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Critique de Bazart


Au moment où je m'enthousiasmais sur l'incroyable réussite qu'était le film d'animation jack et la mécanique du coeur, sorti sur nos écrans le 5 février 2014 , un des rares films d'animation que je suis allé voir tout seul sans la marmaille en salles, et lorsque l'an dernier j'ai essayé de le montrer à mes enfants apeurés j'ai compris que j'avais fait le bon choix- j'étais à mille lieux de me douter qu'au lieu de savourer le succès du film en salles, son réalisateur Mathias Malzieu était tout seul dans une chambre stérile d'hôpital en train de lutter corps et âmes contre une la grande faucheuse qui lui voulait sa peau.

En effet, l'artiste était du jour au lendemain victime d'une maladie du sang très rare (« aplasie médullaire ») qui a entraîné la nécessité d'une greffe de moelle osseuse – processus médical particulièrement délicat qui lui impose de se faire transfuser du sang d'autres personnes- d'où le titre de son roman.

La Grande Faucheuse, comme on peut le voir avec la citation mise en exergue en préambule de l'article, Mathias Malzieu a trouvé un joli nom pour l'incarner dans son très beau Journal d'un vampire en pyjama, le récit qu'il a tiré de cette épreuve, c'est cette Dame Oclès qui va tenter à plusieurs reprises de briser d'un coup d'épée l'instinct de survie du chanteur de Dyonisos, mais celui-ci sera toujours désigné vainqueur.


ette Dame Oclès est un choix qui rentre parfaitement dans l'univers Malzieu, toujours grand inconditionnel d'un monde fantasmagorique, peuplé de créatures oniriques et féériques, un univers qui, Jack excepté a pu parfois me laisser sur le bas coté du rationnel que je suis.

Sauf qu'ici, l'univers baroque et fantastique de Malzieu se nourrit parfaitement bien e la dose de noirceur et de réalisme inhérent à ce carnet de bord quotidien d'une maladie, entremêlés des univers fantastiques chers à Monsieur Mathias Malzieu.

Ce cocktail entre poésie et autodérision, deux ingrédients que dose l'auteur à la perfection, ainsi que cette nécessité de raconter cette épreuve médicale particulièrement rude et qui entraine le patient dans des montagnes russes entre espoir et déception, rend la lecture à la fois profondément émouvante et moins lourde que d'autres récits du même genre-comme le "Palladium" de Boris Razon à la fois plus anxiogène et plus surréaliste que ce Vampire en Pyjama, récit d'un combat héroïque malgré lui.

Mais à la lecture ce vampire en pyjama, on pense au très beau livre de Grand Corps Malade, Patients, pour ce journal de bord intime et poétique d'une hospitalisation particulièrement éprouvante.

Un vampire qui nous explique de fort belle manière comment il appréhende son nouveau statut … « Apprendre à faire le con poétiquement dans le cadre austère du couvre-feu que je dois respecter. Doser l'espoir au jour le jour. Transformer l'obscurité en ciel étoilé. Décrocher la lune tous les matins et aller la remettre en place avant la tombée de la nuit. Un vrai boulot de néo-vampire. » … et on aime particulièrement la façon avec laquelle n'importe quel petite chose du quotidien- une infirmière qui dénoue son chignon, une gorgée de coca Light – devient une féérie digne d'un Lewis Carol…

Un Mathias Malzieu, qui à l'instar d'un Philippe Delerm déjanté et onirique, parvient à transcender les petits miracles de la vie, voilà un des nombreux tours de force de ce roman qui confirme, si besoin était, la consécration du chanteur de Dyonisos comme auteur à l'univers particulièrement singulier et touchant.

Un livre à lire de toute urgence et à sang à l'heure…. (Et à ce sujet, une petite surprise vous attend très prochainement, vous les lecteurs fidèles de ce blog, mais chut)..
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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