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3,45

sur 85 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un texte élégant pour raconter la puissance interdite des filles, plus tard des femmes. le thème, je le sais, en choquerait plus d'un dans mon entourage car il s'agit d'écrire le désir sexuel d'une fille de 13 ans.

Choquée moi je ne le suis pas. Je trouve, au contraire, que le thème, et la façon de l'aborder, est la force de ce récit. Il est dans sa capacité à ébranler le regard que la société porte sur ses filles qu'elle entend soumettre via la maîtrise du corps et du désir.

Aux jeunes filles, je ne vous apprends rien, on apprend à ne pas désirer. En tout cas, à ne pas l'avouer. On apprend à avoir peur de la sexualité que l'on considère comme une salissure, une honte, une indignité. Une fille qui désire est, dans l'imaginaire, une pute. Or, je tends, comme l'autrice ici, à considérer qu'une femme qui assume ses désirs est une femme forte car capable de passer outre l'opprobre sociale, capable d'imposer son désir face au désir masculin, capable d'être pleinement sujet et non plus objet.

Y'a-t-il de la liberté dans le désir ou l'assouvissement du désir, me demandera-t-on ? Je dirais que non. Mais la liberté de la femme, ici, n'est pas dans l'assouvissement du désir (elle y est soumise au même titre que l'homme); elle est dans son acceptation, son affirmation. Une femme qui affirme son désir sexuel est une femme qui EST.

Et ETRE est un combat permanent pour les femmes qui doivent surtout PARAITRE.
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Elles ont treize ans, elles sont dans une école catholique, pas si mixte que ça et bien sûr, elles n'ont qu'une idée en tête : les garçons. Comment leur parler, que faire avec eux, comment le faire... Autant de questions qui brulent les pensées de la narratrice.
En quête de réponses et d'expérience, elle passe d'une confidente à une autre, se confie, fait confiance, puis change d'amie, se confie à nouveau, refait confiance. Elle teste, expérimente, recule rarement.

Le style est cru, sec, brusque, à l'image de l'état d'esprit de cette "fille de treize ans" bien loin de l'image de vestale véhiculée par nombre de romans.
Joy Majdalani signe un roman d'initiation incandescent sur l'adolescence et l'éveil des sens mais aussi sur la perception de soi au travers du désir des hommes.
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« le goût des garçons » n'est pas forcément le type de livres vers lequel je serais naturellement allé. Pour autant, je ne regrette pas du tout de l'avoir découvert. le roman est porté par une héroïne touchante qui va découvrir la puberté et le passage de l'enfance vers la féminité, des premiers émois à la découverte des garçons et du plaisir. Dans une société des années 2000 (avec l'essor des discussions MSN) où chacune doit rester à sa place, même celles qui paraissent les plus dévergondées, la narratrice va refuser de demeurer dans ce carcan dans lequel elle est assignée et y gagner le qualificatif de « pute ». Car face à un désir masculin normal qu'il convient de savoir apaiser et dompter, la féminité est niée, invisibilisée. Mais en contrepartie, elle y gagnera une liberté assumée et revendiquée. La plume de Joy Madjalani est superbe et retranscrit magnifiquement les tourments, les questionnements et les réflexions de son héroïne avec laquelle le lecteur se laisse totalement emporter.
Lien : https://mangeurdelivres.word..
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Chronique vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=0gBhttXGJrA

De quoi parle le goût des garçons ? Il s'agira de suivre quelques mois dans la vie d'une jeune fille de treize ans, tiraillée par ses premiers désirs, dans un pays, possiblement le Liban (mais qui pourrait se situer n'importe où pour les double standard qu'il impose aux femmes). Entre les religieuses de son école, les filles jalouses, les parents inquiets ou médisants, cet éveil sera pour elle une quête d'identité et d'indépendance.

Au début, les filles de la classe sont décrites de manière assez animale, classées selon la couleur de leur pilosité, de leur pelage dixit l'autrice, et c'est pertinent, je trouve de parler du début de la puberté comme d'une entrée dans la bestialité, dans l'étrange, dans une sorte de freak-show où l'on se sent différent, parfois même monstrueux, ou en tout cas, anormal. C'est bien de ne pas euphémiser cette période qui peut être brutale, et qu'on a tendance à passer sous silence, comme les marketeux qui bleuissent le sang des règles et rasent des jambes imberbes, inscrivant dans l'esprit des jeunes filles qu'elles sont hors-normes ou sale.

