- T'es vraiment belle, tu sais.
- Tais-toi ! Tu vois bien que çà sert à rien que tu me le dises.
- Oui mais il faut vraiment que tu le saches.
- Ta gueule RJ ! On dirait que tu remontes le moral d'une pauvre femme qui n'en a plus que pour quelques heures.
On a deux vies… La deuxième commence quand on prend conscience qu’on en a qu’une.
Il me scanne en pensant à la Monroe. Il remonte le long de ses courbes douées pour infliger du désir, son décolleté pigeonnant et si ambitieux, sa bouche aux vingt nuances de rouge, ses yeux plus lumineux que la lumière et plus sombres que la pénombre et rendant l’air autour autant irrespirable qu’exceptionnel, ses cheveux décapés au peroxyde d’hydrogène.
Je vis dans le mensonge, la reine de la dissimulation, je te cache tout, la vraie couleur de mon âme, mon odeur quand je mouille, ma bouche aimante, ma vie nébuleuse. Et toi, tu fais comme si tu savais, comprenais… Tu te cognes à mon opacité. Tu m’aimes mollement et tu me hais tièdement.
Arrête de me fixer comme un douanier. Fouille au corps, aux yeux… baisse le regard.
J'ai regardé Walken me pilonner avec son rictus de serial killer attendrissant, ces cils permanentés pour navet SF, ses mèches de pédale...
On ne construit pas sa vie avec tout le monde
Quand la fausse vie prend des allures de vraie vie et nous, on devient un fond sonore rassurant ou exaspérant selon les moments. Finalement, je suis aussi une addiction. Ta plus grande addiction, qui sait ! Ton addiction à ton envie de vivre autre chose. L’autre chose est interchangeable, pas moi.
Ma vie d’actrice est une interminable errance dans le Palais des Glaces.
Une femme se résume-t-elle à ses hommes ? Ma liste est longue, prestigieuse, immonde, ravageuse.
Ma vie a été une chasse et c’est moi qui me suis tuée. J’ai tout laissé dans la bataille. Mon mètre cinquante-deux dans sa peau diaphane, mes yeux éblouis, fatigués par les spots, cernés par les insomnies, déchiquetés par les superlatifs, mon cul minimaliste sur les tapis rouges, ma taille de guêpe sans dard, ma moue paradoxalement sage, mes manucures soignées, puis rongées qui tracent des pointillés de dope, mon insouciance dans des rasades de gin, mes pommettes dans des shots de vodka, les caresses épisodiques des barbituriques…