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Critique de Davjo


Davjo
03 février 2015
Dans son avant-propos de 1978, Léo Malet avertit le lecteur actuel qu'il n'a aucune chance de retrouver le 13è arrondissement tel qu'il est décrit. Les décors ne correspondent plus. D'ailleurs, c'est tout Paris qui est atteint, déclare avec nostalgie l'écrivain dont chaque roman porte sur un arrondissement. 
Ensuite la préface de Francis Lacassin va nous éclairer sur le Foyer végétalien, que le jeune Léo Malet a fréquenté dans les années 20, les anarchistes, Colomer, le feuilleton Léon Daudet et Germaine Berton. 

Plongeons-nous maintenant dans un des polars cultes du roman noir français. Unité de lieu: le Treizième arrondissement de Paris. le Pont de Tolbiac (où se perdent des cadavres), la rue Watt (où on fait de mauvaises rencontres), le 54 rue Bobillot, le métro Austerlitz, la station Arsenal fermée depuis la guerre, la statue Pinel, la rue Nationale et le passage des Hautes-Formes où crèche le chiftir (chiffonnier) Abel Benoît qui se fait appeler aujourd'hui Lenantais, et qui vient de calencher des suites de ses blessures. 

Un peu comme dans 120, rue de la Gare, le mort a eu le temps de rencarder Burma. Cette fois ce n'est pas une phrase dite dans un dernier souffle mais un mot sybillin déposé dans sa boîte aux lettres. Alors Nestor va au rendez-vous. 

 On avance en temps réel:
 « Je pris donc le métro. (...) J'avais reçu au courrier de midi, à mon burlingue de la rue des Petits-Champs, une lettre suffisamment mystérieuse pour éveiller mon intérêt. »
Il décrit les passagers, notamment la belle gitane à jupe de feutrine rouge et au pull over noir qui détonne au-milieu des sales bobèches, ces mirontons avec leurs têtes d'électeurs moyens. Elle le suit ! Ils se parlent ! Elle s'appelle Bélita Moralès. 


On ne déflorera pas le reste de l'intrigue, même si le roman est connu et a été adapté en BD par Tardi en 1982. On y trouve de beaux types humains d'un Paris populaire, décrits avec une économie de langue parfaite. Malgré l'argot, la narration est moderne, ça ne vieillit pas, ça se patine comme un vieux film d'atmosphère. Novembre, sa ouate fuligineuse, ses fléchettes de crachin, est lugubre dans le XIIIè, le vent est cinglant et fait voler les casquettes de l'Armée du Salut, métonymie d'un futur cadavre. 
Pas de RSA à l'époque, les « réfractaires économiques » survivent de petits boulots, d'expédients plus ou moins légaux, les jeunes gitanes sont les souffre-douleurs de leur clan, avec sa matrone, une gravosse, une Miss Mal Embouchée et son dangereux Salvador qui ne demande qu'à vous faire une boutonnière avec sa rapière...
« Son bras se prolongeait d'une rapière à cran d'arrêt. Encore une journée qui commençait bien.»
Polar d'errances et de rencontres, le détective avance dans le brouillard, celui du quartier, un sale quartier dit-il, avec les bruits de la Compagnie de l'air comprimé, celui du mélange entre passé et présent, tout se finit en tristesse...N'ayez peur, braves gens, ça se finit mal pour ceux ont osé défier la morale et l'illégalisme. 

Vocabulaire glané: 

l'esculape = médecin
échanger nos microbes palmaire = serrer la main
un litron de pitchegorne
des loups en peau de lapin = faux-durs
la révolvérisade de Lacorre = descendre au revolver
chiftir = chiffonnier
bouif = cordonnier

Lien : http://killing-ego.blogspot...
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