Ce qui est intéressant aussi, c'est l'héritage maternel qui rôde autour de ces filles comme un rapace, et leur inculque un tas de valeurs morales, dont le slutshaming (qui est le fait de dénoncer la sexualité ou l'attitude soi-disant aguicheuse des autres femmes) me parait le meilleur exemple. Sous couvert de protection, voire d'initiation au monde des adultes, on balise le leur, avec des tas d'injonctions étouffantes. On perpétue finalement le patriarcat, car c'est surtout aux hommes que profitent ces règles. La sexualité des femmes produit le même effet d'attraction répulsion que la mort, il y a ce même danger séduisant, qui bien entendu ne peut qu'attirer les adolescentes qui veulent s'individualiser et grandir.

Il y a la cruauté aussi, cruauté entre deux mondes, franchise de l'enfance, polie par le ressentiment des adultes. Les filles se jaugent, se condamnent, peut-être un moyen de se situer aussi, de se donner une valeur, savoir où elles se trouvent dans cette frise de l'âge ingrat. Et puis l'innocence. L'autrice Florence Dalbes dit qu'il y a de la cruauté dans l'innocence. L'innocence, c'est aussi ne pas savoir le mal. Que ce soit dans ce besoin de rabaisser les autres, dans cet attrait des distinctions de classe, dans cet appétit mal maitrisé car nié au lieu d'être expliqué, le roman dérange car il tend un miroir cassé du monde des adultes. On voit les monstres que ça crée, ceux qui ânonnent la recherche des bonnes écoles pour leur soupirants, qui se moquent de la graisse de l'amie. Ces monstres, c'est le retour du refoulé des mères et des pères, du monde des adultes. On le voit encore plus dans la manière dont l'éducation sexuelle est transmise, à base d'interventions menaçantes, de vidéos et d'images d'avortements, bref, de peur plus que de savoir.

En ce sens, il me fait penser à l'essai de Leila Slimani sur le sexe au Maroc, comment l'interdit et la religion au lieu d'atténuer le désir le rend obsessionnel, comment aussi les choses sont tolérées si elles sont cachées. En effet, les filles qu'envie la narratrice « ont le goût des transgressions silencieuses et jouissent plus fort derrière les portes closes. » Et la précocité de la narratrice peut aller dans ce sens, dans une envie de révéler l'hypocrisie de cette société, un geste politique.

Le livre sous forme de confessions peut reprendre ironiquement la littérature du XVIIIème siècle. Il y a un petit air des Liaisons dangereuses dans cette apprentissage de l'amour et de ses stratégies. Même si le récit est sous forme de roman, l'absence de nom de l'héroïne peut nous faire supposer des traces autobiographiques. Les années 2000, avec la mode des strings, les balbutiements d'internet, donne une teneur générationnelle à ce livre. Difficile de ne pas se reconnaitre. Et encore une fois de chercher à se situer, même adulte. C'est une critique qui revient sur babélio, celui de se comparer soi-même au même âge, ce qui est assez drôle, car ça va dans le sens du livre. La voix du roman, celle de parler de cette trivialité avec ce style un peu maniéré donne une vraie originalité au tout, et un vrai second degré. Comme si l'adulte qui écrit prend au mot ce que l'adolescente de son souvenir lui dit. Cette manière grandiloquente de se raconter, de se créer. Comme ces poses hasardeuses qu'elle prend, les phrases prennent la forme de ces angles impossibles. Bref, un roman à découvrir !


Lien : https://www.youtube.com/watc..
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L'histoire se déroule au sein d'un collège catholique de filles (et quelques garçons) au Liban.
L'objectif de notre narratrice de 13 ans est de faire partie du groupe des filles populaires, celles qui parlent français et dont l'accent arabe ne s'écoutent pas, celles qui ont de l'argent, celles qui sont belles et connaissent les garçons. Notre narratrice se compare aux autres collégiennes, nous parle de son corps qui se métamorphose et des difficultés qui en découle, l'épilation…..mais aussi du corps pouvant susciter le désir des garçons. Nous la suivons aux grés des disputes entre copines, des rencontres, lors de son premier baiser, lors de sa découverte du désir…..

L'auteure nous raconte avec talent l'adolescence et la naissance du désir féminin, l'acceptation de son corps, j'ai beaucoup aimé l'écriture.
Le seul bémol, l'âge me semble (peut-être naïvement) trop tôt, notamment en terme de vocabulaire.
Je vais suivre Joy Majdalani !
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