Suivez la remise du prix de l'essai « Et maintenant ? » avec Sandrine Treiner, Boris Razon et Thierry Damerval PDG de l'Agence nationale de la recherche.
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Tu vois, quand on est comme moi immobile dans un lit, dans un état tel que tu ne sais plus compter les jours, les heures et les minutes, la mémoire est la seule chose qui te reste.
Ce que j'ignorais encore c'est que les nuits et les jours se confondraient désormais et que j'étais encore bien vivant à l'époque. [...] C'était le temps où mon esprit commandait à mon corps, le temps où je n'avais pas rejoint les monstres de foire et les autres secrets de la vie. Mais à compter de ce matin blanc il n'y a plus eu d'alternance, simplement une continuité effrayante, un labyrinthe de douleur où j'allais m'enfoncer chaque minute davantage.
«Immobile, imperturbable, impénétrable, derrière mes yeux paralysés, j'étais devenu le sphinx.»
«Immobile, imperturbable, impénétrable, derrière mes yeux paralysés, j'étais devenu le sphinx.
Tu vois, elle a pris quelques minutes pour se maquiller avant de venir me voir, elle s'est faite belle pour moi. Moi, son homme en train de crever dans un lit. Tu comprends ça ? Tu ne peux pas savoir ce que c'est, une femme comme ça, mon ami.
Est-ce à ce moment-là que ça s'est produit, alors que, hagard, je marchais au milieu des insectes ? Le problème c'est le mystère, il vient tout corrompre. Je cherche la petite bête. Celle, un peu spéciale, qui m'aurait piqué ce jour-là. C'était le 29 mai 2005, le jour du référendum sur la Constitution européenne. Je devais couvrir la soirée électorale. J'étais journaliste, rédacteur en chef d'un site d'information. Tu vois, tu commences à en savoir un peu plus sur moi. Il suffit d'attendre. Je n'ai personne d'autre à qui parler.
Fumer c'est vivre, s'infliger soi-même du mal et en jouir.
On s'aime, on travaille, on a des amis, on s'amuse, on est triste, on est malade, et pour finir on meurt. [...] je voudrais crier me débattre en finir avec ce cauchemar. quelle heure est-il? la nuit le jour.
est-ce que je l'entends respirer?
est-ce qu'il est là?
pourquoi fait-il exprès d'être si discret? ...
(Telment de questionsqui nous en porte dans cette histoire)
Je me souviens aussi des mots de Caroline : « Tu es bizarre, pourquoi est- ce que tu ne me fais pas plus l’amour ? » Je trouvais ça stupide. Elle avait peut- être raison. Maintenant de quoi j’ai l’air dans mon lit à faire l’amour aux souvenirs ? En plus l’un d’eux me trompe, c’est sûr.
Il savait repérer les chefs de meute, les retardataires. Des vantards. Il ne les supportait pas. Ils snappaient à tort et à travers et ignoraient les messages de leurs parents, ne les ouvraient même pas pour mieux envoyer des textos mielleux d’excuse quelques heures plus tard. Ils échangeaient des photos d’eux devant le lycée, affalés sur un banc, devant le tabac, un pétard à la main. Ils ne semblaient pas se lasser de se voir. C’était comme un rituel, la marque de l’existence du groupe, un cri de ralliement. Vincent ne pouvait s’empêcher de les observer par la vitre. Qu’ils avaient l’air cons ! Il les détestait. Sa jalousie d’enfant perçait dans son ventre, le sentiment d’être à l’écart, loin de la vie, des conneries sans conséquences.