etats-Unis d'Amérique, entre corruption, pouvoir, sexe, argent et culture de la consommation, et puis surtout les problèmes de moeurs, la religion, cette religion qui entrave, et enfin le racisme, qui s'insinue dans les veines de chacun... L'Amérique dans toute sa splendeur ?

Un roman coup de poing, un roman qui brise des miroirs, qui vous emporte dans de très belles envolées lyriques et poétiques, en bref, j'ai été estomaquée !
Lien : http://www.unefrancaisedansl..
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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Voici donc comment je lui fis l’amour, une minute ici, une minute là, un voyage pour le Diable et un pour le Seigneur, comme un chien qui abandonne la meute pour capturer lui-même le renard. […]
Ses yeux brillaient d’une rare gourmandise, le plaisir était dans sa bouche, elle était heureuse. J’étais prêt à poursuivre, gavé, prêt à lancer le premier jet au bord du choix, comme un chat pris entre deux fils je sautais de l’un à l’autre, un coup chaque fois, portant les dépouilles et les secrets de l’enfer au Seigneur, rapportant des messages de défaite du ventre désolé, puis je choisis -ah ! mais j’avais le temps de changer- je choisis son vagin. Ce n’était plus un cimetière, un entrepôt, non, plutôt une chapelle désormais, un endroit décent, modeste, aux parois confortables, à l’odeur verte. Il y avait là une douceur étouffée, respectueuse, entre des murs de pierre. « Voilà ce que sera la prison pour toi », dit ma voix intérieure dans un dernier effort. « Reste là ! » me dit une autre voix. Je pouvais sentir la cuisine du diable dont les feux traversaient le plancher, j’attendais que la chaleur me parvienne, monte des caves inférieures pour apporter l’alcool, la chaleur et les langues agiles, j’étais au bord d’un choix qui me lancerait sur un vent ou sur l’autre, il fallait me donner, je ne pouvais me retenir, et il y eut une explosion, furieuse, traîtresse et brûlante comme les portes d’un slalom glacé et la vitesse de mes talons dépassa ma tête, je connus une de ces fractions de seconde où s’envolent les sens et à cet instant même le désir me saisit et me fit sortir et je m’enfonçai dans son cul pour jaillir comme si j’avais été lancé au travers de la chambre. Elle eut un cri de rage. Sa jouissance dut prendre un tournant féroce. Les yeux fermés, je pouvais sentir des eaux basses et stagnantes, autour d’un tronc d’arbre mort dans un étang la nuit.
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J’entrai en elle de nouveau, ce fut comme se plonger dans l’eau chaude un jour glacé d’hiver, et nos désirs s’étaient rejoints comme des yeux qui e se quittent plus du regard, nos désirs enfin unis dans l’égalité commencèrent à laisser couler leurs larmes, à s’attendrir dans cette lumière qu’étouffe la volonté pour ne pas pleurer, fer contre fer jusqu’à vibrer dans un brouillard de rosée, être essuyés puis mouillés à nouveau. Je traversais une grotte aux étranges lumières, sombres, comme des lanternes de couleur qui auraient brûlé sous la mer, frémissant reflet de flèches ornées de pierreries, la cité de rêve qui m’était apparue pendant que Deborah agonisait contre mon bras serré, et une voix me demanda si bas que j’entendis à peine, une voix comme un murmure d’enfant apporté par le vent : « Veux-tu d’elle ? Veux-tu vraiment d’elle, veux-tu enfin savoir ce qu’est l’amour ? »
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« Ja ». Elle secoua la tête. « Non, non, dit-elle encore. Ja, ne t’arrête pas, ja. » Enculer une nazi me procurait un plaisir très particulier, il y avait là quelque chose de propre -je me sentais glisser dans un air pur au-dessus des rustauds de Luther, elle était libre et relâchée, très libre et très détendue, comme si après tout c’était pour elle un acte naturel : une foule de magnifiques cadeaux monta de l’enfer jusqu’à moi, le mensonge, la fourberie, une âpreté tendue tout entière vers le vol, l’astuce à rouler les autorités.
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Je pense parfois que ma carte de la Guilde des Intellectuels ne m’empêche pas de glisser peu à peu vers la horde des médiocres et des cinglés, ceux qui se fient à la sagesse populaire et aux coïncidences. La seule différence entre le Président et moi tient peut-être à ce que j’ai fini par accorder trop d’importance à la lune.
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Deborah avait planté ses griffes en moi, elle les avait plantées huit ans plus tôt et elles s’étaient multipliées. Vivre avec elle faisait de moi un meurtrier, vouloir m’en séparer fit venir le suicide.

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