Citations sur Voyage d'un Européen à travers le XXe siècle (24)
Aux États-Unis, les secteurs relevant le plus évidemment de la compétence fédérale (défense, politique extérieure) sont clairement et directement gérés par le gouvernement central, alors que dans toutes les autres questions, une grande marge de manœuvre est laissée aux États.
En Europe, c'est exactement le contraire. C'est sur des points de détail qu'ont proliféré les textes, alors que la coopération sur des questions qui sont manifestement du ressort de la Communauté - défense commune ou harmonisation d'une politique étrangère, par exemple - en est, après toutes ces années de vie commune, toujours aux balbutiements.
Et puis, il y a la hantise du citoyen ordinaire : la "bureaucratie de Bruxelles". Contrairement aux allégations fréquemment répandues, ce n'est pas la taille de la machine administrative qui est ici en cause : l'union est dirigée par moins de dix-sept mille fonctionnaires, dont une moitié n'est employée qu'à des tâches de traduction. Une ville de la grandeur d'Amsterdam mobilise à elle seule un corps de fonctionnaires une fois et demi plus nombreux. Le problème tient surtout à l'énorme quantité d'instructions que brasse l'UE - on constate d'ailleurs assez fréquemment que toutes sortes de bureaucrates nationaux tatillons sont bien trop contents de se cacher derrière "l'Europe".
Ce n'est pas par hasard si les frontières actuelles de l'union européenne - abstraction faite du cas de la Suisse, de la Norvège, et de la Grèce- coïncident avec l'aire d'extension du catholicisme au Moyen-Age. Mais qu'en serait-il si l'élargissement de l'UE devait se poursuivre indéfiniment, si l'expansion devenait en quelque sorte une propriété intrinsèque du projet européen ? N'encourons-nous pas la menace d'un "imperial overstrecht" à l'européenne ?
Le rêve européen est à maints égards l'image inversée du rêve américain. Tandis que ce dernier met l'accent sur une croissance matérielle illimitée, sur la fortune privée, et la poursuite des intérêts individuels, le rêve européen s'attache davantage au développement durable, à la qualité de vie et à la promotion du sens collectif.
L'UE a impulsé un mouvement sans équivalent en matière de démocratisation et de droits de l'homme. Dans ce domaine, le Conseil de l'Europe, créé en 1949, a accompli (...) une tâche immense. Sa réussite la plus éclatante réside dans la mise sur pieds de la Cour Européenne des Droits de l'Homme à Strasbourg. Fait unique dans les annales du droit international, les citoyens peuvent directement s'y pourvoir contre l'état dont ils sont ressortissants. (...) L'autorité de la Cour est considérable : ses arrêts sont contraignants pour les États contractants, ils ont des répercussions sur leur jurisprudence, et personne ne risque à les ignorer.
En 1986, le Portugal est devenu, en catastrophe, membre à part entière de la Communauté européenne, l'ensemble des partenaires européens étaient enthousiastes. Ç'a à été pourtant une grosse erreur. Nous aurions tout d'abord du mettre de l'ordre dans nos affaires. Notre pays était trop à la traîne, il n'avait absolument aucune chance face aux membres de la communauté.
Est-il possible de substituer le droit à la force, en tant que principe régulateur des relations internationales ? Et comment le droit peut-il disposer à son tour de la force, pour éviter de se voir réduit à un ensemble de vœux pieux ?
Les premières institutions communautaires européennes ont donc été façonnées par une génération qui avait éprouvé dans sa chair ce que signifiait l'insécurité et l'instabilité à l'échelle internationale, et compris à quel point des notions comme celle de liberté, de civilisation et de législation étaient essentielles. Nous savions ce que voulait dire : le droit comme unique barrière entre nous et le chaos.
Le socialisme n'est possible qu'à l'état d'idée. On ne peut ni l'imposer, ni le diriger.
Le plan Marshall, cette virtuose combinaison d'altruisme et d'égoïsme éclairé.